Jamie.
C’est une pute ! Pour une fois que ce con de Mike a raison, ça a le don de me mettre en rogne. J’ai fini par me relever, la main sur mes couilles endolories et je l’ai rattrapé quelques rues plus loin. Le jeu était terminé. Elle était à bout de souffle, les mains tremblantes et le teint cadavérique. C’était certain, c’était elle qui nous avait appelée. Je n’avais plus aucun soupçon quand j’ai vu la terreur se loger dans ses yeux.
Je suis adossé contre le mur face à la porte si familière du poste de police dans lequel je passe le plus clair de mon temps et j’attends qu’elle se soit habillée pour l’interroger.
En culotte et guêpière ! Dans la rue putain !
Elle ne sait même pas dans quel merdier elle s’est mis. L’homme qui a été tué, était un homme sans problèmes mais que faisait-il avec elle ? Au vu de la scène du crime, je peux d’ores et déjà dire que ce mec n’était pas si clair que ça. Des cordes… Il avait des cordes merde. Je penche pour un règlement de comptes surtout quand je vois la façon dont il a été exécuté. J’ai même une idée sur le responsable. Il n’y a pas grand monde ici, qui tranche la gorge de ses victimes.
La porte s’ouvre et Grazziella, une de nos collègues, sort de la pièce avec un sourire toujours aussi coulant quand je suis à ses côtés. Ça a le don de m’irriter ! Je ne baise pas avec mes collègues de travail, et encore moins avec des putes.
Bordel mais pourquoi je pense à ça ?!
-Tu peux y aller Jamie. Par contre essaye d’y aller mollo avec elle…
Je lui coupe la parole, putain, ce qu’elle m’agace.
-Je sais quand même me tenir ! Et puis je te signale qu’on ne sait pas encore ce qu’il s’est passé là-dedans, tant que je ne sais pas si elle est coupable…
Elle m’interrompt à son tour. Je ne la supporte plus.
-Non, elle n’a pas sa langue dans la poche et franchement je pense qu’avec ce quelle t’a fait tu ne vas pas être tendre avec…
Et maintenant, elle va me donner une leçon, ça en est trop.
-Elle était perdue et paniquée, tu ne peux pas te mettre à sa place. Et puis merde ! Je ne vois pas pourquoi je prendrais des gants avec elle ! C’est une femme comme une autre, une femme qui a vu un meurtre ! Et elle va devoir s’expliquer.
Ma collègue me sourit et se mord la lèvre. Je m’en veux quand je comprends qu’elle avait prémédité notre échange. Merde !
-J’aime quand tu es fougueux comme ça…
Rêve Grazziela !
Je ne perds pas plus de temps avec elle et ouvre cette satanée porte avec dans l’objectif d’avoir le fin mot de l’histoire. Je ne veux pas attendre Mike parce qu’il est déjà je ne sais où, à fourrer son nez partout mais jamais là où on aurait besoin de lui. Faut dire que j’ai de sacrés doutes sur son implication dans nos dernières affaires qui ont échouées. Non pas que je remette en cause ses compétences quelques peu douteuses mais disons que ses « oublis » commencent à être nombreux.
Quand mon regard croise le sien, je sais d’ores et déjà que la jeune femme en face de moi n’est pas liée au meurtre de ce type. Elle était certainement là au mauvais moment. Son visage est tellement expressif que je ne peux pas me tromper, mais en tant que pro, il y a des questions d’usages à employer pour ne pas passer à côté d’une mante religieuse. Et puis j’ai vu tellement de trucs affreux dans ma carrière que je me méfie de toute le monde.
Elle est… magnifique. C’est une véritable poupée. Blonde comme les blés, des lèvres de la couleur des boutons de rose et des yeux noir comme l’enfer. Je me sens un peu plus à l’aise du simple fait qu’elle soit enfin habillée convenablement et surtout parce que je suis sur mon terrain de jeu.
-Bon, on va commencer.
Je fais le tour de la table et m’installe face à elle, sans m’assoir.
J’essaye de l’intimider en la dominant mais quand je vois le regard mauvais qu’elle me lance, je sais que la partie n’est pas gagnée d’avance. Elle n’a pas l’air si douce que ça, mes couilles l’ont gardé en souvenirs. Rien qu’à cette pensée, j’en ai mal.
-Mon avocat ne va pas tarder à arriver. Enfin, si vous avez fait votre job, à savoir le contacter.
-On peut commencer sans lui sans problèmes. Donc votre nom s’il vous plait ?
Elle secoue sa tête.
Super ! Ça commence bien.
-Écoutez, je ne suis pas là en ennemi. Je sais que votre boulot n’est pas très… conventionnel mais là on parle d’un type qui s’est fait buter, qui s’est fait ouvrir la gorge ok ?!
Elle déglutit difficilement. Bon pour le « vas-y mollo » j’en suis loin.
-Je saurais tôt ou tard votre nom. Que s’est-il passé dans cette chambre ? Qu’avez-vous vu ?
Elle lève la tête en l’air puis souffle.
-J’étais dans la salle de bain puis quelqu’un est entré et…
-Il n’y a pas de traces d’effractions…
-Non, il lui a ouvert.
-Monsieur Antonio a ouvert, il connaissait donc son agresseur?
-Je ne m’en souviens pas, j’écoutais d’une oreille et je sais pas, j’ai regardé. Quand j’ai vu qu’il le menaçait, c’est comme si mes oreilles s’étaient arrêtées de fonctionner, comme si aucun son ne venait plus à moi.
L’état de choc. Merde, pour notre affaire, ça nous arrange pas vraiment, ça va... se corser. J’attrape la chaise et m’installe à califourchon dessus. Elle fuit mon regard.
-Vous nous avez appelé, pourquoi avoir raccroché ?
Elle secoue la tête puis plus rien. Elle se ferme comme une huitre. Elle n’est pas claire cette nana. Loin de l’être même.
La porte s’ouvre sur Mike qui sourit de toutes ses dents. Je n’aime pas le regard que j’entrevois. Elle lui plaît… Derrière lui se cache un homme assez trapus, portant un costume d’une autre époque vestimentaire et une mallette.
-Bonjour, je suis Maître David. Ne dites rien Madame Santini.
Ma tête se tourne instinctivement vers elle. Je la dévisage et me décompose de secondes en secondes. Comment oublier un nom pareil ? Une histoire pareille… Une enquête aussi intense, l’enquête que tu ne vois qu’une seule fois dans ta vie de flic. Une de celles qui te change à jamais. Une vie détruite en un clignement d’œil. Je ne peux pas m’en empêcher, il faut que j’en sois sûr. Qu’elle me dise que c’est cette femme que j’ai devant mes yeux et non la putain qui a couru dans cette ruelle sinistre.
-Vous êtes la femme qui a…
-Je m’appelle Bunny, la femme dont vous parlez est morte il y a longtemps maintenant.
L’affaire Santini, l’affaire du disparu de la mer, celle qui a choquée et émue tout le pays. J’ai devant moi la femme la plus blessée qui existe sur terre et d’un seul coup, je ne la vois plus du même oeil…
![](https://img.wattpad.com/cover/110630133-288-k862300.jpg)
VOUS LISEZ
BUNNY BITCH
RomanceComment continuer à vivre alors que la mort m'attire? Moi j'ai trouvé, je me défonce au sexe monnayé! Je pensais avoir pris le pouvoir, enfin jusqu'à ce soir...