Nuit agitée...

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3h08, Mathieu tournait dans son lit. Sa douleur au ventre le réveilla en sursaut et en sueur. Désormais assit, il pouvait constater la douleur partant du bas de ses côtes à son nombril. Les bandages toujours présents, il souleva son t-shirt, le frottant contre ses côtes squelettiques et vit avec effroi l'immense et profond trou dans son ventre :

- C'EST QUOI ÇA ?!! Hurla-t-il de stupeur.

- Chuuut...

L'adolescent releva immédiatement sa tête et tourna son regard vers le sol, là d'où le chuchotement lui était adressé. Son souffle se coupa et ses yeux s'ouvrirent comme s'il apercevait Satan. Au sol, du sang, beaucoup de sang et, près de cette imposante quantité d'hémoglobine, un corps gisant, poignardé par un homme en costume. L'homme n'était pas bien grand, il puait le tabac et étant donné qu'il ne présentait que son dos, la description s'arrêtait à ses immenses épaules. Mathieu en déduisit que la personne en noir ne pouvait-être que...

- Patron ?! Qu'est-ce que tu fous ?!

L'homme se leva, retira ses lunettes de soleil puis gifla sans retenue le schizophrène. Il ne prononça aucun mot, attendant une réaction de la part de l'adolescent. Ce dernier se décala lentement vers la droite cherchant des yeux la victime. Constatant un lit défait et vide à sa droite, il se rendit compte que le corps sans vie, baignant dans sa propre flaque de sang était...

- ANTOINE !! NAAAN !! PAS LUI !!

Il se reprit une gifle, puis une seconde, encore plus forte.

- Chuuut... Tu as oublié que tu m'appartenais... Il faut te punir maintenant...  Chuchota l'homme sadiquement avant de reprendre d'une voix plus forte, le ton énervé tout en giflant une nouvelle fois le blessé. 
- Et ne m'appelle plus Patron !! 

- Par-pardon ! Père... Pleura-t-il.

Satisfait, le meurtrier retourna auprès du corps encore chaud, reprit son couteau en main, s'assit sur les cuisses du mort et se mit à transpercer à plusieurs reprises la cage thoracique de ce dernier :

- NON !! STOOP !! ARRETES !! PITIE PITIE !! AAH-

Il dût s'arrêter car son ventre le torturait à nouveau. Par réflexe il passa sa main dans le trou qui remplaçait son estomac, et de ses doigts frôla les parois de sa blessure. Il y entra sa main entière et la ressortit la main pleine de sang. Il vit avec effroi que son ventre ne contenait absolument aucun organe. Il refit le geste plusieurs fois, lui provoquant des nausés mais toujours rien, un incommensurable vide. Tout ce qu'il y avait n'était que des caillots de sang, tombé de temps à autre. Un goût extrêmement acide lui remonta à la gorge mais il se retint et détourna son regard du cadavre de celui qu'il aimait plus que tout. Que pouvait-il faire ? Cette douleur inconnue empêchait tout mouvement, et malgré tous ses hurlements, personne dans ce fichu hôtel n'était apte à intervenir ou à même l'entendre. Que devait-il faire ? Il était cloué à son lit, impuissant face à l'atrocité qui se déroulait face à lui.

- ANTOINE !! ANTOINE !! NAAN !!

Il hurlait. Hurlait comme si cela pouvait réveiller ou même ramener le brun à la vie. Il ne voulait pas s'arrêter, il ne pouvait pas. De temps à autre, son père venait lui donner une correction, ce qui ne calmait l'adolescent que temporairement. Mais les pleurs et le désespoir ne partaient pas et était exprimé par une nouvelle vague de hurlements.

Plusieurs minutes passèrent... Plusieurs trous similaires à celui de Mathieu jonchent le buste du chevelu.

- Antoine... non. Sanglote t-il.

Une connerie qui donne des ailes  ~Matoine~Où les histoires vivent. Découvrez maintenant