Partie 2 : Chapitre 1

26 10 2
                                    


Mon rêve était de devenir parent, mère. La vie m'a tout donné sauf cette chance. Après tout on ne peut pas être gagnant dans tous les domaines. J'approchais de l'âge médian de mon existence et rien ne se passait. Rien. Aucunes nouvelles des services d'adoptions. Ma première demande a beau dater d'il y a quinze ans, je n'ai malheureusement jamais connu la joie de recevoir cet appel, ce Graal.

Lorsque l'on m'a apprit ma stérilité, le monde, mon monde s'est effondré. Je savais pertinemment que plus rien n'allait être comme avant. J'étais une femme, oui, mais une femme dépourvu d'une chose des plus importantes. Sa fécondité.

Je voulais être mère. Je ne pouvais vivre autrement. C'était pour moi une question de survie, d'identité. Suite à cette annonce, ma conscience se réveilla, du moins je crois que c'était elle... Elle me disait à voix basse, dans un chuchotement infime « Tu ne peux pas lui faire ça. ». Sans aucuns doutes, cette petite chose en moi avait raison, je ne pouvais faire subir cela à mon mari. J'ai tout fait pour qu'il me quitte. Notre vie de couple devenait insoutenable.

Un matin, ma victoire était posée sur la table. Elle résidait en un simple morceau de papier, griffonné de son écriture illisible.

« Mirta,

Nous vivons ensemble depuis tant d'années. La vie a souvent été dure avec nous. Nous avons connu des hauts, des bas, des moments de joie et de tristesse. La période que nous vivons est sans contester, l'une des plus dures. Je conçois que cela est plus difficile pour toi que pour moi.

Je souhaite que tu saches une seule et unique chose... Nous avons toujours tout traversé à deux. À deux, nous sommes plus fort, pas invincible, mais plus fort. Alors sache que je serai toujours là pour toi... Oui, aujourd'hui je prends de la distance, car nous en avons besoin.

J'ai bien comprit ce que tu essayais de faire ces derniers mois... Me pousser à bout, pour que je te quitte ? Ma réponse est non. Ton plan a échoué mon Amour. Je t'aime comme au premier jour et rien n'y changera quelque chose.

A. »

À l 'annonce de cette lettre, toutes mes forces m'avaient quitté. Je venais de prendre conscience par dépit, de l'erreur que j'avais commise. Je ne pouvais vivre seule. Du moins, je ne voulais pas.

En aucun cas, j'allais revenir vers lui. Ma fierté prenait le dessus comme à chaque fois... Foutue fierté ! Trois ans de ma vie partie en fumée « grâce » à mon soi-disant « fort caractère ».

Mon fort caractère ? C'est un point de vu comme un autre. Je pars du principe qu'un fort caractère cache bien souvent quelque chose, une chose que nous ne voulons pas connaître. Notre caractère est une part importante de la personne mais c'est aussi une part d'intimité qu'aucune entité ne pourra violer.

Je ne pourrai jamais assez vous remercier Alexis. Je suis fier du cadeau que vous m'avez donné. Fière de ce qu'elle deviendra.

Je n'avais pas le droit de faire cela. À ce moment précis, ma tête et mon cœur se battaient dans un duel des plus sanglant. La récompense ? Mon corps et mes actions. Devinez qui a gagné ? Ma tête... Étonnant ? Pas tant que çà.

Je traitais depuis quelques semaines déjà un patient pour des troubles post-traumatiques. Un rescapé de l'un des attentats les plus meurtriers que l'Occident ait connu.

Cet homme avait tout pour être heureux. La jeunesse, une femme qu'il chérissait et bientôt une adorable petite fille. Seulement, le Destin en avait décidé autrement.

Par la suite, les services sociaux avaient jugés ce cas trop « extrême ». La petite allait être séparé de son père, de sa dernière accroche familiale. En soi, ce n'était pas cette décision qui allait me faire réagir. Je voyais en cette petite la chance que je n'avais jamais eu. Devenir mère.

Inconsciemment, la sagesse avait quitté mon corps. J'avais été prévenu de l'arrivée de deux agents de la DAS. Une seule idée avait traversé mon esprit. Une réflexion des plus absurde : prendre cette petite et partir. Quitter cette maudite vie, partir à l'autre bout du pays et tout recommencer à zéro.

J'avais tout prévu sauf une chose. Une chose non pas extérieure mais bel et bien intérieure, elle m'appartenait. Oui, cette écœurante conscience avait refait surface au tout dernier moment, m'obligeant de ramener cette enfant à son père.

Jamais je ne pourrai oublier le regard de celui-ci lorsqu'il m'a aperçu avec son ange dans les bras. Des larmes de joies destinées à sa fille et un regard de haine m'étant destiné.

J'étais devenu trop proche de cet homme, de sa famille. J'aurais du rester à ma place et ne pas engendrer de favoritisme à son encontre. Lui a perdu sa fille unique, moi, l'unique chance de devenir mère.

Comment un psychologue peut-il perdre pied aussi vite ? Nous étudions, apprenons à nous détacher des cas que nous suivons. Nous avons l'interdiction de montrer nos émotions, notre ressenti.

Il mettait devenu impossible de continuer... Je ne pouvais le trahir, et me trahir une nouvelle fois. Je devais absolument prendre le contrôle de mon corps et surtout le contrôle de ma tête. Jusqu'à maintenant, seule, ma conscience me faisait survivre, à tel point que ma vie ne ressemblait plus à rien.

Malgré mon état se dégradant de jour en jour, une nouvelle était venue se perdre au beau milieu de ces champs de ruines. J'allais devenir mère, mon rêve n'était qu'à portée de main. Ma candidature à l'adoption avait été acceptée. Après tout ce temps je n'y croyait plus et pourtant...

Suite à cette annonce, je pris une décision des plus radicales. Je quittais mon poste de directrice et de psychologue. Il n'y avait qu'une chose primordiale, une seule et unique chose qui pouvait me redonner goût à la vie, cet ange.

Un poids immense pesé sur ses frêles épaules. Mais c'était à lui de me reconquérir pour que je puisse à mon tour reconquérir ma vie. Dit de cette façon, on pourrait penser que cet enfant ne me servirait que de tremplin pour me « relancer » dans la vie. Je ne pourrais pas dire le contraire. Cela était vrai. J'avais besoin d'amour, et surtout, j'avais un indispensable besoin d'offrir mon affection. Une existence des plus agréables.

Dans une immense attente, je rêvais, désirais le moment de notre première rencontre. Ce jour était bel et bien arrivé, d'une façon des plus impromptues mais ce n'était rien.

Je ne pourrai jamais oublier cet appel. La sonnerie du téléphone retentissait. Je n'avais aucune envie de répondre. Pourquoi aurais-je dû le faire ? Pour apprendre une énième fois, une sombre et triste nouvelle ? Non... Je ne pouvais pas.

J'en rigole encore, mais qui aurait pu penser qu'un répondeur allait me faire changer d'avis ? Trois sonneries ont retendit. Le dernier tintement raisonnait dans la pièce, je restais les yeux fixés sur ce téléphone. Pour finir de me surprendre le répondeur s'enclencha. Ce moment, je ne voulais le vivre. Les mauvaises nouvelles voulaient arriver jusqu'à moi. Je le savais et j'en étais sûre, trop sûre.

« Bonjour. Madame Gonzalez ? Madame St Laurent à l'appareil, je vous appelle pour vous annoncer que vous pouvez désormais et à partir de ce jour rendre visite à votre futur enfant. Je vous conseille grandement de le faire. Plus vous créerez de liens mieux cela sera pour le quotidien.

Bien entendu je vous communique l'adresse. 12 Avenue de l'espoir.

J'espère pouvoir vous rencontrer bientôt, au revoir. »

Écroulé par terre, je n'arrivais pas à croire ce qui m'arrivait. Je pleurais, je devais pleurer. Toutes ces fines perles d'eau salées ruisselaient, suivants les sillions de ma peau. Je les sentais, elles étaient si chaudes, si apaisantes. Une étincelle refaisait revivre mon âme. Un brasier incandescent vivait en moi, chassant toutes sombres idées. Je me purifiais. 

Bonjour tout le monde !! Enfin le début de cette Partie 2 :) J'espère qu'elle vous plaira ! 


Que pensez-vous de Mirta dans cette seconde partie ? :) 


N'oubliez pas de commenter et de voter x) Merci ! :) 

L'ombre de soi-mêmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant