• Chapitre 14 •

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''La réussite est l'accumulation d'échecs, d'erreurs, de faux départs, de confusions et la volonté de continuer malgré tout''
Nick Gleason

Pourquoi a-t-il l'air si énervé ? Je ne comprends pas. M'en veut-il de ne pas avoir été assez forte pour ne pas me laisser faire ? J'ai peur. Peur de le dégoûter. Je sais que je devrais nous faire confiance. Lui faire confiance. Mais là, c'est au dessus de mes forces. J'ai l'impression d'avoir fait une grave erreur, sans pour autant comprendre comment j'en suis arrivée là, chez mon petit-ami, sous sa douche, à tenter désespérément de me purifier à coups de jets d'eau brûlants. Le liquide chaud coule le long de mon corps, rebondissant sur mes épaules et ruisselant le long de mes hanches. Je frotte ma peau, faisant abondamment mousser le savon sur la moindre parcelle de mon être. Mais ça ne suffit pas. Je le savais depuis le départ. Je savais qu'après ça, une douche et une noisette de dentifrice ne parviendraient pas à retirer la désagréable sensation des mains calleuses contre mon corps. Et pourtant j'essaie encore et toujours, tandis que mes yeux rougis déversent des larmes abondantes. J'entends Léo frapper à la porte pour s'assurer que tout va bien. Incapable de répondre, je garde le silence. J'arrête le jet d'eau, consciente de son inutilité, puis enfile le peignoir qu'utilise normalement mon petit-ami. Je le sais car son odeur a envahi le tissu et, à chacune de mes inspirations, elle se faufile dans mon nez. J'ai juste le temps de nouer la ceinture de tissu autour de ma taille avant que Léo ouvre la porte, que j'avais pourtant fermée à clef. Il faut croire qu'il a trouvé un moyen de forcer la serrure, et ça ne me rassure pas beaucoup, vu son énervement de tout à l'heure.

Lorsqu'il passe la porte, son visage reflète son humeur du moment. Ses traits sont tendus, sa mâchoire crispée et ses points serrés. Son regard n'est que domination et pure colère. Je ne parviens toujours pas à déterminer si c'est contre moi ou contre l'autre mec. Ses yeux se posent sur moi, immobile et en peignoir, au beau milieu de cette pièce qui me semble tout à coup très petite. Chacun de ses muscles est tendu à l'extrême, à l'instar d'un tigre impatient de bondir sur sa proie. Ses pupilles dilatées me font peur. Je ne sais pas ce qu'il me veut, mais son attitude ne présage rien de bon. Léo s'avance vers moi lentement, mais son comportement ne reflète aucune tendresse. Quand il parvient à ma hauteur, je me met à reculer, incapable de soutenir son regard et apeurée par son attitude. Il me suit, et mon dos finit par cogner contre la paroi glacée de la douche. L'instant suivant, il fond sur mes lèvres et m'embrasse durement, sans aucune émotion apparente. Nos dents s'entrechoquent brutalement et il appuie un peu plus son corps contre le mien, me coupant toute envie de fuite. Je ne réponds pas à son baiser, totalement perdue. Je ne comprends plus rien. Lui, qui est si doux d'habitude, me force à ouvrir mes lèvres pour laisser passer sa langue agressive. Hébétée, je le laisse faire, subissant silencieusement ses brusques attaques. Je sens qu'un sourire de satisfaction s'étend sur ses lèvres tandis qu'il approfondi encore l'effrayant baiser. Sans me demander mon autorisation, il passe ses mains sous le peignoir et empoigne sèchement mes fesses pour me coller un peu plus à lui. Vidée de mes forces, et incapable de lui résister, je me mets à pleurer.

Lorsqu'il sent mes larmes sur ses lèvres, il s'arrête net et se recule, libérant mon corps. Son regard change immédiatement, ses pupilles se rétractent et il baisse la tête. Encore troublée par cette attaque, je reste muette. Je ne comprends pas ce qu'il l'a poussé à agir comme ça. Je saisis son menton dans ma main tremblante, puisant dans mes dernières forces mentales pour le forcer à relever la tête. Lorsque ses yeux croisent les miens, emplis d'incompréhension, je sais qu'il a compris qu'il a fait une belle bêtise. Reste à savoir pourquoi. Je le pousse hors de la salle de bain, lui ordonnant de m'attendre dans sa chambre. J'enfile un de ses caleçons ainsi qu'un sweat trouvés dans la panière à linge propre. Je ressors de la salle de bain après m'avoir séché les cheveux et avoir essayé de remettre mes idées en place. Peine perdue. Mais au moins, cette intense réflexion me permet de ne plus avoir les joues humides.

Un destin entre deux pagesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant