Avant~2

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Notre défi est dangereux. Nous allons y passer, enfin surtout moi, pas elle. Nous avons décidé de comment nous allions nous affronter. C'est simple, le meilleur de nous deux. Les meilleures notes, le meilleur comportement, le plus respectueux, le plus attentif. On joue avec le feu. Je suis passé deuxième de la classe, elle est la première.  J'ignore les regards de la maîtresse et des policiers, elle ne gagnera pas. Je vais lui prouver qu'elle aussi, elle peut perdre. Je vais lui montrer qu'elle ne peut pas tout avoir. Tant pis si cela me conduit dans les embrouilles. De toute façon, ils ne vont pas me tuer pour avoir été bon à l'école ? Si ?

Nous continuons à nous affronter malgré les mises en garde de Thomas. Tous les soirs, il me rabâche toujours les oreilles avec c'est : « Tu ne devrais pas faire ça. Tu te mets en danger, toi et ta mère. Qu'est-ce que ça t'apporte ? Tu vas finir pas être tuer. » Je n'avais jamais remarqué à quel point lui, il avait peur.

Maintenant, il me supplie presque : Solfian, je t'en prie, arrête cette folie tant qu'il est encore temps. Non mais pour qui se prend-t-il ? Mon père ? Ma mère ? J'ai décidé de prouver que ces grands hommes qui croient nous contrôler ne décident pas pour nous, qu'ils ne sont pas supérieurs à nous. Ces grands hommes et ces grandes femmes dont tout le monde a si peur.

Pourtant, ce soir-là, à la sortie des cours, Valentine m'attend. Elle me fait signe de la suivre et je la suis. Elle semble plutôt inquiète. Nous marchons longtemps. Nous nous enfonçons dans les champs de blé. La nuit est presque tombée quand enfin elle s'arrête. Nous sommes devant une petite maison en pierre grise. Les fleurs ont poussé à travers les briques et des coquillages décorent la fenêtre. La porte en bois est colorée de milles couleurs. Cette maison est toute seule, perdue devant un fossé. On entend un étrange grondement. Je m'approche du fossé  et je m'aperçois qu'il n'y rien de l'autre côté, pas de deuxième bord au fossé. Je me penche et je vois une surface lisse et sombre qui s'étend à perte de vue. On pourrait presque confondre cette plaine avec le ciel sans les étoiles et la lune qui, reflétées dans ce miroir noir, sont striées d'étranges ondulations troublant leur image. Le grondement, ou plus exactement la douce musique, provient du pied de cette falaise où cette chose saugrenue semble venir frapper pour ensuite repartir en millier de petit point blanc et noir qui brillent dans la lumière de l'astre de la nuit. A certain endroit, on peut voir une mousse blanche flotter sur cette substance goudronneuse percée par quelques rares rochers.

-Qu'est-ce que c'est ? je demande à Valentine, surpris

Elle rit. Je la regarde interloqué. Ma question est-elle si drôle ? En voyant mon expression d'incompréhension, elle s'arrête.

-Tu ne sais vraiment pas ce que c'est ?

Je fais non de la tête.

-C'est la mer ! dit-elle comme si c'est parfaitement logique

La mer ! C'est donc à ça que ressemble la mer ! C'est... je ne sais pas, surprenant. Je ne me l'étais pas imaginé comme ça et certainement pas si près de chez moi. Depuis quatorze ans, j'habite à côté de la mer et je ne le savais même pas ! Ma mère le sait-elle ? Ma mère. Si je ne rentre pas bientôt, elle va s'inquiéter. Je me tourne vers Valentine et lui demande pourquoi elle m'a amené ici. Elle me fait entrer dans la maison et elle ferme la porte.

-Tu ferais mieux de laisser tomber

Quoi !? elle continue :

-Tu es très fort mais je suis meilleure et en plus, tu vas avoir des problèmes, de gros problèmes. Il vaut mieux pour ta sécurité que tu redeviennes l'élève moyen, normal, banal et sans intérêt, euh... non... Oublie ça. L'élève normal, comme tout le monde avant qu'il ne soit trop tard.

...Mais tes yeux ont disparu...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant