II. Parler, pour guérir

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En rentrant à la maison, je me suis installée sur le fauteuil du salon, le plaid sur moi, en attendant le "premier jour du reste de ma vie", pendant que mon père, dans la cuisine, se faisait couler un café.
Quand il l'eu fini, il vint s'installer sur le canapé en face de moi et commença son récit :

- D'abord, il faut que tu saches que j'ai eu..
- Une enfance difficile Papa, l'ai-je coupé
- Voilà. Donc mon histoire a commencé comme ça...



17 Décembre 1961

- Allez-y Madame, je crois apercevoir une petite tête, -s'exclama l'une des sages-femme

Soudain on entendit...

-OUINH ! OUIIIIIINH ! OUIIIIIIIINH !
- Ça y est ! Madame, je vous présente votre fils, félicitations!

Après 6 heures de travail acharné, la mère remerciera la sage femme en laissant échapper une larme. Elle commença sa course furtive de son œil, coula le long de sa joue, pour venir s'écraser sur sa main gauche, qui soutenait le nouveau-né sur sa poitrine.

- Madame ? Est-ce que je peux vous aider ? Faire quelque chose ? Je vous sers un verre d'eau ?
- Merci.. Mais non, c'est juste que.. heu...
- Le père ? Où est-il ? -poursuivit la sage-femme
- Justement, il m'a laissée seule et a fui toute responsabilité lorsqu'il a appris que j'étais enceinte.
- Je suis navrée Madame Espinas, sachez que nous sommes là pour vous aider durant les premiers moments de la maternité, si vous le désirez.


- Tu vois, continua mon père, ta grand-mère a vécu seule, ce qui devait être le plus beau jour de sa vie. Heureusement, quelques temps plus tard, un homme est arrivé dans sa vie et il m'a aimé et élevé comme son fils, et j'ai hérité de son nom.
J'ai grandi presque comme un petit garçon ordinaire jusqu'à ce qu'un jour en rentrant du lycée...

Février 1978

- Bonsoir ! Je suis rentré !

J'ai cherché mes parents dans l'appartement : personne ne répondait à mes appels. J'ai pensé, ensuite, qu'ils étaient sortis et je me suis donc attablé pour faire mon travail du lendemain.
En posant mes cahiers sur la table du salon, je fis tomber une lettre qui y était déposée.


- Curieux de voir ce dont il s'agissait, tu sais comme tous les enfants qui veulent tout savoir et font souvent preuve d'impatience, je l'ai ouverte.

- Hum hum, ai-je lâché à mon père, captivée.

- En y repensant, elle n'aurait jamais du faire ça. Pas MAINTENANT. Pas COMME ÇA.
J'ai alors déplié la lettre, griffonnée d'une seule et unique phrase, comme orpheline au milieu de cette vaste page blanche.
Aujourd'hui, les mots sont toujours intacts quand j'y repense :

"TON PÈRE N'EST PAS TON PÈRE."

Double JeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant