5) Spiritisme au grenier

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   C'est ainsi que nous avons décidé de nous rendre cette nuit-là dans l'ancienne demeure de mes grands-parents après avoir discrètement dérobé les clés et s'êtres rendu sur le lieu-dit en vélo car nous n'avions pas le permis. S'il y avait un plan fou dans le genre à faire il venait en général de Sarah, et j'étais la première à la suivre.

Après avoir une nouvelle fois déverrouillé le vieux cadenas je me suis placée devant la porte en espérant de toutes mes forces que la « chose » qui vivait à l'intérieur était endormie.

_ Vas-y, ouvre la porte, m'encourageas Sarah.

J'ai pris une grande inspiration et j'ai glissé mes doigts dans l'ouverture en poussant un soupir de soulagement : ce n'était pas un nid grouillant d'insectes. J'ai ensuite tiré la porte, découvrant ainsi la pièce dans laquelle se trouvait l'objet de touts mes tourments.

L'objet en question devait être caché sous un drap car à par celui-ci rien ne se trouvait dans la petite pièce. J'ai soulevé le drap, faisant au passage voler de la poussière et ai découvert un vieux miroir. Il était assez grand pour que l'on puisse se voir de la tête au pied et le cadre était orné de plusieurs décorations qui s'enchaînaient de façon complexe formant des dessins plus beaux les uns que les autres. Ce miroir était tout simplement magnifique, je comprenais parfaitement pourquoi ma grand-mère n'avait jamais voulu qu'on s'en approche : elle avait eu peur que nous l'abîmions Marine et moi. Le seul défaut que je lui trouvais était ces inscriptions gravées en latin, et qui faisaient le tour du carde : elles ne semblaient pas d'origines mais au contraire rajoutées assez récemment à la vas-vite. De plus elles donnaient l'impression d'enfermer les ornements, ne leurs donnant plus la liberté de s'exprimer librement. Mais ces inscriptions étaient loin d'enlever la beauté parfaite de cet objet si précieux.

J'ai promené le bout de mes doigts le long de cette merveille lorsque Sarah s'est exclamée :

_ Mais il est dégueulasse ce miroir !

Piquée au vif par cette réplique, comme si elle venait d'insulter mon propre enfant je lui ai craché au visage :

_ Il est plus beau que toi, et même dans la mort on tient plus à lui que toi dans ton vivant !

_ Eh ! C'est pas parce que ta grand-mère a tenu à le garder en sécurité sans te donner l'autorisation de le voir que tu dois être méchante comme ça ! Regarde, dit-elle en me désignant la glace, il est plein de trace de doigt, comme si quelqu'un avait appuyé dessus à pleine main.

J'ai regardé à l'endroit qu'elle me désignait puis ai acquiescé en lui disant que ses traces me donnaient des frissons dans le dos, et mon amie s'est empressée de me traiter de poule mouillée.

*****

_ C'est parfait, dit-elle en se parlant toute seule.

_ Qu'est ce qui est parfait ?

_ Une ambiance bien glauque dans un grenier à l'abandon qui se trouve dans une maison dont les précédents propriétaires sont morts. À l'intérieur, évidemment, sinon ça serait pas drôle, tu ne trouve pas Méline ?

Je suis restée sans mots quelques instants : je n'étais pas sure d'avoir bien suivi la conversation. J'allais lui demander de quoi est ce qu'elle parlait lorsqu'elle a reprit son récit.

_ Je disais que c'était le moment idéal pour utiliser... Ceci !

À ces mots elle sortit une longue planche de son sac à dos.

_ Qu'est ce que c'est ? lui demandais-je intriguée.

_ Une planche de ouija, me répondit Sarah toute fière d'elle.

A travers le miroirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant