5. Le Lycan Incertain

Chapitre 10 : Satan et le Bourreau

Voilà une nuit et une matinée qu'ils étaient enfermés dans cette maudite chambre. Les nerfs à vif, Morténe n'en pouvait plus. Il était à deux doigts de se ronger les ongles. Lui ! Rika se serait allégrement moquée de lui...

Pourtant, Fergus l'aurait certain compris.

Car, assise dans un fauteuil, le dos bien droit, Holly le couvait d'un regard accusateur depuis tout ce temps. Sans mot dire. Sans poser la moindre question. Il allait devenir chèvre, à ce rythme !

-Tu es certaine que tu n'as aucune question à me poser ? lança-t-il finalement, à bout de nerfs.

-Comme quoi ? grinça-t-elle en plissant les yeux. Pourquoi tu ne m'as rien dit ? Pourquoi tu ne m'as pas dit me connaitre depuis des centaines d'années ?

Ouch. Elle lui en voulait vraiment. Se dandinant d'un pied sur l'autre, il la regarda, avant de reporter son attention sur l'extérieur. Il faisait jour. En fait, ils étaient presque seize heures. Une heure où les vampires respectant les coutumes ancestrales commençaient à émerger. Doucement. Tout doucement.

-Très bien ! explosa Morténe en pivotant vers elle. J'étais l'assassin attitré de ton roi ! De ton père !

Si elle fut surprise, elle n'en montra rien. Le nez froncé, elle l'observa avec défiance. Non de...

-Je suis la lie de votre maudite société, ajouta-t-il en se passant une main dans les cheveux. J'ai tué un nombre incalculable de vampires, de protestataires, d'inconnus dans des royaumes divers pour le compte du roi. Tu ne pouvais pas me connaitre. Et je ne voulais pas que tu saches ce que je faisais !

-Alors, pourquoi me le dire maintenant ?

-Pour que cette garce d'Élisabeth ne crache pas le morceau avant ! Pour que tu ne m'en veuilles pas encore plus que maintenant !

Il en était presque essoufflé ! Pourtant, il trouva la force de la regarder dans son regard bleu. Un regard qui le transperçait littéralement.

-Est-ce toi qui as assassiné ma mère ?

Hein ? Son incrédulité devait être évidente, car elle se redressa, comme pour mieux le toiser.

-Tu dis avoir été l'assassin attitré de mon père. Dans ce cas, est-ce toi qui a tué ma mère, la reine Ymeris ?

La gorge nouée, il secoua la tête, en signe de négation.

-Elle est décédée bien avant mon arrivée à son service.

-Pourquoi as-tu cessé de travailler pour lui ?

Son ton dur ne laissait aucune place au mensonge. Alors, il lui confia la vérité brute. Une vérité qu'il aurait aimé lui dissimuler pour le restant de sa vie.

-Parce qu'il m'a demandé de te tuer, Holly.

*

Alastor avait mis un moment pour se remettre de la vision de Svenn, se vidant de son sang. Et la seule chose qui l'empêchait de se remémorer cet horrible instant, c'était l'arrivée inattendue de Satan.

Ce maudit retardataire s'était présenté la bouche en cœur, apparemment ravie.

Pour cause.