Prologue - Là où tout commence

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15 ans plus tôt

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15 ans plus tôt.

J'ai toujours trouvé ça facile de jouer mon rôle d'adolescent. J'ai grandi et vécu dans une famille aimante aux revenus confortables. J'ai eu la chance de ne pas avoir besoin de me soucier du paiement des factures en fin de mois ou de comment allait être remplie mon assiette. Ma seule tâche a toujours été d'étudier, point. À partir du moment où mes notes étaient bonnes, j'étais libre de passer les soirées et les week-ends avec mon meilleur ami, Jamyson.

Tous les deux, on aimait se rendre au bord de la rivière, profiter des coins ombragés et de l'eau durant les chaudes journées d'été. On allait aussi prendre une glace après les cours chez Sweet Charlie ou on jouait aux jeux vidéo pendant des heures dans ma chambre.

On riait, insouciants de ce que la vie allait nous offrir, inconscients de ce que le monde pouvait nous faire subir.

— Je suis navré, Grant. Toutes mes pensées vont à ta mère et toi.

Je hoche faiblement la tête en signe de reconnaissance. Aujourd'hui, c'est la seule chose dont je suis capable. Acquiescer sans le moindre sourire, même pour tante Joy. J'ai peur d'ouvrir la bouche et d'être submergé par le flot d'émotions qui me noue la gorge. Elles sont là, au niveau de ma pomme d'Adam, prêtes à me faire exploser en sanglots comme il y a une heure, quand on m'a demandé de dire quelques mots avant la descente du cercueil.

— Viens là, mon Grant.

J'aime quand elle m'appelle ainsi au lieu de « mon grand ». C'est mon père qui en a eu l'idée le premier, jusqu'au jour où toute la famille s'y est mise. En général, on déteste les surnoms que nous donnent nos parents car ils sont ridicules. Moi, j'adore le mien. Et j'aimerais juste pouvoir l'entendre de la bouche de mon père au moins une fois. Juste une dernière...

Les bras de Joy se glissent derrière ma nuque. Ils me rapprochent de son corps dans une chaleureuse étreinte à laquelle je ne réagis pas. Ce n'est pas l'envie qui me manque, juste la motivation. Comme si répondre à son câlin me paraissait être un effort trop important.

— Ça va aller.

Cette phrase, je l'ai entendue un nombre incalculable de fois aujourd'hui. Au début, j'y ai cru. Ou tout du moins, j'ai eu envie d'y croire du plus profond de mon cœur meurtri. Je m'y suis accroché dur comme fer avant qu'on me la répète encore et encore. J'ai commencé à réfléchir, à analyser la situation pour trouver une issue favorable à tout ça, mais aucune n'est venue éclaircir le ciel obscur qui plane au-dessus de nos têtes. Il est gris, menaçant, triste, parce que la Terre elle-même pleure la perte d'un être cher. D'un homme qui a voué sa vie à mieux la comprendre. D'un homme qui a su l'aimer comme elle le méritait. D'un homme qui n'est autre que mon père.

— Will Canning sera toujours vivant dans nos cœurs. Ne l'oublie jamais, me chuchote-t-elle à l'oreille avant de s'écarter.

Je presse les paupières pour m'imprégner du baiser qu'elle dépose avec délicatesse sur ma joue humide. Il est doux comme du coton.

Ma bonne étoileOù les histoires vivent. Découvrez maintenant