Gabriel et Roméo sont (presque) voisins. Leur première rencontre, à quinze ans, laissera des séquelles et un arrière goût d'amertume. Ils se retrouveront quelques années après, totalement changés. Gabriel, ayant survécu à une enfance tumultueuse, te...
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Chapitre 16
Quand Gabriel et Roméo se retrouvèrent, ils avaient vingt-ans.
C'était une belle journée d'été, le tout début de l'été, pile quand il ne faisait pas encore trop chaud. Le ciel était bleu, le vent soufflait légèrement, les rayons du soleil caressaient la peau avec délicatesse et douceur. De petits nuages de cotons galopaient dans le grand espace au dessus de leurs têtes sans jamais ne faire d'ombre, chassés par la brise estivale.
Aujourd'hui était un jour particulier. Un jour merveilleux.
Arthur, excité et fier comme un coq, serrait les mains de tous les invités, eux aussi dans un état similaire au sien. Jade, vêtue d'une sobre robe blanche, les cheveux en chignon, n'hésitait aucunement à aller se présenter à la famille d'Abel, à discuter avec ses tantes, aussi nombreuses soient-elles. Tout le monde, dans l'émotion pure et sincère, discutait, s'enlaçait, s'embrassait. Les félicitions fusaient, même si personne n'y était pour rien.
Gabriel, lui, de plus en plus à l'aise dans son costume, regardait la scène, en retrait, une coupe de champagne pétillant dans la main. L'harmonie de cette journée ne le laissait pas indifférent. Ce jour était déjà gravé dans l'histoire de sa vie, de sa famille, il marquait un tournant important. Plus tard, quand il sera plus vieux, il montrera les photos de ce jour à ses enfants. Peut-être même qu'elles seront accrochées dans son salon, au dessus de la cheminée. Personne ne devait oublier le jour où Enora et Abel s'étaient dit oui pour la vie, personne. À cette pensée, une vague d'émotion monta en lui, ses yeux brulèrent pendant un bref instant et il ne douta pas une seconde qu'il sera la premier à pleurer lors de la cérémonie.
Au loin, il aperçu une petite dame, la peau fripée, les cheveux proprement bouclés pour l'occasion, vêtue d'un blaser rose assez flamboyant. Un sourire maladroit tordit son visage. En prenant sur lui, après avoir lâché un petit soupir pour se donner du courage, Gabriel s'élança.
Sa main effleura poliment l'épaule de la dite dame qui se retourna, les yeux étonnés. Elle ne remit pas tout de suite ce jeune homme à Gabriel. En effet, il avait changé sans vraiment changer. De toutes évidences, il était beaucoup plus grand qu'avant, d'au moins cinq bons centimètres. Sa peau semblait avoir ingurgité quelques vitamines ces dernières années, étant moins blanchâtre et maladive. Dans ses yeux, une véritable énergie vitale circulait comme des étoiles filantes dans un ciel sombre. En revanche, ses éternelles cernes demeuraient à leur place, mais bien moins ternes et inquiétantes que par le passé. De plus, il avait prit du poids, juste ce qu'il fallait pour rester en vie, pour tenir, pour ne pas tomber malade au moindre coup de vent. Toujours loin du compte de l'IMC normal, mais en meilleur forme tout de même. Gabriel ressemblait à un homme en bonne santé physique et en bien meilleure santé mentale. Puis cet accoutrement lui allait à ravir. Plusieurs jeunes filles du côté de chez Abel se retournaient pour l'admirer en secret, se chuchotant des insanités en gloussant. Gabriel portait à merveille le costard, la santé et la joie.
