J'ai du passer par 3 wagons très esthétiques, tapissés de rouge, éclairés aux chandeliers. Et bien laissez moi vous dire que je jeu en valait la chandelle, car oui c'était un jeu. Un loup ! Je ne courrais pas vite à l'école, c'était toujours moi le loup... ah ! Les voilà ! Frank ouvre la porte en face de moi, étonné que je sache de laquelle il s'agissait. C'était là, derrière cette porte, qu'on prenait mon travail.
Je m'avance calmement, les mains dans mes poches vides, je fais quelque pas en avant, et...
C'est horrible, le sang, les os, la cervelle, un mélange macabre tapisse la chambre. Derrière moi, j'ai l'impression que la mort fuit cet endroit. Enfin, je le supporte. J'ai déjà vu ça dans mon métier. Mais pour un homme ordinaire, cette vision est insoutenable, je le comprend. Ce n'est pas la mort que j'attendais. Je prend une photo de la pauvre tête explosée.
« J ai un coup de fil à passer, je reviens bientôt ».
J'avais remarqué dans le tout dernier wagon, encore plus en arrière que le mien, un petit coin tranquille ou passer un appel : les toilettes collectives. Apparemment ces résidents avaient pris des billets moins cher. Quoi qu'il en soit je ne voulais pas passer l'appel dans ma chambre. Pourquoi : je ne sais pas ; sans doute cela me stresse-t-il ? Non, au contraire : cela me détend ; et j'avais plutôt besoin d'être concentré.
Je prend rapidement mon téléphone dans ma chambre puis me dirige vers mon coin paisible. Je viens de passer la première porte. Face à moi deux autres : « hommes » et « femmes ». Alors ce sera l'option 3 : me voilà dans un coin de cette petite pièce.
C'est bon je suis seul, enfin ! Enfin... pas vraiment. Je l'étais, et puis la voilà qui arrive : je vais devoir passer cet appel dans ma chambre. Je commence à composer le numéro : +33 6 63 7... elle m'a coupé : « excusez-moi ». Bah tiens, ça commence bien. « J'ai vu... quelque chose dans la cabine, monsieur. Je ne vais rien dire mais pouvais vous m'assurer que j'arriverai bien entière à Paris ? »
Réfléchissons. Au bout de quelques secondes j'ai trouvé ma réplique. Je lui montre le manche de mon couteau, et je lui sers mon plus grand sourire accompagné d'une blague de très bon goût : « faites plutôt attention à ne pas finir... en tiers ! ». Pensez ce que vous voulez, mais cette blague, moi, j'en suis particulièrement fier. Elle par contre ne semble pas avoir su apprécier l'ampleur comique de ma phrase : elle était terrifiée. Bon, finalement j'ai quand même passé mon appel et j'ai pu retourner sur la scène de crime.
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Tous après Dédessin
Short StoryUne très courte histoire au cours de laquelle un brave inconnu vengera la mort d'un certain Dédessin, résolvant par la même occasion des problèmes plus personnels ...