L'ombre de soi-même

Partie 1 : Chapitre 1

Comment ne pas se pencher sur ce petit Être, cette chose ridicule remplie d'une bonté et d'une naïveté que seul un enfant peut égaler.

Une personne, importante pour moi, me disait qu'une chose primordiale dans notre monde est de créer des liens, avec n'importe qui et n'importe quoi, « Ne te retrouve pas seul, ne prends pas mon exemple... ». Ah... Madame Y, c'est triste à dire mais tu avais certainement raison. Cela ne fait que quelques années que tu es partie, la preuve j'arrive encore à les compter sur mes doigts, mais quelle tristesse j'éprouve lorsque je dois reconnaître mes erreurs.

Constamment, une chose du quotidien me fait penser à toi... L'odeur des tartes aux pommes lorsque je me promène en ville. Oui... Ces fameuses tartes aux pommes ! Tu t'en souviens ? Personne ne t'as jamais égalé... Un goût si particulier, si imaginatif. Sans exagération, je me sentais projeté. Le temps était suspendu, plus rien ne comptait autour de moi, seule l'acidité des pommes et leur jus, lorsque je les mangeais, égayaient cette sombre partie de ma vie. Je n'avais tout au plus que cinq ans mais se sont des saveurs qui resteront gravées à vie. Bon nombre de personnes ne comprennent pas ce que je veux dire.

J'ai déjà eu, par le passé, des discussions avec de proches amis, et en nous remémorant nos souvenirs, j'expliquais mon ressenti à l'égare de certaines choses. J'avais beau m'acharner dans une explication des plus simples, mais en vain, rien n'y faisait. Lorsque vous avez en face de vous une personne qui ne partage pas le même point de vue, bon nombre d'idées sont impossibles à échanger.

Cela paraît triste, mais dans le fond ce n'est qu'apparence. Dans une vie, on rencontre des gens avec qui des liens se créent. Des fois pour la vie, pour un an, ou pour quelques jours. Ceci dit, chaque rencontre faite est produite par je ne sais qui, je ne sais quoi. Le Destin ? Trop évident... Peut-être par nous tout simplement. Qui nous dit que ce n'est pas un simple jeu d'attraction ? Pourquoi pas des phéromones qui agissent sur la personne en face de soi ?

Ah Madame Y, je sais, nous ne nous sommes pas connus longtemps. Le temps, la maladie nous ont séparés, les liens ne se sont pas forcément créés, mais avec la volonté qui t'incarnait, tu essayais de me rendre heureux, de t'intéresser à moi, ce que peu de personne, au final, ont essayé de faire. Si je dois compter le nombre d'heures passées ensemble, j'ai l'intuition que cela m'effraierai.

Peur ? Oui, Madame Y... cela peut paraître idiot, mais c'est une chose qui me terrifie. J'ai l'ultime conviction que cela ne dépasse pas un seul et unique mois. C'est dans ces diverses réflexions que l'on arrive à une simple déduction, ce n'est pas le temps qui créé les liens indéfectibles, mais plutôt la volonté d'une personne de s'ouvrir à une autre.