J'avais continué de discuter avec Anaëlle et Mélode pendant une bonne cinquantaine de minutes et avais finis par les quitter pour rejoindre la maison de la sœur d'Helena.
Selon ses dires, Helena ne s'était pas inquiétée... mais elle semblait malgré tout rassurée que je sois de retour !
-Tu as rendez-vous avec le Seigneur Ehlona dans une heure, m'apprit Jale.
-Vous ne venez pas, m'étonnais-je.
-Il vaut peut-être mieux que tu parles seule avec le roi.
Je m'étais tue et avais acquiescé.
Étrangement, alors que je devrais avoir la pression, j'étais tout à fait calme. Tout a fait sereine...
*
-Bienvenue, jeune Merry, bienvenue ! m'accueillit le souverain. C'est un réel plaisir de faire ta connaissance !
-Pour moi aussi, Altesse, m'inclinais-je. Merci de me recevoir...
Le roi de Réléha semblait jeune, mais ses yeux trahissaient son âge avancé. Il avait le regard d'un homme qui avait vécu des milliers de choses, parfois trop éprouvantes pour un être humain normalement constitué...
Il était ni grand, ni petit, avait une carrure normale pour un homme et respirait le calme et la sagesse. Il portait de beaux habits de lin et de soie blancs et de longues sandales. Il avait de courts cheveux bruns, des yeux bleus et un magnifique visage parfaitement dessiné. Ses ailes étaient presque transparentes, au n'avait pas grand mal à voir au travers et était tentée de vert et de jaune. Elles étaient plutôt grandes et ne ressemblaient à aucune autre !
Il inspirait immédiatement le respect. Il y avait réellement dans ses gestes et ses mouvements, quelque chose de royal !
Il m'indiqua les jardins d'un mouvement de menton.
-Que diriez-vous de marcher ?
-Avec plaisir, acquiesçais-je, un peu rassurée.
Si j'avais dû m'asseoir, j'aurai eu du mal à cacher mon anxiété. Car si j'étais tout à fait calme lorsqu'on m'avait annoncé l'entrevue avec le roi, au fur et à mesure que le temps passait, l'angoisse s'était imposée à moi et j'avais fini morte de trouille !
Nous sortîmes donc dans les jardins.
Ils étaient remplis d'arbres semblables aux cerisiers du Japon qu'on trouvait sur Terre et de fleurs des champs. La scène représentait presque exactement les peintures qui tapissaient la chambre d'Helena, sur Terre.
Ma mère avait peint dans sa chambre les jardins du palais de sa ville natale !
Comme elle avait peint la Forêt des Songes dans ma chambre à moi.
Le Seigneur Ehnola me laissa le temps d'admirer le magnifique décors qui s'offrait à moi puis se mit en marche et je le suivis. Nous marchâmes côte à côte le long des allées en fleur.
-Vous avez fait la connaissance de ma fille, il paraît, commença le souverain.
-Oui, souris-je. Ce matin. C'est une petite fille vraiment adorable !
-Mais tellement indisciplinée, soupira le roi en souriant.
-Elle est jeune, l'excusais-je. Ils sont tous comme ça...
-Oui, acquiesça le roi, sans doute. Mais elle n'est pas comme tout le monde. C'est une princesse...
Il soupira.
-J'essaye de la brusquer le moins possible mais il va bien falloir qu'elle s'assagissent ! Sa mère savait y faire avec elle, mais moi je suis dépassé !
Je baissai la tête.
La reine Elisa était morte quelques années plus tôt d'une maladie qu'aucun des médecins n'avaient pu guérir.
C'était toujours comme ça, avec les maladies humaines, les créatures magiques en guérissaient rarement !
Helena m'avait expliquer que si un rhume n'avait rien d'inquiétant, à nos yeux, pour un être de Magie, c'était peut-être la mort !
« Tu as failli mourir, d'ailleurs, quelques mois après que nous nous soyons installées sur Terre. Un bête coup de froid... Heureusement, tu t'es vite remise et plutôt bien adaptée aux microbes humains... » m'avait avoué Helena.
-C'est une petite fille très intelligente, dis-je au roi. Vous ne devez pas vous inquiétez, elle comprendra !
Il sourit et hocha la tête.
-Mais revenons-en à la raison de ta visite à Réléha, jeune Merry, je t'écoute !
J'inspirai une grande goulée d'air et me lançai.
-Vous ne le savez sans doute pas, mais il y a un bon mois, les Orcs ont attaqués Eliterra, lui appris-je.
Le Seigneur Ehlona paru surpris mais ne m'interrompit pas.
-Nous ne nous attendions pas à l'assaut, mais nous sommes parvenus à les maîtriser sans trop de pertes humaines... Cependant, nous ne sommes pas à l'abri d'une nouvelle attaque. Aucun des peuples de la Lande n'est à l'abri d'une nouvelle attaque...
Le roi hocha la tête.
-J'avais remarqué, dit-il, que ces monstres faisaient à nouveau de plus en plus parler d'eux. Mais de là à attaquer une ville comme Eliterra... Que voulaient-ils ?
-Nous ne savons pas, mentis-je. Mais la guerre est dès à présent déclarée !
En vérité, je savais très bien ce qui les avait poussé à attaquer une ville comme Eliterra qu'ils n'avaient aucun chance de conquérir.
Le but était de m'attirer dans un piège.
Un piège diabolique.
Et moi, je m'étais jetée dans la gueule du loup comme une idiote sans réfléchir une seule seconde !
Dans la grotte, j0e m'étais retrouvée face à mon ancêtre, Forghorn. Le premier Asgor. L'homme le plus maléfique de l'histoire de la Lande.
Dans mes rêves, je vois encore son visage d'une perfection terrifiante et sa voix à vous glacez le sang qui me susurrais : « Tu as peur. Peur de me ressembler. Peur d'être toi-même. »...
Je n'avais raconté à personne ce qu'il s'était passé dans la grotte, j'avais mentis et expliqué que j'étais parvenue à me réfugier dans la caverne et à faire tomber une grosse pierre devant l'entrée grâce à mes pouvoirs. Et qu'à cause d'une de mes blessures, je m'étais évanouie...
Si mon histoire en avait convaincu certains, la plupart – je le sais – n'y avait pas cru... Rien, dans mon histoire, n'expliquait les vives brûlures qui s'étalaient sur mes bras et mon ventre, ni les petits morceaux de verre et de cendre incrustés dans ma peau...
Cependant, tous s'étaient contentés de ma version des faits. Et on ne m'avait plus interrogée sur le sujet !
-Que suggérez-vous que nous fassions, demanda le roi.
-Je sais qu'ici, vous êtes probablement plus en sécurité que quiconque ! Jusqu'au jour où les Orcs perceront vos défenses...
Le Seigneur Ehnola hocha la tête, apparemment d'accord avec moi.
-De plus, la Prêtresse d'Eliterra, Estréa, a prédit qu'il n'y aurait pas de victoire tant que les peuples ne seraient pas unis. Et en tant que Fille de la Foudre, il est de mon devoir de réunir ces peuples.
Je fis une courte pause pour reprendre mon souffle.
-Je vous demande donc d'accepter de rejoindre cette alliance. Les Elfes des Sables et des Montagnes, se sont déjà joins à nous, et les Nains examinent actuellement la question... j'irai demander l'aide des autres Citées féériques, puis celle des Centaures, des Asgors et des Sirènes...
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La Fille de la Foudre, Tome 2 : l'Ombre
FantasiMerry a retrouvé sa terre natale - qui semble d'ailleurs étonnamment paisible - mais son héritage maléfique transmis par son arrière, arrière-grand-père, Forghorn, grandit en elle de jour en jour, de même, son tatouage s'étend à présent sur toute sa...