Chapitre 9.
Malo, bien que silencieux, en était venu à la conclusion que les sentiments de Roméo à l'égard de Gabriel étaient réciproques. C'était évident. Son meilleur ami lui avait déjà fait part de son attirance puis de ses sentiments pour Gabriel, déjà à leur quinze ans mais il n'avait pas vraiment suivit la suite des événements, plus après la soirée du Nouvel-An. Roméo comptait lui en parler mais n'avait jamais vraiment trouvé l'occasion, attendant que les choses deviennent plus sérieuses. Quelque chose se passait entre eux, sérieux ou non, Malo l'ignorait. La peine qui avait brillé dans les prunelles d'amande de Gabriel ce vingt six mars avait brisé le cœur. Son meilleur ami avait des problèmes et, soucieux de lui, Malo s'était dit que d'entrer en contact avec Gabriel l'aiderait certainement à traverser tout cela. Alors il avait envoyé un message à Gabriel contenant le numéro de Roméo. Le message de Gabriel « J'ai entendu dire que tu avais des problèmes avec ta famille et que tu risquais de ne pas revenir tout de suite... Qu'est-ce qu'il se passe, Roméo ? Pourquoi tu ne m'as rien dit ? Moi j'ai encore une tonne de chose à te dire. Je viendrai te chercher s'il le faut. » était resté sans réponse.
Sa force ne revenait pas. Tout était si fragile, si éphémère. La vie, les autres, lui. Les relations, l'amitié comme l'amour, demandaient trop d'efforts et faisaient trop souffrir. Peut-être que la solitude était le remède à tous ces maux. Peut-être que certaine personne venait au monde et portait toute la souffrance de celui-ci pour rendre les autres heureux. Où peut-être que le bonheur n'était qu'une conception, une invention, et n'était pas un ressenti possible en soi. Tout ce que Gabriel arrivait à faire, c'était ruminer, se noyer dans l'angoisse et l'anxiété, de façon aiguë comme chronique. Les crises le submergeaient de plus en plus et il avait de moins en moins d'emprise dessus. Il perdait pied. Tout le monde l'abandonnait : sa mère, son père, Roméo, Esteban. Il les comprenait. Il avait envie de s'abandonner lui aussi. Ces pensées l'avaient persécutées toute la journée. Pendant les cours, il se mordait l'intérieur des lèvres jusqu'au sang pour ne pas pleurer et, épuisé par ses insomnies et l'anxiété constante, n'avait trouvé comme seule fuite de mettre la tête entre les bras et de s'endormir. Cassandra avait contacté Enora pour que celle-ci vienne chercher Gabriel à la fin des cours. Il était comme un fantôme, liquidé, sans énergie, mou, dépressif. Dès qu'il avait fermé la portière et s'était installé sur le siège passager, le regard bienveillant et rassurant de sa grande sœur le fit s'effondrer. Les larmes retenues toute la journée explosèrent, ses mains tremblaient, ses lèvres aussi, s'étouffant dans ses propres sanglots. Au bout d'un moment, Gabriel se calma un peu, face au regard impuissant et désolé de sa sœur. Enfin, la voiture s'ébranla en direction de la maison. Enora semblait nerveuse.
« Gabi, débuta t-elle, Roméo reviendra certainement pour les examens...
-La dernière fois qu'il est parti, il est revenu quatre ans plus tard.
VOUS LISEZ
L'enfant d'à côté
DiversosGabriel et Roméo sont (presque) voisins. Leur première rencontre, à quinze ans, laissera des séquelles et un arrière goût d'amertume. Ils se retrouveront quelques années après, totalement changés. Gabriel, ayant survécu à une enfance tumultueuse, te...