Partie 1 : Chapitre 8

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Ce soir-là, je retournais dans ma chambre, heureux. Heureux d'avoir pu donner un prénom à cet « ange », mais surtout heureux d'avoir rencontré ma fille. La nuit en fut agitée. Je n'arrêtais pas de penser à elle. À ma Amélia. Je m'imaginais une belle vie à ses côtés. Une vie où je pouvais la voir grandir, année après année sans jamais manquer un moment important de sa vie.

Il fallait que je retourne la voir. Je n'avais quasiment pas dormi, mais je m'en fichais. Je devais la revoir et passer du temps avec elle. Je ne voulais pas qu'elle se sente délaissée un seul instant.

Elle était réveillée. Son premier jour parmi nous. Cela me faisait réfléchir... Nous savons tous quel est notre premier jour, mais nous ne saurons jamais quel sera le dernier. C'est un triste sort qui nous attend. D'un côté, je préfère cela, car nous sommes, d'une certaine manière, préservés. Nous pouvons vivre notre vie sans nous dire que demain sera notre ultime jour.

Je ne pouvais lire en elle. Ses émotions étaient imperceptibles. Lorsqu'elle me voyait, ses yeux me fixaient. Ils ne pouvaient se décrocher de ma personne. J'avais cette mauvaise impression qu'elle comprenait tout. Tout ce qu'il se passait autour d'elle. Pourtant, elle n'avait que quelques heures... Ma culpabilité y était surement pour quelque chose.

Je ne comptais plus les heures passées auprès d'elle. Je n'avais pas besoin de les compter. Dans tous les cas, ma réponse aurait été faussée. Pourquoi ? Tout simplement car lorsque j'étais avec elle le temps s'arrêtait, je ne m'apercevait plus de rien. Le monde extérieur était inexistant.

Je savais pertinemment que je devrais bientôt la quitter. Je ne pouvais pas abandonner mes séances de rééducation, ni les séances avec Mme. Gonzalez. Pour moi, le simple fait de quitter cette pièce m'anéantissait. Cette impression de l'abandonner me rongeait de l'intérieur. Je n'avais pourtant pas le choix...

Quelques jours s'écoulèrent. De nombreuses heures passèrent et Victoria était toujours absente. Lorsque j'étais avec la petite, je regardais souvent cette porte massive en espérant que la prochaine personne à l'ouvrir serait elle. À chaque fois mes espérances furent réduites à néant.

J'avais rendez-vous moins de dix minutes plus tard avec Mme. Gonzalez. Je ne pouvais me résoudre à déserter cette chambre. Les minutes s'écoulaient. Je devais y aller.

Je déposais Amélia dans son berceau. Je ne pouvais m'empêcher de lui adresser quelques mots, « Je t'aime mon petit monstre... »

Je n'ai jamais autant aimé. C'est difficile à dire mais l'amour que je porte à Victoria n'est rien comparé à celui que je porte à la petite. Je suppose que c'est normal. De toute façon avec le temps mes sentiments envers Victoria disparaîtront. Je ne pense pas pouvoir continuer d'aimer une personne disparue.

- Ah ! Monsieur Sandro ! Vous-êtes autant à l'heure que moi.

- Excusez-moi...

- Oh mais ne vous excusez pas ! Vous avez autre chose à faire que de venir parler à une vieille folle dans mon genre.

À vrai dire je ne savais pas quoi répondre. Je me doutais que ses paroles étaient de l'humour mais que voulez-vous que je réponde ?

- Bon, comment se passe la relation avec votre fille ?

- Je ne sais pas quoi vous répondre. C'est juste quelque chose de fou... Je ne pensais pas être prêt à vivre cela. Le fait d'être père je veux dire. C 'était il y a encore quelques mois quelque chose qui ne m'avait pas traversée l'esprit tout simplement parce que je n'éprouvais pas le besoin d'avoir un enfant.

L'ombre de soi-mêmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant