Avant~10

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Le bras du chef entoure mes épaules et me maintient sur mes jambes. Sinon, je m'écroulerais. Je n'écoute pas son discours qui me remercie de mon courage et je ne sais quel autre baratin. J'ai des vertiges, des sueurs, des frissons. J'ai la chair de poule pourtant j'ai très chaud. Mes membres sont comme engourdis et mon cerveau complétement embrumé. J'ignore ce qui m'arrive mais je sais que c'est en rapport avec mon sacrifice. J'ai été fou de me porter volontaire pour aller dans cette école. Je vais y laisser la peau c'est sûr. Puis le chef se tait. C'est mon tour. Je dois dire quelque chose. J'ai envie de crier : C'est de la folie. Je vais mourir. Arrêtez de me regarder avec cet air-là. Je ne suis pas encore mort et vous m'avez déjà enterré.

-Merci à vous tous mais c'est mon devoir de résistant d'aller sur cette école. Je suis très honoré de pouvoir contribuer à nous libérer de la terreur et de la tyrannie. Je reviendrais. Je ne vous dis pas « adieu » mais « à bientôt »

Je ne sais même pas comment j'ai réussi à débiter ces mensonges. Ils sont venus dans ma bouche sans même être passer par cerveau. Le pire, c'est que même moi j'ai failli y croire.

Tout le monde applaudit. Ils m'ont presque cru eux aussi. Je descends de l'estrade en souriant avec assurance. Il faut que je retourne dans ma chambre pour rassembler quelques affaires puis direction la salle des archives. J'ai une mission à accomplir ou un suicide. Je ne dois pas penser à ça. Je dois croire que je vais y arriver.

-Solfian, non! N'y vas pas!

Valentine surgit de nulle part et me barre la route.

Je l'enlace et je lui chuchote:

-Tu sais bien qu'il n'y a que moi qui puisse réussir. Tu le savais depuis le début. Hier, quand tu m'as tout raconté, tu savais que ce serait moi.

Je la lâche. Elle sait qu'elle ne pourra pas me retenir. Elle refoule ses larmes, me regarde tristement et disparaît dans le couloir.

Une fois dans ma chambre, je ramasse ma veste noire et ma montre. Je fourre quelques affaires dans un sac à dos. Des vêtements, une lampe de poche, une couverture assez miteuse, des crayons, des livres. Je vais devoir retourner vivre à la surface à présent et j'ignore de quoi je vais avoir besoin dans cette école. Je mets également une trousse de secours. On ne sait jamais. Les cicatrices d'Alexeï me rappellent constamment mon imprudence.

Je prends l'ascenseur pour aller dans la salle des archives lire le rapport de mission. A mon grand étonnement, celle-ci n'est pas vide. Il y a Valentine, La Chieuse et un autre homme que je ne connais pas. Il est plutôt grand, brun et il a les yeux noirs. En vérité, il est assez banal. Il n'a pas la carrure d'un gorille, de tatouages sur tout le corps et un anneau dans le nez, il a simplement une petite boucle d'oreille discrète à l'oreille droite.

-Qu'est-ce que vous faites là ?

-Tu ne croyais tout de même pas que tu allais te pointer dehors et dire : « Salut, je suis très dangereux, vous pouvez m'envoyer dans votre école secrète et bien cachée où vous torturer et manipuler les élèves s'il vous plait ? », réponds sarcastiquement La Chieuse

C'est vrai. Je ne me suis pas demandé comment j'allai intégrer l'école.

-La Chieuse, laisse ce pauvre gamin tranquille. Ce qu'il fait est déjà remarquable, rit l'homme. Au fait, je m'appelle 6243 mais tu peux m'appeler papa maintenant.

Euh... D'accord... Je comprends de moins en moins.

-OK, donc tu es un petit garçon qui vient d'arriver avec sa famille dans une petite ville de Chine. Tu viens de très loin, d'un pays où on parle français mais naturellement, tu n'en connais pas le nom. Je suis ta mère, il est ton père. On a déménagé parce qu'il cherche du travail. Tu ne sais pas comment on a atterri ici. Un jour je t'ai réveillé et je t'ai demandé de faire ton sac. Ensuite, on est monté dans un train. On a roulé longtemps. Tu n'as rien compris. On a traversé la campagne à pieds et puis je me suis arrêté devant une maison et j'ai dit : « Voici notre nouvelle demeure ». Tu as été très triste parce que tu ne reverrais plus jamais ton autre maison, tes amis et ton petit chat roux, dit-elle avec une grimace

...Mais tes yeux ont disparu...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant