Un pas, deux pas et puis plus rien. Un éternel recommencement devant la porte de ma « cellule ». Cloisonné entre quatre murs, sans aucune lumière, sans rien. Cela faisait des heures que j'attendais que quelqu'un me laisse sortir, mais a priori, personne ne se préoccupait vraiment de mon cas.
Des pas, de temps en temps, pouvaient se faire entendre, mais ils s'éloignaient à chaque fois. Pas un seul ne s'arrêtait devant cette fichue porte. J'étais traité comme un mécréant.
Je ne la connaissais pas. Alors pourquoi lui faire cela ? Je n'étais pas la seule personne à souffrir de ce drame. Le fait de savoir cela m'apportait une certaine forme de « joie ». Une phrase revenait sans cesse dans ma tête ; « Je ne suis pas seul. Je souffre, mais eux aussi. »
Je fondis en larmes. Je n'avais aucunes raisons de le faire, mais je devais relâcher la pression. Je tenais ma tête entre mes mains, cachant mes yeux de cette luminosité que je ne pouvais plus supporter...
Une faible voix se fit attendre : « Laissez-moi entrer ! ». La lourde porte s'ouvrit. La lumière extérieure m'aveugla. Les longues heures de pénombres ne m'aidaient pas à m'adapter à cette luminosité. Je pouvais tout de même entrevoir une silhouette, celle d'une femme. Cette voix... je la reconnaissais !
- Enfin... Mr. Sandro je peux vous voir ! Qu'est-ce qu'il vous a pris d'agresser une de nos patientes ?
- Je n'ai... La psychologue me coupa.
- Je ne veux pas savoir. Suivez-moi tout de suite, vous avez autre chose à faire que m'expliquer ce qui vous est passé par la tête.
Je la regardais d'un air ébahit. De quoi parlait-elle ? Autre chose à faire ? Ma stupeur se ressentait et son impatience était de plus en plus présente.
- Allez ! Bougez-vous !
Je suivais alors enfin Mme. Gonzalez. Nous venions de dépasser son bureau... Mais que faisions-nous ? Je ne savais absolument pas où nous allions. Je me décidais enfin à lui poser cette simple question.
- Je peux vous demander où on va ?
- Oui, vous pouvez mais je ne suis pas obligée de vous répondre.
Je comprenais de moins en moins... Nous nous dirigions désormais vers l'ascenseur menant aux autres étages. Elle appuya sur le bouton de ce dernier et les portes s'ouvrirent. La psychologue me regarda et me fit signe d'entrer à l'intérieur.
- Appuyez pour monter au sixième étage, quelqu'un devrait vous y attendre.
Le sixième étage ? C'était celui où se trouvait Victoria et « le petit monstre ». Je n'ai pas réfléchit plus longtemps. J'appuyai directement sur le bouton. J'hochai la tête en signe de remerciement, la thérapeute fit de même.
Les portes coulissaient bien trop lentement à mon goût. J'étais impatient de savoir ce qui se passait. Une bonne ou une mauvaise nouvelle m'attendait... Un homme à la voix grave me fit sortir de mes pensées.
- Vous êtes Mr. Sandro ?
- Oui... Ma voix se faisait hésitante. Je m'inquiétais.
- Je suis le docteur Bertrand. Veuillez me suivre, on sera plus à l'aise dans mon bureau.
Le couloir séparant l'ascenseur du bureau de ce soi-disant docteur me paraissait interminable. De chaque côté les chambres des patients... Leurs enveloppes corporelles ne reflétaient rien de bon. Je le savais pourtant. Je venais à cet étage tous les jours, mais jamais je n'avais fait attention aux « autres ». Seule ma famille existait à mes yeux. Vous allez me dire « Qu'est-ce qu'il raconte ? C'est tout à fait normal. ». Effectivement ça l'est. Malgré tout, notre regard change à l'approche d'une mauvaise nouvelle. Nos yeux se perdent là où ils le peuvent sans jamais regarder un point fixe. L'ultime but de cette action est de retarder le plus possible la raison de notre venue.
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L'ombre de soi-même
Gizem / Gerilim« On ne souffre jamais que du mal que nous font ceux qu'on aime. Le mal qui vient d'un ennemi ne compte pas. » Victor Hugo Que dire de cette citation ? Je...