Chapitre 3 - Les femmes de ma vie

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De mon index, je remonte mes lunettes aux verres fumés sur le haut de mon nez

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De mon index, je remonte mes lunettes aux verres fumés sur le haut de mon nez. Le soleil est éclatant, comme toujours en Floride. Et la chaleur combinée à l'humidité... putain c'est irrespirable ! Je libère mon cou trempé par la sueur en ouvrant les trois premiers boutons de ma chemise, et enroule les manches jusqu'aux coudes. Je me mettrais bien torse nu, mais faire ça devant le hall de l'aéroport sous les yeux des taxis et voyageurs serait une idée à la con. Déjà qu'on me regarde avec insistance, je suis certain qu'il y en aurait à coup sûr un dans le lot pour prendre une photo. Je dois faire profil bas et pour ça, ça commence par garder ma chemise même si j'étouffe.

Je consulte mon téléphone pour vérifier si ma mère n'a pas cherché à me joindre depuis notre dernier échange, lorsque l'avion a atterri. L'écran s'allume, et c'est le nom de Jamyson qui apparaît sur mes dernières notifications. J'ai dix messages non lus. Depuis qu'on s'est quitté hier, j'ai l'impression d'avoir du plomb à la place du cœur. Il pèse lourd dans ma poitrine alors que je devrais être apaisé. Je ne comprends pas pourquoi je me sens si mal. On a fait le bon choix, j'en suis convaincu, mais j'ai cette étrange sensation que nos chemins sont désormais parfaitement parallèles, et qu'ils ne se croiseront plus. C'est idiot parce qu'on se reverra, on s'aura aussi au téléphone ou en visio. Notre amitié n'a pas bougé d'un pouce et ce n'est pas près de changer. Alors qu'est-ce qui m'arrive ? Pourquoi ça me fait autant de mal ?

Le cœur serré, je n'ai pas goût à lui répondre. Au lieu de ça, je clique sur la conversation avec ma mère. Je relis le dernier message qui date d'il y a une bonne heure avec pour seule information : « J'arrive ». Elle habite où pour mettre autant de temps ? A l'autre bout de l'État ?

C'est la première fois que je viens la voir depuis qu'elle a déménagé ici, il y a un an. Elle a voulu se rapprocher de sa sœur Joy, la seule famille qu'il lui reste en dehors de moi. Et ces dernières années, on peut dire que j'ai été un fils indigne. Je me suis contenté de messages ou d'appels sans la voir en face à face pendant un temps que je ne compte même plus. Cette situation lui a fait beaucoup de peine, j'en suis conscient. Être la bête noire dans la vie des gens que j'aime est ma spécialité. J'essaie de faire les choses bien, mais ça finit toujours par foirer.

Je me mords la lèvre inférieure, nerveux à l'idée que ces retrouvailles se passent mal. Des tonnes de ces foutus « Et si... » m'inondent le cerveau. C'est ma mère, celle qui a dû assumer la fonction entière de « parent » après le décès de mon père, ma première supportrice, la femme de ma vie en quelque sorte. Tout devrait donc bien se passer, peu importe le temps qui s'est écoulé depuis la dernière fois qu'on a partagé un vrai moment ensemble. Ce n'est pas une étrangère. Monter dans un taxi et partir sans rien dire ne devrait donc pas être une option envisageable. Pourtant, j'y pense de plus en plus.

Oui, c'est une bonne idée, je vais faire ça !

— Grant ?

Une voix féminine dans mon dos me fait sursauter. Je me tourne pour tomber nez à nez avec une femme aux cheveux aussi blonds que les miens. Coupés au carré, ils encadrent son visage fin dont les traits sont plus tirés que la dernière fois que nous nous sommes vus.

Ma bonne étoileOù les histoires vivent. Découvrez maintenant