« Monsieur, il est l'heure de vous lever, vous ne croyez pas ? Il est huit heures ! Et ici, pas de feignants ! » s'écria une infirmière, qui s'en alla presque de sitôt.
- Quelle imbécile, pensai-je, je suis réveillé depuis quatre heures du matin.J'ai l'impression d'être tombé sur la tête, je ne sais pas vraiment ce que je fais seul dans cette chambre, mal isolée dans laquelle la température avoisine les quinze degrés... La seule chose que je n'ignore pas, est que je suis enfermé avec des personnes qui passent leurs jours entiers à crier et à taper contre les murs. Comme si leurs plaintes allaient être prises en compte par le personnel hospitalier.
Pensif, je détourne mon regard qui, je venais de le remarquer, était resté depuis vingt longues minutes sur la porte par laquelle l'aimable infirmière s'était échappée. Je m'examine ensuite de la tête aux pieds, essayant de comprendre ce que j'aurais bien pu faire pour me retrouver ici et me faire traiter de cette manière. J'ai les chevilles et le bas des jambes enflées, comme si j'avais fait un IronMan. Mon ventre me provoque un grincement de dents à chaque fois qu'il me fait savoir qu'il a besoin d'être nourri, et mes bras sont ballants, presque inertes. À mon poignet gauche, je remarque un bracelet blanc et vert, aux couleurs de l'endroit dans lequel je me trouve, et mes avant-bras sont couverts de taches bleutées.
« Sûrement des prises de sang » pensai-je.J'avais enfin décidé d'ordonner à mon cerveau de me faire avancer dans la chambre, mais le signal n'arrive pas jusqu'à mes pieds : je ne bouge pas. Je suis figé dans mon lit, la couverte retroussée jusqu'à mes pieds.
Soudain, une autre infirmière, plus âgée, entre dans ma chambre :
« Le docteur vous attend dans la salle commune, juste à côté » dit-elle.
Elle voit que je ne réagis pas. Rien. Alors elle me tire du lit et m'emmène jusqu'à la porte en face de ma chambre.Arrivés dans la salle, elle me laisse en compagnie d'un vieil homme barbu. Il doit avoir la soixantaine. Ou bien peut être même plus. Il me fait signe de m'asseoir et commence par les présentations. Il est médecin au CHU d'Evry depuis vingt ans, et il est « là pour moi ».
Je n'arrive pas à comprendre ce que je fais ici avec ce vieux fou, alors je ne réponds rien, et le laisse parler.
« Écoutez Monsieur, si vous n'y mettez pas du vôtre, je ne pourrai pas vous aider, et encore moins vous faire sortir de là. Maintenant si vous le voulez bien, je vais vous rappeler pourquoi vous avez atterri ici. »
Il passa une demi-heure à m'expliquer le « pourquoi du comment », et enfin, ma pensée trouble s'éclaira un peu. Je me souvenais par fragments de ce qui s'était passé : patron, burn-out, rue, pompiers, trou noir. Il me dit que je suis interné pour un temps indéterminé en secteur « psychiatrie » et que j'aurais le droit dans les jours suivants, à des infirmières qui passeront me faire avaler des cachets.
Il ramassa le carnet dans lequel était écrit mon « parcours », pris sa sacoche à bout de bras et s'en alla.
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Double Je
Fiksi Remaja- "Et toi ? Comment tu as fait quand elle est partie ?" Durant un instant, il resta interdit puis le regard vide et les larmes aux yeux, il m'a répondu : - "Quand elle m'a laissé, j'ai vu mon monde s'écrouler, plus rien n'avait de sens. Tu sais, si...