CHAPITRES 34 à 36

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                                                                           CHAPITRE 34

Nicovic descendit de son cheval avec soulagement. Cela faisait trois jours qu'il chevauchait de l'aube au crépuscule sans s'arrêter et il était perclus de courbatures. Il se débrouillait plutôt bien même s'il avait eu besoin de l'aide de Baurus pour se mettre en selle et qu'il avait failli tomber à plusieurs reprises quand il avait poussé son destrier au galop pour la première fois.

Le voyage se déroulait sans encombre, leur groupe n'avait croisé âme qui vive mis à part quelques animaux effrayés fuyants leur passage et des paysans soupçonneux gardant leurs distances.

Ils avaient longé des centaines de champs, parfois en friches, depuis qu'ils avaient quitté la forêt. Les cavaliers avaient aperçus quelques fermes éparses et des regroupements de cabanes miteuses mais n'avaient traversé que deux villages dignes de ce nom. Ils ne s'y étaient pas arrêtés à la vue de la mine revêche de leurs habitants. Les cultures de maïs, de blé et d'avoine étaient, pour la plupart, dans un état médiocre, seules les pousses les plus résistantes survivaient aux rayons brûlants du soleil et de-ci de-là des plants anormalement difformes sortaient de terre pour s'élever de façon grotesque vers le ciel.

Heureusement, les sacoches suspendues aux flans de chaque cheval fournis par Yvan de Colombes contenaient assez de provisions, viande et fruits séchés, pain sec ainsi que d'eau pour que la nourriture ne soit pas un souci.

En se frottant les fesses et en faisant la grimace, Nicovic prit les rênes de son cheval et partit à la suite d'Uran et de ses compagnons. L'exploratrice les guida jusqu'à une mare d'eau stagnante où ils laissèrent les chevaux se désaltérer puis brouter pendant qu'ils s'installaient quelques mètres plus loin pour la nuit.

L'air s'était rafraîchit et tous se rapprochèrent des flammes de leur feu de camp. Ils mangèrent en écoutant Uran raconter en détails un de ses voyages dans les Steppes aux Pierres Levées. La jeune femme semblait avoir été partout et était intarissable sur le sujet.

Quand vint l'heure de se coucher, Nicovic se proposa de prendre le premier tour de garde. Tandis que ses compagnons dépliaient leurs couvertures, se préparant à se coucher, il fit une ronde aux alentours du camp. Il s'endormait sur place et espérait que marcher un peu lui permettrait de rester éveillé le temps qu'Uran le remplace.

Le voleur marchait prudemment, les herbes folles pouvant cacher des trous et des ornières. C'est d'ailleurs pour cette raison que le groupe n'avait pas coupé à travers champs, il y avait trop de risques que les chevaux se brisent une patte en galopant.

Nicovic monta sur une petite butte surélevée mais ne parvint pas à distinguer grand-chose dans l'obscurité ambiante. La nuit était tombée depuis deux heures et de lourds nuages masquaient la pleine lune qui brillait dans le ciel étoilé. Un peu plus loin, le feu du campement brûlait doucement et il repartit dans cette direction.

A mi-chemin, une grande touffe d'herbes hautes s'agita en bruissant. Nicovic s'arrêta net et s'empara de son poignard. Il scruta les fourrés enténébrés qui avaient bougé sans voir ni entendre quoi que se soit de plus. Ce n'était sans doute qu'un petit animal qu'il avait effrayé et qui était déjà loin. Nicovic garda son arme à la main et pressa le pas en direction du campement.

Il était presque arrivé quand un feulement rauque résonna derrière lui. Le voleur se retourna d'un bloc, découvrant un gros chat sauvage qui sortait lentement des herbes. D'une robe marron clair, l'animal arrivait à hauteur des genoux de Nicovic et devait bien peser une vingtaine de kilos. Le chat se mit à gronder en dévoilant ses crocs acérés. Il avança vers les compagnons endormis de Nicovic en décrivant un arc de cercle pour contourner le jeune homme. Celui-ci se décala sur la droite pour rester en face de l'animal et l'empêcher d'attaquer le groupe. Il décida de ne pas les réveiller de peur que le chat ne s'affole dans l'agitation et se jette sur eux. En restant calme et ferme, peut être que l'animal se contenterait simplement de partir.

RUNES - Livre 1 : La couleur de la trahisonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant