RUNES - Livre 1 : La couleur de la trahison

CHAPITRES 37 à 39

                                                                             CHAPITRE 37

Maxime rassembla ses feuillets éparpillés sur son bureau, les classa et les rangea dans une chemise déchirée. Il avait terminé de rédiger son rapport sur les travaux à effectuer pour rénover les égouts de la cité.

Malgré sa première visite cauchemardesque où il s'était égaré dans les tunnels nauséabonds avant de manquer de se faire égorger par des bandits, Maxime y était retourné à six reprises. Il s'était ces fois bien préparé, se munissant de vieilles cartes qu'il avait mis à jour au fur et à mesure de ses pérégrinations, indiquant les passages effondrés, les voûtes fragiles et rajoutant même les raccourcis qu'il avait découvert. Il avait également demandé à être accompagné pour plus de sécurité et Berlio avait mis à sa disposition Johanna Vartan, une jeune femme qui venait de rejoindre la garde municipale. Elle n'avait tout d'abord pas été enchantée de devoir accompagner Maxime dans les égouts dès que celui-ci avait envie de s'y rendre pour ses recherches mais elle s'était résignée, finissant par apprécier sa compagnie.

En apprenant de quelle façon s'était déroulée la première escapade de Maxime sous terre, Johanna avait menè sa petite enquête. Mais elle n'avait pas retrouvé la trace de Hector Dopal, l'égoutier qui avait servi de guide à l'assistant.

Selon elle, le pauvre homme avait sûrement été tué par ceux qui s'étaient lancés à la poursuite de Maxime. Le cadavre de l'égoutier ne serait probablement jamais retrouvé et aucune recherche ne serait engagée. Un nombre affolant de personnes disparaissait d' Angarda et la garde n'avait pas les moyens de diligenter de véritables enquêtes. A moins que la victime ne provienne des beaux quartiers.

L'assistant avait indiqué les travaux prioritaires à accomplir et fourni une estimation du montant des frais nécessaires à cette opération. Il y avait fort à parier que Berlio ne serait pas enchanté des conclusions de son étude mais Maxime espérait que le ventripotent Conseiller saurait apprécier ses efforts.

Il était presque quinze heures et il devait se rendre à son rendez-vous avec le Conseiller Tancrel. Il espérait que ce dernier avait trouvé des indices concernant ce qui ressemblait bien à un détournement de fonds publics. Durant leur précédente rencontre, les deux hommes avaient décidé d'un commun accord de n'en parler à personne, attendant d'avoir épluché tous les documents en leur possession et de trouver une piste. Mais après la fouille de son appartement , Maxime avait décidé de tout raconter à Berlio. Il avait peur des menaces qui planaient sur sa tête depuis qu'il s'était attelé à ce dossier.

Il lui avait expliqué les éléments étranges que Tancrel et lui avaient découverts et comment son appartement avait été fouillé. Le gros Conseiller lui avait demandé de rassembler le maximum de preuves tandis qu'il allait lui-même demander au Conseil de se tenir prêt à se réunir en une session extraordinaire le plus tôt possible. L'assistant était persuadé que c'était Ulric le commanditaire, sinon pourquoi aurait-il insisté pour récupérer les dossiers ?

Maxime prit un couteau de cuisine qu'il dissimulait toujours sur lui, attaché à sa cuisse droite sous son pantalon. Il s'en servit pour déloger une latte de son plancher et sortit de sous celle-ci un sac à dos marron couvert de poussière et de saletés.

Il avait décidé de cacher ses objets de valeur à l'abri d'un autre cambriolage. Maxime sortit du sac quelques feuillets concernant les taxes, la plus grosse partie étant entre les mains de Tancrel. Il y rangea ensuite son rapport sur les égouts puis replaça la latte. Il regarda le sol satisfait : sa cachette était invisible. Il rattacha son couteau contre sa cuisse à l'aide d'un bout de corde et sortit pour rejoindre le bureau de Tancrel.