CHAPITRES 7 à 9

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CHAPITRE 7

Maxime Moham détestait la réunion hebdomadaire du mardi matin. La longue liste de problèmes qu'il devait exposer au Conseiller en entendant ce dernier rouspéter dans son bureau n'était que peu de choses comparé à l'issue fatidique de ces quelques heures de tempête verbale. Immanquablement, Berlio allait trouver une excellente raison pour confier les affaires les plus délicates et insolubles à Maxime.

Pour ne rien arranger, il était de nouveau en retard et les gloussements amusés des gardes sur son passage affolé ne l'aidaient en rien à se concentrer. Maxime courait à travers les couloirs du palais en s'efforçant de boutonner sa chemise sans faire tomber les piles de rapports qu'il avait callé sous ses bras. Il parvint finalement devant le bureau de Berlio.

Le sergent Gaïus se tenait devant la porte, son uniforme bleu ciel impeccable et son épaisse moustache en brosse lui donnaient un air autoritaire que Maxime envia tandis qu'il remettait de l'ordre à ses cheveux et reprenait son souffle. Le sous-officier lui adressa un sourire sarcastique et lui chuchota quelques mots avant de le laisser entrer.

-Il a l'air de mauvaise humeur ce matin. Bon courage !

Maxime pénétra dans un petit patio et jeta un coup d'œil à l'assistante personnelle du Conseiller, assise derrière son bureau. Elle ne quitta pas Maxime des yeux alors qu'elle désignait de son crayon une porte située sur sa droite. Ses lèvres pincées et son regard désapprobateur ne firent rien pour rassurer le jeune homme qui frappa doucement.

La voix de Berlio, grasse et traînante rugit de l'intérieur de la pièce, ordonnant à Maxime d'entrer. Ce dernier entrouvrit la porte et se faufila dans le luxueux cabinet de travail.

Les murs étaient décorés avec des panneaux de bois clairs et la lumière crue de l'extérieur se déversait avec chaleur dans la pièce. Le Conseiller se tenait engoncé dans sa redingote de soie violette derrière son imposant bureau de chêne et fixait Maxime de ses petits yeux porcins. Celui-ci baissa le regard devant le visage rubicond du Conseiller qui le fixait avec froideur.

-Vous nous faites enfin l'honneur de votre présence, Maxime ?

-Euh oui Conseiller, enfin je veux dire, excusez-moi monsieur pour ce retard...

Berlio se leva en frappant ses deux poings boudinés sur sa table de travail, faisant tomber une pile de dossiers par terre. Maxime ferma aussi sec la bouche et fit instinctivement un pas en arrière, aussitôt stoppé net par la porte close.

-Cessez de gigoter d'une jambe sur l'autre de cette façon ! Cela fait bien une demi- heure que la réunion a commencé ! Mademoiselle de Narvalle et monsieur Ganor sont arrivés à l'heure, eux !

Maxime jeta un coup d'œil aux deux autres adjoints assis dans de confortables fauteuils devant le bureau du conseiller. Ulric Ganor faisait mine de regarder le ciel par une grande fenêtre en frottant sa petite moustache ridicule mais Maxime savait bien qu'il ne perdait aucun des pics de Berlio. Il ne manquerait pas de les répéter et de les amplifier pour faire partager son humiliation au plus grand nombre au sein du Conseil.

Quant à Natalia de Narvalle, elle jouait nerveusement avec une mèche de ses longs cheveux auburn qu'elle enroulait autour de ses doigts. Elle était aussi resplendissante que d'habitude et sa longue robe noire mettait en avantage ses formes généreuses. Elle croisa le regard de Maxime et détourna aussitôt les yeux alors que celui-ci lui adressait un mince sourire.

-Asseyez-vous et reprenons.

Maxime prit place à la gauche de Natalia et tria rapidement les notes qu'il avait emportées à la volée.

RUNES - Livre 1 : La couleur de la trahisonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant