Unexpected Love

quarante-et-un

- quoi ? Quoi? Quoi? Réveillon de Noël, tu parles! Tu devras me déraciner de cette chaise si tu veux que je bouge de là !

Anna plaqua une main désolée sur son front, sentant ô combien sa tache serait ardue, vu combien Lewis était butée. Quinze bonnes minutes qu'elles débattaient du même sujet, et bien sur personne ne voulait en découdre. Berçant un Josh somnolent dans ses bras, Lewis écumait presque de rage tant elle était choquée par l'absurde proposition que lui faisait sa sœur.

- Lewis, et si tu te calmais?

- non toi, calme toi, et surtout évite de me mettre sur les nerfs.

- parce que c'est te mettre sur les nerfs que de te demander de permettre à ton fils de passer son premier Noël avec ses grands parents?

- oui. C'est exactement ça ! Il n'est pas question que mon fils, et surtout pas moi posent mes pieds une seconde de plus dans cette maison de malheur !

Anna, se massant les tempes d'exaspération, prit une inspiration profonde, et décida de se calmer. Il fallait adopter une autre approche, si elle voulait arriver à ses fins, et accompagner Lewis ce soir même au réveillon qu'organisait sa belle-mère.

- alors quoi? Tu espères vraiment continuer comme ça ? Fuir? Encore et toujours ? Mais enfin Lewis! Tu as fait un enfant à Kyle. Ce qui, au cas où tu ne l'aurais pas encore compris, signifie que Josh a un père, et des grands-parents dont tu ne peux évidemment pas nier l'existence. Alors que tu le veuilles ou pas, tu vas t'arranger pour m'amener ton postérieur au manoir des Gillian ce soir, ou je ne réponds vraiment plus de rien.

Lewis en avait le bec cloué. Est ce qu'Anna venait vraiment de lui parler comme elle l'avait fait, ou alors c'était le fruit de son imagination? Elle préféra consciencieusement se pencher vers la deuxième option, et penser qu'elle avait rêver.

- tu n'es pas censée être de mon côté toi? Sale traître !

- non. Je suis du côté de la rationalité. Et éventuellement, de celui de Josh. Ne lui fais pas pâtir des conséquences de ton égoïsme veux tu?

Lewis était tout de même sceptique. Quelque chose clochait, c'était évident. Elle arrêta de tourner en rond sur la terrasse de la maison de sa sœur, et la regarda un moment. Ses cheveux peignés toujours avec soin, brillaient d'un éclat certain, secoués par une brise assez bien venue en cet après-midi de décembre. Fidèle à elle même, elle était impeccable dans une robe en mousseline toute blanche. Pourtant elle avait l'air triste, et aussi plus fatiguée que d'habitude. Des traces violacées, qu'on avait tant bien que mal essayées de cacher, se formaient en demi cercles sous ses yeux. Des cernes. Incroyable! Anna, avoir des cernes? Le phénomène en soit était d'une extrême rareté, parce qu'il n'y avait rien qui comptait plus pour sa sœur que ses heures  régulières de sommeil. Alors la voir dans cet état ne fit qu'ajouter à son inquiétude. Il se passait quelque chose et elle n'était pas au courant.

- on peut savoir ce qui t'a fait penser ne, serait-ce qu'une seconde, que tu pouvais me cacher des choses?

La concernée se redressa vivement, alors qu'on l'avait interrompu dans le cours tumultueux de ses pensées. Elle fixa sa sœur avec une appréhension qu'elle-même ne comprit pas. Elle était censée avoir décidé de tout lui dire non? Alors elle en arrivait déjà à ne même plus pouvoir être d'accord avec elle-même ?

- alors? J'attends. Qu'est ce qu'il y a?

De nouveau, elle la regarda sans pouvoir ouvrir la bouche. Comment présenter la situation de façon objective ? Parce qu'elle était persuadée que si jamais elle le faisait de son point de vue, les choses allaient dégénérer.