Départ Dans les eaux calmes
Enfin, le Titanic partit.
J'entendis vaguement des gens discuter au sujet de possibles passagers clandestins qui se seraient cachés quelque part dans le paquebot.
Peut-être pensaient-ils trouver le bonheur à New York ? pensais-je.
Mon frère et moi devions nous rendre chez notre grand-tante, ce n'est pas que je l'appréciais particulièrement mais Peter tenait beaucoup à elle. De toute manière, ont ne désobéissaient jamais aux ordres de Kate et Richard : nos parents.
Nous habitions à Londres depuis toujours, si bien que je connaissais par coeur le nom de chaque rue ainsi que l'emplacement exact de chaque statue. Il pleuvait souvent mais j'avais fini par m'y habituer.
Mes parents nous avaient emmené à Southampton Peter et moi pour entreprendre ce voyage inaugural.
Si j'avais su ce qui suivrait, c'est sûr que j'aurais pris le temps de dire à mes parents que je les aimais, surtout, notre grand-tante allait nous attendre longtemps !
Je longeais le long couloir bordé de cabines d'une démarche vacillante, toujours malade. Il me fallait de l'air de toute urgence !
En passant, j'aperçu un groupe de personne qui eux aussi, semblaient se diriger vers la sortie.
- Ce bal sera magique ! On dit que des célébrités y seront même conviées ! Je suis impatiente d'essayer ma nouvelle robe ! s'exclamait une femme maquillée à outrance, arborant un collier de perles qui devait valoir des millions à lui tout seul.
Je poursuivis ma route jusqu'à ce que je parvienne sur le pont. Je m'accoudais alors au bastingage, secouée d'un haut le coeur.
- Je me demande ce qu'ils trouvent tous au Titanic ! Pour moi ce n'est rien qu'une coque vide aux cabines minuscules et aux lits inconfortables ! lança un homme qui s'était arrêté derrière moi.
Je me retournais vers lui.
Il était séduisant et jeune, le sourire aux lèvres, il semblait s'amuser follement sur ce paquebot malgré ce qu'il disait.
- Vous vous n'êtes pas ma...maaa...murmurais-je en serrant les dents.
Je me penchais par-dessus bord, tentant de calmer les battements affolés de mon coeur.
- Maaaa quoi ? reprit-il en m'imitant. Malade ? continua-t-il, non mais j'aimerais bien, ça m'éviterait de devoir supporter tout ces gens prétentieux, en particulier les parfums horribles de ces femmes...
Je reportais mon attention sur lui.
- Vous n'avez rien d'autre à faire que m'importuner ! m'agaçais-je en avalant péniblement ma salive.
- Je suis désolé ! dit-il en riant toujours.
Je me mis à rougir.
- Ecoutez, je comprend votre embarras, vous le croirez ou non mais je ne suis moi-même pas du tout à l'aise en voiture !
Il m'offrit un sourire sincère et compatissant, ce qui me réconforta un peu.
- La mer ce...n'est pas du tout mon truc ! lâchais-je, à vrai dire, je ne sais même pas nager confiais-je.
- Vous savez ce qu'on raconte ? questionna l'homme en s'avançant vers moi, s'accoudant au bastingage à mes côtés.
Je fis la moue.
- Je sens que vous allez me le dire ! soupirais-je, me demandant quand il me laisserait enfin en paix, à vrai dire, j'étais terriblement gênée qu'il m'ait vu dans un état pareil.
Son sourire s'élargit encore et je me décidais à l'écouter.
- On raconte que des monstres marins peupleraient l'océan, certains disent même que l'Atlantide serait dissimulée quelque part, qui sait...peut-être auront nous la chance de l'apercevoir ?
- Ça ressemble aux contes que je lis à mon petit frère ! me moquais-je.
- Vous êtes venue avec votre frère ? reprit-il aussitôt, curieux. Craignant d'en avoir trop dit, je répondis évasivement : il s'appelle Peter, et il adore ce fichu rafiot lui !
L'homme rit de plus belle, un son si agréable que je me pris à désirer qu'il se prolonge, mais il s'arrêta, reprenant son sérieux.
- Aucun passager n'a encore qualifié le Titanic de vulgaire rafiot ! lança-t-il. Vous êtes la seule femme emplit de sagesse à bord ma parole !
Je souris avec lui.
- Je suis la seule idiote qui ait le mal de mer à bord ! corrigeais-je.
- Et bien...réfléchit-il, une idiote telle que vous accepterait-elle de m'accompagner au bal de ce soir ? s'enquit-il galamment.
Je l'observais encore, plongeant mon regard dans ses yeux couleur du ciel.
Peut-être qu'en fin de compte, voyager sur le Titanic ne serait pas si terrible ? pensais-je.
Néanmoins, me souvenant que mon frère devait m'attendre et s'inquiéter en ne me voyant pas revenir, je déclarais précipitamment : je vous retrouverais ici à 19h30, si vous ne me voyiez pas c'est que j'ai changé d'avis ou bien...hésitais-je, que je suis encore malade ! Sans lui laisser le temps de répondre, je courus jusqu'à la porte qui menait aux cabines de première classe.
Resté seul, Jim observa un moment les eaux calmes, savourant la brise qui faisait voleter ses cheveux.
- Je veux revoir cette femme John chuchota-t-il, elle est différente des autres, elle ne se pavane pas en s'extasiant sur les richesses qu'elle possède...
Il serra le médaillon que son défunt frère lui avait offert il y avait quelques jours.
- Il te portera bonheur ! avait juré John en le lui donnant, tu l'emmèneras dans ton voyage, si tu le portes toujours, tu trouveras le véritable amour, tu devras garder précieusement le "coeur de l'océan" et veiller sur lui !
Il semblait tellement croire aux pouvoirs magiques du bijou que Jim ne s'en était pas séparé une seule minute après sa mort.
"Après tout...peut-être était-ce vrai ?" se questionna-t-il en caressant distraitement le médaillon qui représentait une sphère sur laquelle figuraient des volutes bleues qui tourbillonnaient sans fin.
Comme il commençait à faire froid, il rentra bien vite dans la chaleur de l'intérieur du paquebot.
Il ignorait à quel point sa vie serait bouleversée dans les jours qui allaient suivre...
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La véritable histoire du Titanic
AventurePeu de personnes connaissent la véritable histoire de ce paquebot qui, dans la nuit du 14 au 15 avril 1912, sombra dans l'océan Atlantique Nord, au large de Terre-Neuve, faisant environ 1520 morts. Et si le bateau n'avait pas percuté un iceberg ? Si...