Chapitre 6

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Point de vue Sun :

Mon crâne tape désagréablement contre quelque chose de froid, mes cheveux me chatouillent le nez, un courant d'air vient puissamment s'écraser sur mon visage : me fait ouvrir les yeux, reprendre contact avec la réalité. Je lâche un petit bruit agacé, encore fatiguée, souhaitant poursuivre ma nuit, de façon plus confortable, si possible. Je passe une main dans ma nuque douloureuse, repousse les cheveux qui me gênent, et lentement, prends connaissance de ce qu'il m'entoure. Le ciel est déjà bleu, le soleil y est élevé, réchauffe ma peau de ses rayons. La lumière me fait tout de même légèrement grimacer ; réveille un mal de tête inévitable.

La vitre de mon coté est ouverte, comme toutes les autres, fait rentrer le vent dans un bruit assourdissant, à cause de la vitesse. Et au début, bizarrement, je ne trouve rien d'aussi relaxant, agréable et épurée. Je me sens étrange, incapable d'expliquer ce que je ressens, sans doute dû aux effluves d'alcool encore présentes dans mon organisme, celles qui me font sentir bien encore, derniers moments d'éphémère insouciance. Puis soudainement, elles se volatilisent, me font lourdement revenir dans un siège de voiture, celui de cuir dur et froid, celui d'Harry.

Alors instantanément, le ballonnement revient, le même que hier soir, en fin de soirée, quand la nuit était déjà noire. Un goût immonde me fait déglutir de ridicule sous les souvenirs remontant à la surface. L'alcool. La forêt. Harry. L'étranger. Sa voiture. Encore Harry. Le vomit. Mes joues virent au rouge, désagréable chaleur, et je me frotte les lèvres, donnerai tout pour avoir une brosse à dents, là maintenant ou rien qu'une chose qui pourrait chasser l'acidité de ma gorge. Et comme s'il s'en doutait, Harry passe sa main à l'arrière, attrape une bouteille d'eau sur l'un des sièges et la tend vers moi ; le regard toujours rivé sur la route. Comme crispé, il ne me jette même pas un regard.

Je regarde un moment la bouteille d'eau, essaye stupidement, alors que ce n'est pas le moment, de savoir s'il y a déjà bu avant moi, espère que oui, il l'a fait. Il commence à s'impatienter, alors je la saisis enfin, lâche un petit « merci » timide, et m'empresse de l'ouvrir puis de l'apporter à mes lèvres ; boire plusieurs gorgées.

L'eau fraîche est la bienvenue dans mon estomac enflammée, et je ferme brièvement les yeux. Une fois finit, je la referme et la repose à sa place, reporte mes yeux sur lui. Je tique légèrement en voyant qu'il a changé de vêtements depuis hier soir : son tee-shirt noir est devenu blanc, son jean a désormais quelques détails différents, notamment les déchirures du tissus à certains endroits. Pourtant je reste muette, n'ose pas poser de questions, notamment où nous avons passés la nuit, si nous l'avons passé ensemble, tout d'abord. En tout cas, je suis toujours vêtue de mon pyjama jaune flatteur, ne pense pas avoir eu la chance de ses mains se baladant sur mon corps pour me déshabiller pendant mon état d'ivresse.

Puis soudain, cela me frappe réellement, la netteté du soleil ; l'aube est passée, depuis déjà un moment, apparemment.

-Attends, il fait déjà jour ? Comment cela se fait ?
-Faut que je t'explique le fonctionnement du soleil ? Il roule des yeux. Je te ramène chez toi.

Je fronce les sourcils, légèrement perdue, alors que lui tape tranquillement et sereinement ses doigts contre le volant au rythme de la musique en arrière fond. Les questions qui trottaient dans ma tête cèdent bien vite la place à la panique, celle qui m'emmène durement dans l'imagination des souffrances à subir. Je me redresse précipitamment -un peu trop- grimace à cause de la ceinture qui se tend en travers de ma poitrine, me coupe la respiration. Harry hausse un sourcil curieux, me jette un regard du coin de l'œil.

-Quoi ? Putain me dis pas que t'as encore envie de gerber ? Je ramasse pas ta merde deux fois je te préviens.
-Mais la forêt est juste à coté de chez moi, alors pourquoi est-ce que... Oh mon dieu, je ne suis pas rentrée de la nuit...

A des années lumièresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant