5. Le Lycan Incertain

Chapitre 1 : Activités Nocturnes

Silke se réveilla avec une forte impression de froid. Un peu perdue, elle tâtonna pour tenter de trouver la lumière. Bon sang, elle n'avait pas l'habitude de la disposition de la pièce ! Où se trouvait l'interrupteur, déjà ? Ha, oui. Au-dessus de sa tête.

Se tortillant sous le drap, elle alluma. C'était bien ce qu'il lui semblait.

Tout au bord du lit, allongé dos à elle, Svenn se faisait le plus petit possible. Un souffle d'air aurait suffi à le faire tomber. Cela l'énerva passablement. Il faisait son maximum pour ne pas la toucher, le bougre ! Entièrement habillé, avec un t-shirt manches longues, pantalon et chaussettes, il exposait le moins possible de peau.

-Espèce de crétin ! s'exclama-t-elle en le poussant de toutes ses forces.

Le métamorphe se réveilla avec un juron en s'écrasant par terre. Empêtré dans le drap, il se retrouva debout. Ses cheveux blancs en bataille voilaient en partie ses beaux yeux dorés ensommeillés.

-Que... Quoi ? Qu'est-ce qu'il se passe ?

-Il se passe, Svenn, gronda-t-elle en se mettant debout sur le lit les poings sur les hanches, que tu ne respectes pas ta part du marché !

Encore endormi, il eut du mal à se focaliser sur son visage. Pour cause. En petit débardeur et culotte, la Némésis était bien moins couverte que lui. Et bien plus réveillée.

-Écoute, Silke, gémit-il en comprenant soudain. Tu sais bien que j'ai une peur bleue de te toucher ! C'est déjà un miracle que nous dormions ensemble !

-Cela fait partie de ton programme de réhabilitation, petite tête, siffla-t-elle en l'empoignant par le devant de son t-shirt. Alors si tu fais tout pour éviter le contact, comment allons-nous en sortir, hein !?

Elle avait crié ces dernières paroles en le secouant comme un prunier. Évidemment, il ne bougea pas d'un pouce. Suite à sa transformation, il avait pris en muscles, en taille et... perdu toute son assurance avec elle.

Car Svenn avait de graves problèmes de contrôle. En la présence de la Némésis, il menaçait constamment de laisser échapper sa forme alternative. Une forme létale, qu'il avait toujours refusé de lui montrer. Car apparemment, être avec elle lui faisait perdre ses moyens.

-Lâche-moi ! s'exclama-t-il, ses pupilles commençant déjà à devenir reptiliennes. Silke ! Sérieusement !

Elle s'exécuta aussitôt. C'était là une partie de leur marché. Dès qu'il se sentait à sa limite, c'est-à-dire dès qu'elle le regardait, presque, elle devait rompre tout contact. Il bondit en arrière, haletant.

-Je vais prendre une douche.

-Svenn ! Nous n'avons pas fini cette discussion !

-Pitié, Silke... Laisse-moi le temps de me remettre !

-Oh, toi... Tu ne perds rien pour attendre ! s'exclama-t-elle, tandis qu'il s'enfermait dans la salle de bain.

Sur quoi elle se laissa retomber sur le lit. Quelle heure était-il ? Six heures du matin... Bon sang. Elle était bien incapable de se rendormir, maintenant. Autant aller préparer le petit déjeuner.

En descendant les escaliers de la maison de Svenn, elle se félicita de tous les volets fermés. Nul n'ignorait le semblant de relation qu'elle avait avec le métamorphe, pourtant... Aucun ne savait qu'elle se glissait dans son lit toutes les nuits. Oh, pas pour effectuer des galipettes.

Bien malheureusement, car ce n'était pas l'envie qui lui en manquait.

Non, c'était pour appliquer le programme de réhabilitation mis en place avec Hell et Barbatos. Les deux amants terribles avaient été une mine d'information sur le mois où Svenn avait été loin d'Exil. Où il s'était fait passer pour mort, car il ne contrôlait plus rien.