Chapitre 16

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/!\ ATTENTION /!\
Ce chapitre contient une scène de Lemon (scène a caractère sexuel explicite) si vous n'aimez pas celà, rien ne vous oblige à lire. Vous pouvez directement passer le moment et poursuivre un peu plus bas. Vous êtes prévenues :)



Point de vue Sun :

La nuit est sombre.

Aussi sombre que le sang qui afflue dans ma tête, là sous mon crâne, qui me donne l'impression que je vais exploser. Comme si Harry avait appuyé sur un bouton, quelque part, caché, et que le compte à rebours c'était enclanché. Depuis, aucune idée de combien de temps il me reste. Depuis, pleins de questions sans réponses qui me trottent dans la tête. J'arrive à les chasser, quelque fois, un instant, juste un. Et puis elles reviennent, comme un boomerang qu'on aurait lancé à pleine vitesse. Que faisait-il là ? Comment osait-il, après avoir été l'homme qui, la veille encore, me traitait comme sa pute, la main sur mes fesses, mettre les pieds sous mon toit ? Il avait eu l'air différent. Quelqu'un qu'on aperçoit seulement dans l'ombre de la nuit, quand les masques tombent. Un quelqu'un que je n'avais jamais vu avant hier, et qu'encore aujourd'hui, je ne réalisais pas. Quelqu'un qui n'était pas celui qui me chamboulait chaque fois. Peut-être le Harry dont Jek avait parlé. Pas de doute. On ne pouvait pas avoir plusieurs artifices aussi sombre que celle-là.

J'inspire.

Je voudrais oublier cette soirée. Ces deux soirées, en réalité. Pas de quatrième étape. Pas de fiançailles. Je jette un coup d'oeil à ma bague. Elle est simple, vraiment trop pour être à mon goût. Elle m'aurait sûrement plu si elle était venue d'une personne que je porte dans les décombres de mon cœur. Mais Gabriel n'y a pas sa place. Il est gentil, calme, mais il n'est pas ce que je veux, celui que je veux, et ne le sera jamais.

J'enlève mes hauts talons compensés, ceux qui appartenaient à Victoire, qu'elle m'a donné, alors que je préférais mes sandales plates : trop de mauvais souvenirs des talons de hier soir. Je les jettes dans un coin de la pièce, ne prends même pas la peine de les ranger correctement. Je retrouve enfin ma taille normale, m'assois finalement sur mon lit et remonte mes pieds contre le matelas pour passer ma main dessus. Ils sont rouges, et ça fait un mal de chien. Elles ne sont pas tellement confortables ; trop rigides, ces chaussures, et je comprends pourquoi Victoire a tant tenu à me les céder. Je soupire, me secoue un peu mentalement ; il y a pire qu'une simple paire de chaussures qui fait mal aux pieds, dans la vie. Je finis quand même par me lever, décide de chercher un pyjama dans mon armoire après mettre mise l'idée en tête qu'il serait mieux que j'aille dormir.

Puis j'entends la fenêtre grincer. Je sursaute, me retourne, ne vois rien à cause du rideau que j'ai fermé pour rompre avec cette soirée sans fin et gâchée. Je m'approche, l'écarte un peu des doigts, écarquille les yeux en le voyant là. Il s'est accroché, attend que je lui ouvre. Mon majeur se lève, et c'est évident que c'est à lui que je l'adresse. Ça lui arrache une moue d'incompréhension, suivie d'un sourire amusé, tous deux éclairés par la clarté d'une lune plongée entre les étoiles qui manquaient encore à l'appel, hier soir. Je lui referme le rideau au visage, mais son poing frappe contre la fenêtre, et je me tends à l'entente du bruit qui se régènère. Il le fait exprès. Au risque que quelqu'un entende en bas : il sait que je lui ouvrirais forcément pour cette raison là. Je pousse encore le gros rideau, fait hisser la fenêtre vers le haut et me décale sur le coté pour le regarder entrer, et surtout résister à l'envie de le pousser. Je n'ai pas envie de le voir, ni de l'entendre ou lui parler. Je referme quand même pour rompre avec le froid nocturne et printaniers de Londres.

-Part d'ici, Harry. Je n'ai pas envie de te parler pour le moment.

Je retourne à mon armoire et à la recherche de mon pyjama. Au fond, je cherche surtout à éviter son regard, éviter tout ce qui me rendrait susceptible de recommencer les étapes. Son corps vient derrière le mien, et d'un geste vif et brusque sa main s'abat contre l'armoire. Je sursaute encore quand la porte claque.

A des années lumièresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant