Rien qu'une danse : la seule malheureusement...

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Rien qu'une danse

La seule malheureusement...

Nous tourbillonnions tous les deux, Jim et moi, riant aux éclats tandis que Peter s'amusait comme un fou, un pied en équilibre sur le mien et l'autre sur celui du jeune homme.

Tout était si parfait, si merveilleux ! Ce moment restera pour toujours gravé dans ma mémoire...

Même si je le voulais de tout coeur, je n'aurais pas pu empêcher ce qui allait suivre, certains auraient même dit que c'était écrit, que c'était notre destin !

Mais je ne voulais pas mourir !

La secousse se reproduisit, plus forte cette fois-ci. Des danseurs s'immobilisèrent, perdant leurs beaux sourires, l'inquiétude se peignant sur leurs visages.

Décidément, le Titanic portait vraiment la poisse ! Et moi qui détestait les bateaux !

Profitant de la surprise générale, des voleurs qui avaient discrètement embarqué à bord une minute avant le départ du paquebot tombèrent le masque.

Ils étaient cinq, très jeunes et attirés par l'argent...Car si cette partie du Titanic était absolument sublime, avec cette salle luxueusement décorée ainsi que le buffet généreux, des bijoux avaient été exposé au bal. Ils devaient être vendus à la vente enchère qui aurait lieu plus tard dans la soirée.

Demain, ce serait le 12 avril, le temps passait si vite, et voilà que notre traversée venait d'être perturbée par des gamins !

- Je hais les bateaux ! murmurais-je encore, ça devait être la vingtième fois déjà que je le répétais.

Jim me coula un regard effrayé.

- A terre ! hurlèrent alors les voleurs d'une même voix.

Je vis des couples richement vêtus se jeter au sol, les femmes ne se préoccupant plus de détruire leurs coiffures élaborées. Je ne sentis même pas la main de Peter dans la mienne tandis que Jim me poussait brutalement au sol.

Je m'écrasais sur le tapis persan qui recouvrait la salle de bal.

Deux jeunes se séparèrent des trois autres et passèrent dans les "rangs" de personnes tremblantes, raflant tout (bijoux, bagues, chevalières en argent, même les boucles d'oreilles).

Peter se serra contre moi, terrifié devant les pistolets que les "délinquants" agitaient, l'air de ne pas savoir s'en servir. Néanmoins, comme je n'avais aucune envie de le vérifier, je me tins tranquille, jusqu'à ce que l'un d'entre eux tente de me dérober le fin bracelet plaqué or que m'avait un jour offert mon frère.

Car si nos parents étaient riches comme Crésus (même plus encore), ils refusaient de donner quoi que ce soit à leurs enfants, Peter, voulant me faire plaisir, m'avait donc offert ce bracelet peu cher. S'il ne valait pas grand chose en réalité, il avait pourtant une énorme valeur sentimentale et je veillais sur lui comme la prunelle de mes yeux, ne l'enlevant jamais.

- Et la richarde ! File moi ça ! siffla l'adolescent qui s'était approché de moi, désignant le bijou d'un doigt.

Le teint cadavérique, maigre comme un clou, il semblait n'avoir rien mangé depuis plusieurs jours, mais je savais que ce n'était pas vrai, l'ayant aperçu plus tôt en train de s'empiffrer, collé au buffet.

- Jamais ! crachais-je, ne sachant où je trouvais ce courage ou plutôt, vue la posture dans laquelle je me trouvais, cette insubordination.

Blessé dans son amour propre et désirant montré qu'il était "le chef", il me prit violemment par le bras, s'efforçant de m'enlever le bracelet de force.

N'en démordant pas, je tentais de briser sa poigne, jetant un coup d'oeil autour de moi.

Tous me regardaient, certains avec admiration et la plupart des femmes, avec un air désapprobateur ou suffisant. Les quelques membres du personnel du Titanic quant à eux, semblaient moins effrayés, comme s'ils attendaient quelque chose pensais-je.

Tandis que je sentais le fermoir du bracelet griffer ma peau et qu'il glissait tout doucement de mon poignet, le voleur affichant un sourire de triomphe, une dizaine de personnes vêtues de blancs firent irruption dans la salle, ces imbéciles n'ayant pas jugé bon de bloquer les issues.

Je remarquais tout de suite les gros pistolets que les nouveaux venus, qui faisaient certainement partie de l'équipe de sécurité du Titanic portaient à leurs ceintures.

Je m'apprêtais à souffler, soulagée qu'ils viennent nous délivrer de ces gamins lorsque le jeune qui avait tenté de me voler me releva sans ménagement, braquant son arme sur ma tempe.

Un murmure horrifié s'éleva dans la salle.

Alors, tout ce déroula comme dans un rêve (ou plutôt, comme dans un cauchemar)...

J'entendis Peter qui hurlait tandis que Jim s'efforçait tant bien que mal de le retenir.

- Laissez-là ! l'entendis-je s'écrier.

L'adolescent qui me tenait en joue ne prêta pas attention à lui, le regard fixé sur la dizaine d'hommes qui venait de débarquer. Une autre secousse ébranla le paquebot, je doutais que ce soit normal mais l'attention générale était fixé sur nous.

- Pose doucement ton arme ! ordonnèrent les hommes.

Je vis alors qu'ils avaient maîtrisés les quatre autres voleurs qui gisaient sur le sol, assommés. Deux membres de l'équipage avaient entrepris de redistribuer les bijoux dérobés.

- Oh non ! Je ne déposerais pas mon arme et puis quoi encore ! enragea l'adolescent qui me retenait toujours d'une main de fer.

Il fit un geste qui englobait toute la salle : ces pourris vous payer ! hurla-t-il en postillonnant, nous n'avons rien ! Nous ne pouvons même pas manger à notre faim alors qu'eux se pavanent dans leur luxe, se vautrant dans leur or !

Je me fis la réflexion que je ne m'étais jamais "vautrée dans mon or" mais gardais le silence, le jeune semblant apprécier cette figure de style... Je fermais les paupières, refusant de voir la suite, le coeur si fort la chamade que j'eu l'impression que j'allais avoir une crise cardiaque, ce qui mettrait fin à tout cela et, je l'ignorais encore, m'épargnerait la suite.

Malheureusement peut-être, la Mort ne vint pas. J'entendis un coup de feu, qui résonna dans le silence ambiant. Surprise de respirer encore, j'ouvris prudemment les yeux.

Le voleur venait d'être abattu.

Cet homme, cet enfant, avait tenté de me tuer, pourquoi alors étais-je aussi triste ? me demandais-je.

Une quatrième secousse fit trembler le sol sous nos pieds, qui se mit à tanguer dangereusement. Déposés sur le buffet laissé à l'abandon, des plats se mirent à tomber à grands bruits sourds sur le tapis.

- Il faut que je parle au capitaine chuchotais-je, le regard fixe, me rendant à peine compte de ce qui venait de se passer et de ce que j'étais en train de dire.

J'avais survécu...Mais pour combien de temps ? ne pus-je m'empêcher de me questionner. 


La véritable histoire du TitanicOù les histoires vivent. Découvrez maintenant