Internal Flight

Internal Flight : Jours heureux

Le jour était levé, il était maintenant temps se survoler les quelques kilomètres qui permettaient de sortir de l'épaisse forêt rouge.

Le guitariste prit de nouveaux vêtements dans un tiroir sous le lit parfumé. Il saisit ensuite son baluchon, son couteau, puis il descendit le long escalier jusqu'au rez-de-chaussée. Toujours personne. La pluie frappait les fenêtres de l'auberge et le vent faisait grincer les murs en bois qui soutenaient la bâtisse. Le rôdeur s'en alla dans les branchages de la forêt dense et la lumière de la structure se dissipa dans la brume. Ce n'était plus qu'un point à l'horizon.

Il ne savait trop où aller. Sans boussole, sans outils, impossible de se diriger. Le guitariste avait cependant une idée de l'accès qui pourrait lui permettre de rejoindre le paysage froid et triste où était logé son double maléfique. Un jour, quand il était petit, son père l'avait emmené dans des grottes calcaires naturelles, creusées dans une falaise par l'eau salée.

*

Alors qu'il s'engouffrait dans une cavité étroite, le petit garçon tomba dans une salle souterraine remplie d'eau, de laquelle il mit plus de trois jours à sortir. Depuis ce jour, les grottes étaient sa plus grande peur.

Son double lui faisait peur. Le paysage dans lequel il se développait le terrorisait aussi. Ainsi, en s'engouffrant dans une grotte, sa plus grande peur, il serait sûrement transporté dans le monde de la voix.

*

Pendant qu'il marchait, il repensait aux jours les plus heureux de sa vie : ceux où il l'avait rencontré. Une femme, mystérieuse, cachée derrière une timidité presque enfantine. Elle avait su lui redonner le sourire, elle avait su sécher ses larmes. Et puis elle avait disparu.

Avant d'être cet homme négligé à la barbe et aux cheveux interminables, le rôdeur était un homme soigné, beau, propre, joyeux. Il était épanoui, il était heureux avec elle.

*

Il n'était pas le criminel qu'il est aujourd'hui, la voix n'était pas là. Cette femme avait su combler le manque affectif qu'il éprouvait depuis la mort de sa mère, depuis toujours. De ces années là, il se souvient.

Je me souviens...