CHAPITRE 12

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Chapitre 12

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Chapitre 12

La semaine était passée relativement vite. Les premiers jours, après le scandale à l'hôpital, l'état de Barthélémy n'allait pas en s'arrangeant. C'était de pire en pire. Hugo et Belinda passaient leur temps là-bas, à tenir la main du malade pour rendre ses journées moins douloureuses. Les deux garçons profitaient de la villa et ses privilèges tels que le sauna, ou le jaccuzzi avec un verre de vin. Gabriel commençait à apprécier cette luxure dépaysante mais Roméo était toujours là pour le ramener sur terre. Mais d'un coup, le décor changea, les habits aussi, les visages aussi. Bientôt, toute la famille se retrouva de noir vêtue, mouchoir en tissu entre les mains, les regards las et vide rivé sur le sol.

Barthélémy était mort une nuit, trois jours exactement après sa dispute avec son plus jeune fils. Quand Belinda avait refermé la porte de la chambre, elle avait lancé un regard à son mari mourant, son cœur pesait lourd. Il avait essayé de lui sourire mais ses muscles ne répondaient plus. Alors il avait fermé les yeux et Belinda la porte. La mort l'avait emporté tandis qu'elle quittait ce sanctuaire en direction de la vie, de l'air frais extérieur, de la mobilité. Après une vie bruyante et doré, Barthélémy était parti sans bruit, sans rictus et ne serait certainement pleuré que par sa femme.

Le jour de l'enterrement était l'avant dernier jour avant que Gabriel et Roméo ne repartent, c'était donc le début du week-end. Il pleuvait, le ciel était gris et le bout des doigts des convives glacés. L'Eglise était remplie. Tout le monde ne pleurait pas. Roméo ne pleurait pas. Gabriel s'était laissé tomber sur le banc de bois et pleurait à chaudes larmes dans l'entre de Dieu qui lui rappelait sa propre mère. Roméo avait glissé discrètement sa main dans celle de Gabriel et lui caressait la paume avec douceur, comme pour l'apaiser. Cette fois-ci, il ne savait pas ce qu'il devait ressentir. Comme Gabriel. Tous les deux avaient perdus un parent qui leur avait mené la vie épouvantable. Devait-il pleurer son père ? Se réjouir ? Se sentir libérer ? Plus léger ? Son cœur pesait lourd, son regard était vitreux. La cercueil était fermé et dedans reposait le corps sans vie de Barthélémy, l'homme qui lui avait donné la vie et celui qui lui avait fait regretter de vivre. Enfin, Roméo comprenait véritablement Gabriel. Tout ce qu'il avait dû ressentir depuis ce terrible jour, toute la peine qu'il gardait en lui et toute la culpabilité associée. Même aux cieux, ceux qui leur ont fait du mal leur en feront toujours. Il comprenait les insomnies de Gabriel, son hyperémotivité, sa tendance à culpabiliser, tout. Leurs deux mains liées l'une à l'autre, tremblantes, semblaient personnifier leurs chemins similaires. Presque toute la famille de Roméo, dont Roxane, était présente. Cette dernière frottait avec douceur le dos de Gabriel comme pour le réconforter.

Belinda se tenait fermement au bras de son aîné, vêtue d'une longue robe noire. La tristesse lui allait à ravir. Elle étouffait. Bientôt, elle serait seule. Son mari, dans quelques instants se trouvera dix pieds sous terre, loin d'elle. Ils s'étaient rencontrés alors qu'elle était encore adolescente, allant faire son entrée dans les études supérieures. Il était beaucoup plus vieux, dix ans de plus, et excessivement riche. En premier temps, Belinda profitait seulement de l'argent de Barthélémy en échange de sexe. Lui vivait avec sa fiancée depuis cinq ans, les choses n'allaient plus aussi bien, elle n'était plus aussi belle ni performante. Belinda avait besoin d'argent. Pour se nourrir, payer son loyer et ses études. Maggie n'avait jamais roulé sur l'or, encore moins à cette époque. Avec le temps, ils apprirent à se connaître et Belinda ne s'imaginait plus avec personne d'autre que lui. Barthélémy lui coupait le souffle. Majestueux, impitoyable et tellement ambitieux. La fièvre amoureuse fit qu'il quitta définitivement sa compagne pour Belinda et les choses se bousculèrent rapidement : appartement (de luxe, bien-sûr), puis un premier bébé puis une villa et un deuxième enfant. Elle n'avait jamais aimé que Barthélémy. Hugo, son premier bébé, la serrait dans ses bras tandis que les larmes coulaient en cascade sur ses joues. Lui aussi allait la laisser seule. La prison l'attendait, c'était inévitable. Octave avait beau faire de son mieux, cette famille était maudite. Elle était maudite. Elle perdait son mari, ses enfants. Dès qu'elle touchait la vie, celle-ci la fuyait. Jamais elle n'avait trouvé sa place dans cet impitoyable monde. Les bras de son mari, l'amour, n'avait été qu'éphémère. L'amour était un corps glacial bientôt rongé par les vers.

L'enfant d'à côtéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant