Chapitre 17 : Concordance de révélations

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J'étais horrifiée. J'avais été prête à tout pour faire tomber Avery, et j'étais redevenue l'ancienne Jenna. J'avais perdu Jason et ma conscience. J'étais retournée dans mon repaire et avait effrayée Avery. Je savais qu'elle avait peur de moi : son sourcil droit se levait un peu quand elle avait peur. Je me regardais dans le miroir : blonde, yeux bleus, robe cintrée courte bleu électrique, mascara, Jimmy Choos. Je n'avais pas changé. Mais je me sentais différente à l'intérieur : mon passé avait ressurgi, tout comme mon côté de pétasse superficielle.

Avery n'avait pas changé : ses longs cheveux de couleur feu posés sur son épaule, ses habits de marque, ses chaussures hors de prix, ses lèvres pulpeuses, ses longs cils noirs, ses yeux noirs comme le fond d'un puit dans lequel on pourrait basculer : elle était restée la même. Elle n'hésitait à enfoncer les gens plus bas que terre trois fois de suite pour les faire taire.

Mon téléphone se mit à sonner. Je vis sur l'écran que Jason m'appelait. Je soufflais et décrochais.

- Allo ?

- Jenna...

Je reconnus dans sa voix brisée par le chagrin du désespoir.

- Que se passe-t-il ? demandai-je, affolée.

- Clara...

J'eus un atroce pressentiment. Son procès s'était passé il y a deux jours et j'avais oublié. J'avais tellement honte. Je devrais me mettre des baffes.

- Elle est en prison...

- Jason, je suis vraiment désolée...

- Son avocate est en train d'appeler, je dois te laisser.

Il raccrocha. Clara était en prison. Je n'avais pris aucune nouvelle.

Mon téléphone sonna à nouveau. Je regardais le numéro et décrochai avec un grand soupir.

- Salut ma puce !

- Qu'est-ce que tu veux Riley ?

- Te donner l'adresse d'un cimetière. Il y a une personne que tu connais là-bas. Je veux dire morte, enterrée, sous terre, enfin tu as compris. Elle s'appelle Susan Darkbloom.

- Avery te l'a dit ?

- Bien sûr ! répondit-il. Avec Avery, on se partage tout.

- Vraiment tout ? demandai-je avec un ricanement mauvais.

- Nos peurs, nos secrets, notre salive...

Je me figeai. Mon corps était plus immobile qu'une statue.

- Votre...

- Tu as bien compris, dit Riley. On sort ensemble. Mais ce n'est pas de ça que je voulais te parler.

-Tu as trente secondes, parle !

- Tu sais, la fille morte qui s'est suicidée à cause de toi, selon toi ?

- Comment ça, selon moi ?

- Elle ne s'est pas suicidée.

Je m'affalais sur mon canapé, les mains tremblantes.

- Susan est vivante ? demandai-je.

- Non, elle est bien morte et enterrée, mais elle a été assassinée. Et Avery a soudoyé plusieurs personnes pour le te cacher. D'ailleurs le procès de l'assassin s'est passé il y a quelques jours. Ils l'ont envoyé en prison. Voilà, au revoir ma puce !

Il raccrocha avant que j'aie eu le temps de l'insulter.

Deux révélations dans la gueule d'affilée ! Je ne pouvais plus rien supporter. Les deux à propos de meurtre et de prison. C'était trop gros pour être une coïncidence. Je devais pourtant en avoir le cœur net. Je pris mon sac et mettais sur mon téléphone l'itinéraire jusqu'à la prison. Je devais voir Clara. Je pris mon manteau et ouvrit la porte. Je poussais un hurlement en voyant une chevelure rousse fondre sur moi. Avery me poussa, en pleurs, et partit s'assoir sur mon canapé.

- Désolée de venir comme ça, j'aurais dû de prévenir.

Je la fixais, rouge de colère. Elle vit sur mon visage quelque chose d'autre que de la colère...de l'anxiété.

- Qu'est-ce que j'ai manqué ? demanda-t-elle en ayant peur que je sache quelque chose qu'elle ne saurait pas.

- Peut-être une invitation ?

- Il a accroché des photos d'elle partout...

- Qui ? Des photos de qui ?

- Riley a accroché des photos de Susan partout et je ne pouvais plus le supporter.

- D'après ce que j'ai vu tu n'as aucun remords, Avery, jouai-je avec ses nerfs.

- Arrête ! Je me sens affreusement coupable à propos du... suicide.

- Je t'en prie, arrête de te foutre de moi ! Riley m'a dit que c'était un meurtre et que tu me l'avais caché !

- Tu ne comprends pas !

- Alors parle !

- Je l'ai tué ! J'ai tué Susan !


PDV Riley :


- Je suis désolée, dit l'avocate de Clara à Jason. Mais le procès est passé et je me suis entretenu avec certains de mes associés. Si je relance l'enquête, les arguments sont tellement faibles que nous sommes sûrs de perdre. Je suis désolée, mais je risquerai ma réputation en me réengageant dans cette affaire. Il n'y a rien à faire pour aider votre sœur. Il vaudrait mieux vous faire à l'idée que votre sœur va passer sa vie entière en prison.

- Je comprends, dit Jason, déprimé. Merci pour tout.

L'avocate se retira et vint à mon encontre.

- J'ai dit ce que vous m'aviez dit de dire, dit-elle.

Je sortis de mon sac une liasse de billets.

- J'aurais pu dire à tout le monde ce que vous faîtes, me dit-elle.

- Et j'aurais pu mentir à mon père pour ternir votre réputation, répondis-je. Et on aurait perdu tous les deux. Ici tout le monde gagne.

- Sauf les Hamilton...

- Je vous ai menacé une fois, la menaçai-je, je pourrai recommencer. Je vous donne une opportunité de garder votre réputation. Saisissez-la.

- Comme vous avez choisi la vôtre, M. Swan ?

Elle s'éloigna avec un air de dégout. Je m'éloignai, satisfait.


Pouvoir & VengeanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant