CHAPITRES 13 à 15

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CHAPITRE 13

Une patrouille du guet remonta la rue en courant, leurs armures s'entrechoquant en un cliquetis métallique déplaisant. Nicovic sortit de l'obscurité d'une petite allée puante et jeta un coup d'œil dans la direction vers laquelle ils avaient filé. La mort du mécaniste avait mit le quartier en émoi. Mais Nicovic était arrivé à destination et pourrait y rester caché le temps que l'affaire se tasse.

Il recula dans l'ombre et quelques mètres plus loin, frappa à une porte en bois détrempé. Trois coups rapides et deux coups puissants du plat de la main. La porte s'ouvrit et le voleur se faufila dans le bâtiment délabré. Une fois à l'intérieur, il se retrouva entouré d'une demi-douzaine de gaillards à l'air peu accueillants. Ils avaient tous l'air de brigands et à la ceinture de chacun d'entre eux pendait une épée courte ou des couteaux. Éclairé par la lueur d'une des torches qui brûlait dans la grande pièce principale, le voleur reconnut l'un d'eux. Il l'avait croisé deux fois et il lui semblait même avoir bu un coup avec lui un soir.

-Salut Stephen, le salua Nicovic en s'avançant pour lui serrer la main.

-Bouge pas ! le coupa un des hommes, sûrement le chef du groupe.

Il lui saisit le bras et plaqua la lame de son couteau contre sa gorge. Nicovic ressentit une impression de déjà-vu, même si à peine une demi-heure plus tôt, c'était lui qui tenait le couteau et non sa propre gorge qui lui était offerte. Le voleur vit les autres hommes qui l'entouraient sortir leur lame de leur fourreau et retint son souffle, n'osant pas bouger le petit doigt.

-Doucement Ray, je le connais, c'est Nicovic Drake.

Stephen était le seul à ne pas avoir sorti son arme et faisait signe aux autres de ranger les leurs.

-Désolé, répondit Ray en relâchant son emprise et en abaissant sa lame, donne-moi quand même le mot de passe.

Nicovic s'accroupit et dessina un motif dans la poussière qui tapissait le sol. Il traça un cercle plein, censé représenté une pièce d'or, puis l'entoura d'un œil. À sa vue, Ray rengaina son arme et donna une bonne claque sur l'épaule de Nicovic qui se relevait, manquant de le renvoyer par terre.

-Excuse-moi ! On est tous un peu à cran avec ce qui est arrivé au Pilier. Les gardes patrouillent dans tous les sens...

-Pas de souci, vous faites votre boulot. Certains des nôtres ont été pris ? Vous savez ce qu'est devenu Alfus ?

-On n'a pas d'infos là-dessus, répondit un des hommes de mains. Foutus Veilleurs !

Ses compagnons l'approuvèrent en grommelant et en jurant. Nicovic se frotta la gorge et regarda autour de lui. C'était la première fois qu'il pénétrait dans cet endroit. Les points de rassemblement de la Guilde changeaient régulièrement.

Il se trouvait dans une longue salle haute de plafond plongée par certains endroits dans une obscurité totale, certainement un ancien entrepôt. Seules trois torches éclairaient l'endroit. Deux d'entre elles étaient accrochées à quelques mètres, de chaque côté de la porte, illuminant quelques tabourets et une table autour de laquelle les confrères de Nicovic disputaient une partie de dés avant que celui-ci ne les interrompe. Le troisième flambeau brûlait au fond de l'entrepôt, révélant plusieurs tapis moisis qui devaient cacher l'entrée de la base volante de la guilde.

Les autres voleurs retournèrent à leur partie en gardant un œil amusé sur Nicovic. Ray ordonna à Stephen d'accompagner le nouveau venu d'un signe de tête et s'installa à son tour sur un des tabourets. Sans un mot, les deux hommes se dirigèrent vers les tapis en loques et Nicovic fit mine de s'accroupir pour les tirer de côté mais se releva sans les avoir touchés.

RUNES - Livre 1 : La couleur de la trahisonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant