PARTIE UNE.

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PREMIÈRE PARTIE : QUINZE ANS

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PREMIÈRE PARTIE : QUINZE ANS

 Quand Gabriel et Roméo se rencontrèrent pour la première fois, ils avaient quinze ans. C'était une journée d'Août plutôt chaude, le soleil tapait et la température devait bien frôler les trente-cinq degrés. Ici, on avait l'habitude du mauvais temps, des nuages et du ciel gris.

Marguerite, appuyée contre l'évier, regardait par la fenêtre le monde extérieur. Juste des kilomètres de bitume et d'habitations. Personne ne mettait le nez dehors aujourd'hui. Elle voyait surtout de la chaleur émaner du sol et le déformer. Elle bu une grand gorgée de son verre d'eau frais en soupirant. Soixante-dix ans à peine et la chaleur l'exténuait. Mais Marguerite n'était pas la seule. Son petit-fils, Roméo, s'abreuvait désespérément lui aussi, installé sur la petite table en bois de la cuisine. C'est alors que quelque chose se passa dehors. On entendit des cris lointains et incompréhensibles puis le fils des voisins sortit en trombe de chez lui, en pleurs. Il saignait abondamment du nez. Marguerite se raidit, la bouche grande ouverte d'étonnement. Ce pauvre gosse se prenait tous les jours des coups par sa mère. Souvent, Marguerite voyait la dame, grasse et disgracieuse, tituber dans l'allée de leur maison. Le grillage qui séparait leurs deux habitats était petit et espacé, il était aisé d'espionner ses voisins. Le fils de cette violente et alcoolique dame s'appelait Gabriel. Et Gabriel semblait confus, atrocement décontenancé et apeuré. Sa mère hurla et ouvrit la porte d'entrée avec rage alors il se mit à courir après avoir enjambé le portail. Sur son passage, il laissait des gouttes de sang épaisses et écarlates. Son nez le faisait souffrir, sa joue aussi, rouge et enflée.

« Mon Dieu, beugla Marguerite de sa voix suraiguë, Roméo va me chercher l'enfant d'à côté ! »

Ce dernier releva mollement la tête de son verre et la dévisagea, pas vraiment sûr de comprendre. Alors il se leva et assista tristement au spectacle qui se jouait dans la rue : un enfant ensanglanté tentait de fuir sa mère. Son cœur se serra et il n'hésita pas une seconde de plus à aller chercher l'enfant d'à côté.

Gabriel n'était pas un enfant. Il avait quinze ans, comme Roméo, et il saignait du nez. Il pleurait aussi. Ses yeux exprimaient une peine immense quand Roméo le harangua dans la rue, après l'avoir poursuivit en courant sur plusieurs mètres. C'est apeuré que le brun s'était retourné puis arrêté, se demandant qui était le malade qui avait l'air de l'avoir suivit. Roméo écrasa un mouchoir en papier contre le nez de l'enfant d'à côté, la gorge sèche et épuisé d'avoir tant couru. Il appréciait le sport, certes, mais pas sous cette chaleur.

« Ordre de ta voisine Maggie, tu viens chez nous. »

Gabriel connaissait bien Marguerite, surnommée Maggie. Elle habitait ici depuis très longtemps, comme lui et sa famille. Souvent, ils se croisaient au supermarché ou dans la ville. Gabriel l'avait déjà aidé à porter des courses même si Maggie éclatait la forme, pour son âge. Les cheveux blancs ne voulaient rien dire. Toujours souriante et bienveillante, cette vieille femme était certainement l'une des rares que Gabi appréciait.

L'enfant d'à côtéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant