Une Star & Moi

Chapitre 5: Silence

Matin. Réveil. Éteindre. Se lever. Douche. Habillage. Coiffure. Maquillage. Sac. Petit dèj'. Porte. Ouvrir. Ingrid. Partir. Voilà, un début de journée comme les autres. Nous sommes sur la route et Ingrid ne semble pas beaucoup plus bavarde qu'hier soir. Soudainement, elle se met enfin de m'adresser la parole.

- Pour hier, tu es bien sûre qu'Elsa était là ?

- Oui... Tu ne me crois pas ?

- Non, non, c'est pas ça, c'est juste que je la vois mal se rabaisser au niveau de ces filles.

- Et bien, il faut croire que les gens changent.

Après cela, le silence complet. Quand je pense à tout ce qu'on a pu faire pour elle au collège... Nous sommes arrivées au lycée. Nous nous dirigeons vers nos casiers. Mais quand je regarde le mien, je le vois recouvert de feuilles de papiers sur lesquelles sont gribouillés des mots plus ou moins méchants. "Ne t'approche plus de lui !" ou encore "Sale p***", sur certains se trouvent même des dessins censés me représenter de façon caricaturée... Les gens autour de nous me regardent étrangement et murmurent entre eux. Ils se moquent de moi. Ingrid est quelque peu désemparée devant la situation. Elle me prend juste la main pour me dire que je ne suis pas seule. Réalisant que le nombre de personnes aux alentours a augmenté, je lâche sa main et lui souris, la laissant comprendre que je veux être seule. Je cours en essayant de cacher mon visage avec ma main, jusqu'au club, où il n'y a personne... Enfin, si : Julien. Il est là, comme s'il m'attendait.

- J'ai vu ce qu'il y a sur ton casier... ça va ? S'inquiéta-t-il.

- J'ai vraiment l'air d'aller bien ? Répondis-je sur le point de fondre en larmes.

- Pas tant que ça en fait, rigola-t-il.

- Ne te moque pas ! Dis-je en lui donnant un coup de coude dans le ventre.

Après cela, il se tait. Je ne supporte plus le silence, j'ai eu ma dose ce matin avec Ingrid. Soudain, j'ai une idée qui pourrait bien lancer un nouveau sujet de discussion. Je pose mon sac à dos sur la table et y cherche la lettre que j'avais écrite la veille.

- Tiens... dis-je gênée en la lui tendant. J'ai décidé d'accepter ta proposition...

Il me prend le bout de papier sur lequel est inscrit son nom. Je pars directement après, trop gênée pour attendre la moindre réaction de sa part.

Marche, ne te retourne pas... Marche ne te retourne pas... Voilà ce que je me répète sans cesse en traversant les couloirs de l'établissement, jusqu'à percuter quelqu'un.

- Pardon ! Dis-je en relevant la tête.

C'est M. Dubois, le professeur s'occupant de mon club. Il me regarde fixement, jusqu'à repérer l'état de mes yeux.

- Mademoiselle Hofferson, vous allez bien ?

- Oui, oui, merci...

- Je vous connais ! Vous qui êtes si forte d'habitude, pourquoi êtes vous sur le point de pleurer ?

Je n'ose pas répondre. Je me sens déjà assez mal avec les élèves qui me fixent, je n'ai pas besoin qu'un prof s'en mêle, même si c'est lui. Mais le plus étonnant est qu'il ne sache pas la raison de mon chagrin. Après tout, tout le monde ne parle que de ça...

- Vous... n'êtes pas au courant... ?

- De quoi devrais-je être au courant ?

- De rien, ne vous en faîtes pas pour ça... Au fait, l'article sur le concert, je vous le rends demain si tout va bien !

- ... Très bien.

- Bon, c'est décidé, alors ! Au revoir Monsieur !

Et je m'enfuis une nouvelle fois. Si lui n'est pas au courant de toute façon, il le sera bientôt vu la vitesse à laquelle les rumeurs se répandent. La sonnerie retentit enfin. Je vais donc dans ma classe.