...Mais tes yeux ont disparu...

Lune~9

Ses yeux noirs. Ses cheveux gris. Son énorme bague au doigt.
Je ne pense qu'à lui. Il m'obsède. Tous les jours, toutes les nuits, toutes les heures. Je vois son regard de démon encore et encore et encore. Sauf que maintenant, je n'ai plus peur. Je plonge mes yeux dans les siens et je les brûle avec ma haine et ma colère. Il va mourir. Je me le suis promise. Je vais le tuer.
Je ne pense qu'à ça. Ma colère ne disparaît jamais. Je revois encore et encore tous les gens qu'il a tués. Leurs regards me hantent. Leurs morts tournent en boucle dans ma tête. Plus rien d'autre ne compte que la vengeance. Je n'ai plus peur de rien. Je ne veux plus rien à part la mort. Maintenant, il doit payer le prix de ce qu'il a fait. Pas de pitié. Je veux le voir brûler dans les flammes de l'enfer. Je veux arracher ce sourire carnassier de ses lèvres...

-Isabelle! Tu m'écoutes?

Je me tourne vers Solfian mais je ne le vois pas. Je vois Charles Aïatola.

-Oui pardon, tu disais ?

-Non rien ce n'est pas grave, dit-il déçu mais je n'insiste pas.

Je suis trop occupée à repenser encore et encore le meurtre du président.

-A quelle heure madame Chauve veut-elle nous voir ? je demande

-Je te l'ai déjà dit quatre fois aujourd'hui, grogne Solfian. Elle veut nous voir à 20h dans son bureau.

-Oui merci.

-Isabelle, est-ce que tu vas bien ? demande Solfian pour la dixième fois de la journée.

Depuis que je suis revenue, il me pose cette question toute les deux heures.

-Oui, je vais très bien, je m'énerve

-Tu es sûre ? Parce que je te trouve...bizarre. Tu sais, tu peux m'en parler. Je suis ton ami et...

-Solfian ! Tu n'es pas mon père! Cesse de t'inquiéter, je vais très bien! je réplique sèchement

Alors le silence s'installe. Je m'en fiche. J'aime bien le silence. J'aime bien quand Solfian se tait.

-Tu te souviens de notre rencontre maintenant, dit-il en brisant le silence

Je souffle. Il ne se tait donc jamais.

-Oui.

-Et de ton arrivée ?
Ses yeux noirs. Ses cheveux noirs. Son énorme bague.

-Oui, je me souviens de tout.

-Même de ta vie avant ton arrivée ici?

Non. Je ne me souviens pas encore de ça.

-Non, je réponds agacée

-J'ai la photo de tes parents. Tu veux l'avoir?

Là j'explose. Je n'en peux plus de cet interrogatoire. Il m'énerve avec ses questions débiles. Il y a des choses plus importantes comme faire exploser cette école et tuer Charles.

-NON! JE M'EN FICHE DE TA FICHUE PHOTO! LAISSE-MOI TRANQUILLE!

Il recule étonné. Je me suis énervée sur lui toute la semaine. C'est déjà la troisième fois aujourd'hui mais jamais il n'a eu l'air aussi surpris.
-Tu es vraiment bizarre, dit-il froidement. Tu n'es pas obligé de t'énerver sur moi. Je disais ça pour toi, puis il ajoute sèchement : C'est moi qui suis venue te chercher et c'est moi qui vais te ramener. Sans moi, tu resterais ici pour toujours. Souviens t'en, s'il te plaît.

Ses paroles bourdonnent dans mes oreilles.

-VA T'EN, je crie

Son regard se durcit et me transperce, tranchant comme une lame froide.