• Chapitre 12 •

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"La meilleure façon de prédire l'avenir est de le créer"
Peter Drucker

Dix centimètres.

Dix malheureux centimètres nous séparent encore. Et pourtant, aucun de nous deux ne comble ce ridicule espace. L'air que nous expirons se mêle entre nous, formant de fines volutes blanches dans l'air frais qui nous entoure. Je ne vois plus que lui. Mon corps est tendu à l'extrême. Je le veux lui, et rien d'autre.

Mais il ne semble pas de cet avis. Il s'arrête de bouger, et je l'imite à regret. Pourquoi s'est-il immobilisé ? Durant quelques secondes, j'ai peur qu'il ai changé d'avis, et que ce baiser que j'attends depuis si longtemps ne vienne jamais. Mais lorsque je relève les yeux et que je croise son regard de prédateur, je comprends qu'il m'analyse, un peu comme si j'étais une proie. Alors, à ce moment, malgré ses pupilles dilatées par le désir, je sais. Je sais qu'il va me demander l'autorisation avant de combler le vide qui nous sépare. Et je sais d'avance que ma réponse sera positive.

Cette attente me tue. Une boule s'est formée dans ma gorge. Je crève d'envie de me jeter sur lui, là, maintenant. De l'embrasser à lui en couper le souffle, d'un baiser doux, mais tellement possessif. Lui montrer que je le veux à moi. Rien qu'à moi.

Mon cœur se met à battre plus fort. Entre nous, la tension augmente. Ce baiser, nous le voulons tous les deux. Je ne sais pas ce qu'il attend pour me demander si je suis d'accord. Autour de nous, tout a disparu. Je ne vois plus que lui, comme sur ces photos où le personnage est net et le décor extérieur est flou. J'ai l'impression d'être dans un film. Et je sais que, à l'instant où ses lèvres frôleront les miennes, je m'abandonnerai complètement. "Je peux t'embrasser ?"  Il l'a chuchoté. Tellement bas, tellement doucement, que je crains que mon imagination ne m'ait joué un tour. Je le regarde, les yeux brillants. Et ce que je vois dans les siens me convainc qu'il l'a dit.

Je déglutis difficilement et ne peux que hocher la tête pour lui donner ma réponse. Aucun mot ne veut sortir de ma gorge. Mon regard reste encré dans ses yeux bleu océan et je m'y perds. Ses yeux. Oh mon dieu ! Ses yeux. Je ne peux pas les décrire. Ils feraient presque peur tellement ils sont obscurs. Ils me sondent, et j'ai l'impression d'être mise à nu.

Je ferme les yeux, emportée par la tornade de sensations que je ressens avant même qu'il ne pose ses lèvres sur les miennes. Au bout de quelques secondes, je sens quelque chose sur ma bouche. Ce ne sont pas des lèvres, non. Je rouvre les yeux, surprise. C'est son doigt. Son pouce, plus précisément. Il le passe sur mes lèvres, comme si il cherchait à explorer le moindre recoin pour s'en souvenir à vie. Ce simple contact m'électrise, et un frisson parcours mon échine. Je veux plus. Beaucoup plus. Je le veux lui, tout entier, et pas seulement son pouce droit sur mes lèvres. Je veux sentir son corps épouser le mien. Je veux sentir sa chaleur traverser mes vêtements et inonder ma peau fraîche.

Je perds la notion du temps. Lorsque je croise son regard, je suis encore plus troublée que je ne l'étais. Je ne parviens plus à l'interpréter. Je ne comprends plus rien. Mais je ne suis pas sûre de vouloir chercher à comprendre non plus. Alors, puisque Léo ne semble pas décidé, je m'avance, comme au ralenti. Je passe mes bras autour de son cou, et, délicatement, presse mes lèvres contre les siennes.

Immédiatement, ses mains viennent se poser sur mes hanches et il écrase sa bouche contre la mienne pour approfondir notre baiser. Un énième frisson de plaisir traverse mon corps tremblant de désir. Il mordille doucement ma lèvre inférieure tout en continuant de m'embrasser. Ce simple geste réveille un peu plus la chaleur qui s'est déjà emparée de mon bas-ventre. J'ai l'impression de tourbillonner dans l'infini, de m'évanouir et de revivre à chaque instant. Jamais je n'ai ressenti autant de sensations en un seul moment. Lorsque nous détachons enfin nos lèvres pour tenter de reprendre notre souffle, je vois que Léo est dans le même état que moi. Il a les cheveux en bataille, les joues rougies, et ses lèvres sont humides de salive. Je lèche les miennes, goûtant avec plaisir aux résidus de ce baiser envoûtant.

Un destin entre deux pagesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant