Pouvoir & Vengeance

Chapitre 3 : Mensonge après mensonge

Je détestais avoir à lui mentir comme ça. Riley pourrait être un frein à notre relation, et après tout ce qui m'est arrivé, Jason est la meilleure surprise que je n'ai jamais eue. Bien sûr, il se doutait de quelque chose : j'étais toujours soucieuse de mon avenir tant qu'à Riley. Ses menaces avaient l'air sérieuses.

- Tu ne manges pas ? me demanda Jason en poussant mon plateau vers moi.

Je regardai mon plateau. Il contenait de la laitue, des pâtes, un yaourt et une pomme. Cette nourriture me retournait l'estomac. Non pas que je n'avais pas faim, mais ce stress m'empêchait de manger ou même regarder des aliments.

- Je n'ai pas faim, lui répondis-je.

Je me concentrai sur son plateau intact.

- Je n'ai pas non plus très faim, me dit-il en suivant mon regard.

Il détourna son regard mais je n'y fis absolument pas attention. Selina, désormais amie avec moi depuis sa fête, secoua sa longue chevelure brune et soupira.

- Ma cousine a été anorexique, nous dit-elle. Ce n'est pas une honte, vous savez...

- Je ne suis pas anorexique, la coupai-je, vexée.

- Moi non plus, dit Jason plus calmement. Mais c'est gentil de te préoccuper de notre santé Selina.

Moi ? Anorexique ? L'anorexie démontre un complexe de soi. Or je ne suis absolument pas complexée par mon apparence physique.

- Ouf ! J'ai eu peur ! commença Selina. Des gens font des régimes dingues, se font refaire le nez et la bouche, ou se fassent vomir pour paraître plus beaux et sûrs d'eux. Mais pour moi, c'est encore plus pitoyable. Ou l'on nait avec un corps sublime, telle l'élite de la société, ou l'on nait banal. Je ne plains pas les gens différents de moi, c'est-à-dire banals, mais autant qu'ils assument leur laideur en face des gens. Je préfère les personnes qui disent : « Je sais que j'ai un sens de la mode totalement absent et que je devrais être brûlé pour faute de goût, mais je suis qui je suis et je suis fier d'exprimer ma laideur au monde entier » plutôt que quelqu'un se faisant passer pour ce qu'il n'est pas. D'un autre côté, les gens exhibant trop leur laideur et leur sens absent pour toute beauté, quelle qu'elle soit, sont énervants et pathétiques.

- Nous sommes riches, beaux et intelligents, dis-je en rigolant. Pourquoi serions-nous anorexiques ?

Jason ricana, percevant la pointe d'ironie, mais Selina était absorbée dans l'analyse de ce que je venais de dire.

- Tu as raison, dit-elle. Mon père m'a toujours dit de rester avec les gens de ma classe sociale et de traiter les autres tels des détritus. Mais je ne l'ai pas écouté. Je reste avec des gens pathétiques et je fais semblant d'être amie avec eux. Par exemple, je fais des efforts tous les jours. Regardez, j'ai mis des bottes plates !

J'éclatai de rire. Mais mon rire était jaune. Selina n'était qu'une garce superficielle en fin de compte. Je ne la pensais absolument pas et son long discours me rendait nostalgique.

- Si on faisait une centrale électrique avec l'égo de Selina, on éclairerait trois fuseaux horaires différents, me dit Jason, aussi choqué que moi lorsqu'elle fût partie.

Je poussai mon plateau, ayant définitivement perdu l'appétit. Mon heure d'histoire passa vite.

Jason m'attendait chez moi, ayant fini plus tôt. J'ouvrais ma porte et me dirigeai vers le salon. Jason rigolait avec un jeune blond assis sur le canapé.

- Jenna ! me dit Jason. J'ai trouvé ton cousin sur le pas de la porte !

Riley se retourna avec un sourire éclatant.

- Salut cousine !

Il se leva et vint me serrer dans ses bras.

- Attention Jenna, me prévint-il en chuchotant, j'ai envie de jouer, alors fais des efforts.

Je me détachai de lui et sourit de toutes mes dents, pourtant dégoutée de devoir mentir.

- Je passais juste pour dire bonjour, mais je suis en retard pour un rendez-vous, dit Riley.

- Moi aussi, dit Jason.

Je les raccompagnai à la porte. J'étais soulagée qu'ils partent, même si la visite avait été très courte. Jason s'éloigna mais Riley resta un peu plus.

- C'est quoi ce plan ? hurlai-je. Sale psychopathe ! Tu penses que tu peux débarquer dans ma vie comme ça et balancer à mon petit ami que nous sommes cousins ?

- Ne me pousse pas à bout Jenna, me menaça-t-il. Je te connais suffisamment pour savoir que tu sais très bien mentir. Donc ton Jason va devoir à entendre tes mensonges pendant un petit moment. Sinon n'oublie que ton passé n'est qu'à quelques mètres de cette maison.

Je le poussai dehors et m'enfermai. Je regardai à travers le judas : il était parti ! Je sortais de chez moi et je me mis à courir pour évacuer ma rage et mon malheur. Je faisais le tour du pâté de maison et me dirigeai vers un coin tranquille pour me changer les idées. Je passai devant un café quand je le vis.

Non...plutôt que je les vis. Jason et une brune de mon âge, absolument magnifique.

Jason avait eu le même comportement que moi depuis quelques jours. Je n'avais pas fait attention mais maintenant tout était clair.

Mais ne t'inquiète pas, trésor. Toi et ton rendez-vous secret, vous allez en baver.