Chapitre IV

30 4 3
                                    

Il failli lâcher le bébé. Cette femme allait finir par lui faire peur.

- Je refuse. Il fut catégorique. Je n'ai rien d'un père, ce petit Josserand n'est que ma distraction, preuve : je n'avais jamais songé à lui donner de prénom !

- Ne discute pas. J'ai beau être plus petite que toi, je n'en reste pas moins ta créatrice alors quand je te dis quelque chose, tu obéis.

Einold savait de quoi les sorcières étaient capable et il n'avait pas encore assez profité de son éternité avant de disparaître.

- Si cela t'amuse. Mais je n'ai rien d'un père responsable.

- Ça s'apprend ! Sourit-elle, retrouvant sa légendaire douceur.

Melisendre sembla mettre fin à la discussion avec cette dernière parole car sans attendre de réponse, elle quitta la chambre dans laquelle il avait couché Josserand, laissant ce dernier et le vampire en tête à tête.

Ainsi, Einold eut tout le temps de songer à son nouveaux rôle, pesant le pour et le contre. Quelques heures s'écoulèrent et le vampire fut tiré de ces pensées par le bébé qui commençait à pleurnicher, toujours dans ces bras. Il souffla, mécontent d'être déranger pendant ses réflexions par ce petit bout. Il réfléchissait à tout ce que Melisendre, et un peu Alix, lui avaient dites sur les bébés humains, elles même étant étrangères à la chose et expliquant juste ce qu'elles avaient vu et entendu. Les bébés mangent souvent mais en petite quantité, pleurent pour tout, ce qui a le don d'énerver les adultes et quand ils ne font pas ces deux choses, ils dorment, souvent avec une couche pleine. C'est simple finalement : il doit juste avoir faim.

Il descendit chercher Alix, des deux femmes vivantes dans cette maison, c'était la seule qui savait cuisiner les repas humains, paradoxale sachant que dans sa façon d'être, c'était la moins humaine des deux.

Le vampire la trouva rapidement devant la grande cheminé qui ornait le salon de la bâtisse. Elle était assoupie mais réagi quand Einold se posta à côté d'elle. Il croisa son regard froid et perçant, il hésitait à lui poser la question, n'ayant aucune certification que cette grincheuse accepterait.

- Quoi ?!

Ça commence bien, elle semblait de mauvaise humeur. Pour changer.

- Humm, il ne savait pas comment aborder la chose. Il a faim, du moins je pense, pourrais-tu lui faire à manger ?

Elle lui jeta un regard suspicieux puis dit :

- Voudrais-tu l'engraisser pour mieux t'en repaître ?

- Melisendre m'a plus ou moins obligé à m'en occuper comme de mon propre fils..

Elle le considéra du regard puis contre toute attente, explosa de rire. C'était un son des plus disgracieux et pourtant bien réel.

Einold attendait que cette étrange scène se termine, ce qui fut le cas après quelques minutes. Le vampire pensait avoir vécu la scène la plus bizarre de sa journée mais celle-ci se poursuivit quand Alix se leva et d'un simple mouvement la tête, ordonna au vampire de la suivre.

Ils ne marchèrent pas bien longtemps pour atteindre les cuisines de la maison, elle semblait normale si l'on ne s'attardait pas sur les "aliments" qui l'a composée.

- Comme tu peux le constater, il y a ici peu de choses qu'il pourrait manger sans crainte, alors ce soir, il se contentera de ces pauvres racines, mais si tu veux avoir un fils en bonne santé et qui ne manque de rien, tu devras aller lui chercher des légumes de tout genre, des racines ainsi que de la viande. C'est assez simple pour toi ?

- Oui, oui.

- C'est déjà bien que je m'occupe de lui alors tu as intérêt à y mettre de la bonne volonté.

- Ne t'en fais pas. Te connaissant peut-être est-ce trop te demandé, mais si je veux pouvoir m'en occuper convenablement, pourrais-je avoir une liste de ce don tu as besoin?

Il accompagna sa demande d'un sourire charmeur.

- As-tu tout oublié de ta vie de mortel, pauvre sot ?

Einold réalisa que, oui, il ne se souvenait plus de sa vie humaine à part de vague sensation comme l'ivresse qu'il semblait bien connaître ou encore une grande détresse à la quelle il faisait tout le temps abstraction tant elle le mettait mal à l'aise. À cela, il ne sut pas comment réagir, il comprit que ça ne le traumatiserai pas de ne pas s'en souvenir, il aimait cet vie que Melisendre lui avait offert alors que l'ancienne devait être ponctuée de famines et maladies. Mais s'il y réfléchissait, oublier qui l'on est réellement, c'était triste.

Au regard qu'avait le vampire, Alix comprit qu'elle avait vu juste et ne voulant pas s'embêter avec lui, elle les chassa, lui et le bébé, ayant fait preuve d'assez de bonté pour les dix prochains siècles.

Quand Einold regarda la chambre où couchait le bébé, il le posa distraitement dans son lit puis partit devant un miroir poser dans un coin de la pièce puis longuement, il s'y regarda. Il commença par son visage, des yeux gris qui rougissaient quand ces instincts s'éveillaient ou quand une trop grande émotion montait en lui, un nez droit et des lèvres un peu trop fine à son goût. Il était beau à cet instant. Le vampire se détailla un peu plus, il n'était pas bien gros mais ces épaules étaient larges et l'on pouvait deviner à travers le tissu dont il était vêtu des muscles relativement important. Il gardera pour toujours la même apparence que le moment de sa mort, excepté les blessures, c'était la règle. Une règle qui le figeai dans le temps à tout jamais. Mais bon, grâce à celle-ci, il pouvait deviner, ou du moins imaginer, son ancienne vie. Son physique prouvait qu'il n'était pas un de ces nobles grassouillet ni un paysan squelettique. Peut-être était-il un riche marchand que des pilleurs avaient tabassé avant de le laisser pour mort dans une ruelle ? Peut-être que des gens, une femme, ces enfants avaient pleuré sa disparition ? Peut-être que rien de tout cela n'était vrai, que le pilleur, le mercenaire ou le méchant de l'histoire s'était lui, et que tous ces méfaits avaient eut raison de lui et qu'au détours d'une ruelle, on lui avait planté un poignard dans le dos.

Son passé qui lui était inconnu le travaillait beaucoup plus qu'il ne le souhaitait, il devait se changer les idées et pour cela, rien de mieux qu'une balade dans la ville voisine.

●●●

Votez, commentez, ça fait toujours plaisir ♡

Cou d'un soirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant