L'amant du clan ennemi

Prologue

EDIT : Chapitre réécrit et publié le 10/07/2018

EDIT du 20/11/2020 : J'ai effectué quelques modifications. L'histoire début en 1421 désormais alors qu'elle débutait en 1380 lors de la première mise en ligne le 07 juin 2017.

Média : Duart Castle sur l'île de Mull

Île de Mull, juillet 1421

La journée avait été particulièrement chaude pour le début du mois de juillet et tous les membres du clan avaient profité du beau temps. Pendant que les Anciens se soleillaient aux alentours de la forteresse, les plus jeunes étaient allés courir la campagne et certains étaient même allés se baigner dans le loch Don. L'eau y était plus chaude que dans le Sound of Mull qui baignait les côtes du piton rocheux sur lequel se dressait le château de Duart. Le soleil commençait à décliner dans le ciel et la plupart des membres du clan avaient regagné leurs maisons quand un rugissement ébranla les murailles de la forteresse.

— Mary Jamesina Lindsay MacLean ! Viens ici tout de suite !

La voix tonitruante du laird MacLean résonna dans la cour et se répercuta au-delà des remparts, portée par le vent marin.

Lorsqu'elle entendit le cri de son père, Jamesina frissonna. Quand son père utilisait son patronyme complet, cela n'était jamais bon signe. En général l'emploi de Mary,  son prénom anglais, était annonciateur de problèmes et de remontrances. Qu'est ce que son père allait lui reprocher cette fois-ci ? À moins que ce soit sa mère qui ait à se plaindre d'elle ? Il est vrai qu'elle avait un peu bâclé ses tâches ménagères ces jours-ci mais c'était pour la bonne cause ; elle était allée essayer de nouveaux arcs avec Gavin et Angus. Et puis c'était nettement plus amusant de s'entraîner au tir que de s'user les yeux et les doigts sur un métier à tisser ! Sans compter que c'était bien plus utile. On ne pouvait pas repousser des assaillants avec un métier à tisser, un rouet ou des quenouilles ! Alors qu'un arc manié avec dextérité pouvait faire des merveilles ! Oui c'était sûrement la cause de l'ire de son père. Sa mère avait dû lui dire qu'elle avait esquivé les deux dernières séances de tissage.

Généralement, Jamesina amadouait son géniteur assez facilement, sauf quand sa mère asticotait son mari. Dans ces cas-là, au grand dam de la jeune fille, le laird donnait toujours raison à son épouse, dont il était toujours très amoureux au bout de plus vingt ans de mariage. C'est donc en traînant les pieds que Jamesina gagna la cour du château, persuadée que les foudres conjuguées de son père et de sa mère allaient lui tomber dessus.

Quand il vit sa fille passer la lourde porte ferrée de la cour intérieure, le laird MacLean eut un petit sourire. La jeune fille avait les joues roses d'être restée au grand air toute la journée et ses cheveux étaient emmêlés par la brise marine. Le visage et les mains tachés de terre et d'herbes, elle était toute dépenaillée. Heureusement qu'elle avait les traits fins et qu'elle portait des habits féminins car sinon elle aurait presque pu passer pour un jeune garçon. Elle avait plus la silhouette d'un jeune garçon que celle d'une jeune fille. Jamesina était grande et élancée mais encore peu pourvue de formes féminines et surtout sa chevelure relativement courte pouvait prêter à confusion. Cette chevelure avait d'ailleurs été l'objet d'une crise majeure l'année précédente. L'épouse du laird MacLean était entrée dans une fureur sans nom quand sa fille s'était elle-même coupé les cheveux au niveau des épaules. Jamesina avait argué que les longues mèches la gênaient quand elle s'entraînait à l'arc ou à la claymore pour justifier le saccage de sa chevelure. Iseabail MacLean avait tenté de rattraper un peu les choses en égalisant les extrémités mais à son grand désespoir sa fille s'était retrouvée avec les cheveux à peine plus longs que ceux de son frère Gavin. Si Jamesina ne prêtait pas attention à son apparence, en revanche elle prenait grand soin de ses armes et une fois de plus elle portait en bandoulière son arc et son carquois. À n'en pas douter, elle était encore allée s'entraîner avec son frère ! Iseabail avait raison. Leur fille était une petite sauvageonne, une vraie fille des Highlands. Il lui avait peut-être un peu trop laissé la bride sur le cou, il était temps qu'elle apprenne à se comporter comme une future épouse de chef de clan et non plus comme un futur guerrier. Croisant le regard réprobateur de son épouse, le laird MacLean effaça immédiatement toute trace d'amusement de son visage et prit une expression mécontente pour toiser sa fille avant de lui ordonner de le suivre.