Je restais pendant des heures à te contempler, toi, cette bonté de la nature, cet ange présent sur Terre. Durant cette après-midi, tu avais dormi pendant des heures. Rien ne pouvait te réveiller, sauf une chose, la faim.
Je ne sais pas de qui tu tiens cet appétit d'ogresse. Tu tétais ce biberon sans relâche. Il ne restait pas une seule goutte de lait maternisé. Tu commençais à t'endormir sur mon épaule mais tu le savais, oui tu savais ce qu'il fallait faire juste après ce repas de gourmet.
Tu étais repus et tu ne souhaitais qu'une seule chose ; te laisser bercer par Morphée. Me quitter pour rejoindre son monde, ce monde. L'Olympe était maintenant à ta portée.
Je te déposais contre moi, plus précisément contre mon épaule. Désolé ma « puce », mais je devais te déranger un instant. Je te tapotais le dos. Quelques minutes plus tard ce rot tant attendu était enfin arrivé.
Nyx présente, comme toujours, à la même heure te protégeait, te regardait depuis l'Olympe. Voyant tes yeux se clore, je ne pouvais douter de la présence d'Hypnos. Lorsque le sommeil était proche, lui l'était aussi. Leur fils, mais où était Morphée ? Lui qui te permettait d'accéder aux rêves par milliers, aux mondes magiques. Lui, cette divinité qui nous plonge, nous, les mortels dans des rêveries par milliers chaque nuit.
Armando, ton père, était revenu au bon moment. Suite à l'appel de madame St Laurent, la directrice du foyer, ton père était revenu. Il avait comprit mon désarroi. Mon rêve, ou plutôt notre rêve se réalisait et malgré la rancœur qu'il devait éprouver à mon égard, il ne pouvait pas se trahir, nous trahir.
Je venais de te déposer dans ton berceau, fait d'osier, lorsque la sonnette retentit. À cette heure-ci, il n'y avait qu'une seule personne qui pouvait nous rendre visite.
En ouvrant la porte j'eus l'agréable surprise de voir ton père. Au bord des larmes, il ne pouvait rien dire. Seules ses expressions définissaient sa volonté, son état. Encore aujourd'hui je suis incapable de te dire si ses larmes étaient signes de joie, de peine ou bien de rancœur.
Lorsque nous avions signé les papiers concernant ton adoption définitive, ton père était l'homme le plus heureux. Fier de toi, il ne pouvait s'empêcher de crier sous tous les toits qu'il avait une fille extraordinaire. Dès que tu apprenais quelque chose, saches que ton père mettait tout le monde au courant.
Malheureusement, Armando vient de nous quitter. Je sais, tu n'as seulement que deux ans. Tu me regardes avec des petits yeux écarquillés. En psychologie, on nous apprend qu'un enfant, qu'importe son âge, est capable de comprendre ce qu'un adulte dit, énonce. Bien sûr, il ne comprend pas tous les mots, mais l'intonation de la voix, les formes utilisées permettent à un enfant d'entendre et d'assimiler l'essentiel du message qui lui est destiné.
Ne t'en fais pas mon ange, on s'en sortira. Papa n'est peut-être plus avec nous, mais il veillera toujours sur toi. Beaucoup de personnes veillent sur toi ma puce...
Comment vais-je lui expliquer, lorsqu'elle sera plus grande, que sa mère est décédée en lui donnant la vie ? Elle cette mère protectrice et nourricière morte en couche. Que dire de son père adoptif ? Lui aussi est partit de l'autre côté, vers un monde meilleur. Quant à son père biologique ? Annoncer à cet ange qu'il est enfermé en hôpital psychiatrique ne lui ferait que du mal. Mirta, concentre-toi sur le moment présent. Ta fille à actuellement besoin de toi.
Je dois prendre une décision des plus radicales. Je ne peux pas me concentrer à cent pour cent à Amélia. Mon travail est bien trop prenant. Mais quitter mon poste à l'hôpital signifie que je n'aurai plus de revenus. Plus de quoi subvenir aux besoins de ma fille.
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L'ombre de soi-même
Misterio / Suspenso« On ne souffre jamais que du mal que nous font ceux qu'on aime. Le mal qui vient d'un ennemi ne compte pas. » Victor Hugo Que dire de cette citation ? Je...