Chapitre 5

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BUNNY

Il a fallu qu’il leur file mon nom dès la première seconde, quel con ce David !
Bon, je n’ai pas le choix, je me calme, je respire par le nez et je me concentre sur mon souffle. Je ne sais pas pourquoi je continue à essayer d’appliquer cette méthode pour garder le contrôle de mes émotions alors qu’elle n’a jamais fonctionné. Quelle connerie putain. Mon nom, merde, pas mon nom…
Et le regard de cette brute épaisse de flic sur moi me répugne, il a pitié de moi. Après le dégout, la peur et la surprise, voilà maintenant la sacrosainte pitié. J’ai envie de hurler, de vomir, de tout casser dans cette putain de pièce miteuse. Je préfère de loin que je le dégoûte, j’y suis habituée.
J’entends que le flic, ce Jamie me parle, il s’approche de moi.
— Madame Santini, je suis désolé, Madame, vous devez me parler, me raconter ce que vous avez vu précisément. Sinon, nous ne pourrons pas vous aider.
M’aider ? Mais à quoi bon, la seule chose que j’attends patiemment c’est crever. Alors que tu veuilles m’aider mon chou, c’est le dernier de mes soucis.
J’entends alors David prendre la parole et interpeller le flic. Ils discutent et leur conversation revient à mes oreilles comme si j’étais dans du coton.
—… Nous pensons que cet homicide implique un gros bonnet du grand banditisme local… elle est en danger… nous allons devoir la faire protéger…nous attendons juste confirmation de la médecine légale comme quoi elle ne trempe pas dans l’affaire…certainement une victime innocente….
Et voilà que le second flic, celui qui semble aussi vicieux que tous mes clients, intervient.
— Elle ne semble pas si innocente que ça, vous avez vu sa tenue ? Un régal pour les yeux. On en boufferait des culs comme le sien, non ?
Aussitôt son coéquipier, celui qui m’a coursé dans la rue, le prend à part et hausse le ton.
— C’est une affaire de meurtre, sois un peu plus respectueux, cette femme a beaucoup souffert. Tu ne sais pas de quoi tu parles, ferme ta putain de gueule et laisse-moi gérer ça. Va plutôt rappeler les légistes !
Les légistes ? Rien que d’entendre ce mot, ça me donne des frissons. Mes souvenirs passés et la scène de ce soir me reviennent en mémoire. Je panique. Je sens les larmes monter en moi, mais je ne peux pas pleurer, je ne dois pas me laisser aller, je me suis promis de ne pas être faible, de reprendre le contrôle et c’est précisément ce que je vais faire. Sans même y réfléchir, je me lève et alors ma chaise tombe derrière moi. Ma tête tourne et je me retiens sur mon avocat, ou plutôt sur le vieux truc qui me sert d’avocat. Le gentil flic se jette sur moi et me soutient. Il ne s’approche quasiment pas de moi, ses bras sont si longs qu’il me porte juste avec ses mains. Son geste est froid et calculé mais pourtant je vois dans son regard un sentiment que je ne reconnais pas. Je n’aime pas ça. Aussi, je me dégage de ses énormes mains qui me retiennent et je balance mes longs cheveux dans mon dos avant de me redresser pour lui faire face. Je lève la tête.
— J’ai besoin d’aller aux toilettes Messieurs, je ne dirai pas un mot de plus tant que je n’aurai pas eu un peu d’intimité.
Alors que je sors escortée par une fliquette qui semble plus intéressée par son boss que par moi, j’entends l’autre lieutenant qui rigole.
— Et bien moi, si j’avais un peu d’intimité avec elle, je t’assure que je me mettrais à table et vite !
Quel con. Remarque, je dois bien avouer qu’avec les tensions de la soirée, et l’excitation que ce bon docteur avait réussi à éveiller en moi avec ses belles promesses, je suis au summum de ma frustration. Et une Bunny frustrée est une Bunny que je ne maitrise pas, et ce même avec le poids des mois qui s’écoulent. Aussi, quand je me retrouve seule dans la cabine des toilettes, je me tiens droite face à la porte et je laisse mon pantalon trop long glisser sur mes cuisses. Je suis une véritable boule de nerf et je n’ai pas d’autres solutions que de faire retomber la pression par le seul moyen que je connaisse. Les quelques mots que je viens d’entendre résonnent dans mes souvenirs et je ne peux pas le supporter. Je dois m’anesthésier.  Je dois oublier mon passé, éloigner les ténèbres qui me guettent. Lentement ma culotte en soie rose tombe à mes pieds et je remonte mes doigts sur mes cuisses. La sensation de mes ongles sur la peau fine de l’intérieur de mes hanches me fait frissonner. Ça y est je suis en pilote automatique, enivrée par l’adrénaline que je ressens déjà et qui est directement associée à mon addiction, le sexe et la jouissance. Lorsque mon index trouve mon bouton de rose, je sens l’odeur de l’huile parfumée que je m’étais étalée sur tout le corps se répandre dans la petite cabine. Il faut dire qu’ici, rien n’incite à la sensualité, ça sent la pisse et le moisis, combo gagnant. Mais je ne suis pas une jeune première, je m’en tape moi des cœurs et des fleurs. J’aime le sexe brutal et bestial, j’aime le sexe qui fait tout oublier. Et comme je ne veux pas révéler quoi que ce soit de ma vie à ces flics, je vais devoir me débrouiller seule. Lentement je fais pression sur mon sexe pendant que j’enfonce deux doigts dans ma chatte. Je sens déjà mon corps qui se contracte sur mes phalanges à chaque afflux de sang vers mon clitoris qui gonfle sous mes caresses. Je pose mon front et ma main libre sur la porte ; ma respiration accélère immédiatement. Des images de cordes et de sexe bandants défilent devant mes yeux. J’imagine mes clients qui m’attachent, qui me ligotent, qui me possèdent. J’imagine leurs sexes dans ma chatte, dans mon cul, dans ma bouche et entre mes seins. J’imagine leurs corps chauds contre le mien, leurs odeurs qui couvrent la mienne, leurs mains qui serrent les miennes, leurs dents qui maltraitent mes tétons et je vrille. Je pousse des cris, des gémissements, je suis au bout du chemin et ma main est trempée de mon désir, de mon attente, de mon besoin. Je me mords la lèvre pour étouffer mon cri, je ne veux pas que tout le commissariat m’entende. Je redouble d’effort et je plonge mes extrémités dans mon sexe avec plus de vigueur. Si seulement j’avais un des gadgets dernier cri dont toutes les célibataires de la ville raffolent, je serais déjà en train de hurler. Mais non, ce soir, ça sera lent, et sale, ça sera à mon image. Une baise solitaire dans les toilettes miteux d’un commissariat et mes souvenirs de merde qui me hantent… pour changer !
Enfin j’exulte !
Autant dire qu’entre mes pratiques habituelles, où je baise tous les soirs et plusieurs fois d’affilé et cette petite masturbation de merde dans un chiotte, je ne vais pas tenir bien longtemps. Mais si ça me permets de gagner un peu de temps pour convaincre ces justiciers de fortune de me foutre la paix, j’aurais déjà gagné ça !

BUNNY BITCHOù les histoires vivent. Découvrez maintenant