''La vie est une succession de leçons qui doivent être vécues pour être comprises.''
Helen Keller
Après avoir relu le texte, je referme le livre. Je suis convaincue d'avoir fait le bon choix. Il fait nuit noire. Même la lune n'a pas daigné se montrer ce soir. Un chien aboie dans le lointain. Une chouette, à moins que ce ne soit un hibou, lui réponds par un hululement lugubre. Il n'y a pas de vent, ou du moins, je ne l'entends pas. La dernière phrase du roman veut tout dire. Elle résume le livre entier. Ça me fait quelque chose de savoir que j'ai terminé le livre qui m'a accompagnée pendant toute cette année. Je ne sais pas vraiment pourquoi, mais je me sens changée. Changée jusqu'au plus profond de moi, comme si cette lecture insolite m'avait nettoyé l'âme. Je me sens changée comme seuls les livres peuvent le faire. Victor Hugo disait ''peu de livres changent une vie. Quand ils la changent c'est pour toujours.''
Je trouve qu'il a raison. Je ne saurais pas l'expliquer, mais les lecteurs savent de quoi je parle. Cette espèce de léthargie dans laquelle on est encore plongés lorsqu'on termine un roman que l'on a particulièrement apprécié. Comme si on n'osait pas bouger de peur d'oublier l'univers du livre. Comme si nous pouvions rester indéfiniment dans ce monde parallèle temps que le silence n'est pas brisé. Certains n'aiment pas lire dans le silence. Moi j'adore cela. J'aime, lorsque je tourne une page, n'entendre que le bruit de froissement du papier ainsi que, si le livre est particulièrement prenant, les battements désordonnés de mon cœur. J'aime être entourée d'une bulle de silence.
J'idéalise peut-être l'être qui dors à côté de moi. Je l'aime tant pourtant. Au-delà du raisonnable. Mais je m'en fiche. La nature s'endort à son tour. Un silence solennel s'installe progressivement. Je regarde cette personne dormir. Sans elle, rien n'aurait été possible. Je serais encore enfermée dans ma bulle à l'heure qu'il est. Prisonnière de mes sentiments. Je ne peux pas dire ce qu'elle m'a apporté. C'est un tout. Je l'aime. Et j'aime qui je suis lorsque je suis avec elle. Je ne sais pas pourquoi, mais le ciel m'a octroyé un sursis. C'est seulement maintenant que je me rends compte que j'étais en train de mourir tout doucement. Le ciel m'a envoyé un ange. Et j'ai réussis à m'accrocher à elle. Elle ne s'est pas apitoyée sur mon sort. Elle m'a poussé vers le haut et m'a retenu lorsque je menaçais de m'écrouler à nouveau. Personne ne devrai vivre pour quelqu'un, mais comment faire lorsque c'est justement grâce à cette personne qu'on revis ?
Je la regarde à nouveau. Une sensation étrange me traverse tandis que je la scrute pour ne jamais oublier ce visage si merveilleux. Je ne pensais pas que l'on pouvait être si reconnaissant envers quelqu'un. Je ne pensais pas que l'on pouvait autant aimer quelqu'un. Je ne devrais pas être là. Mais j'ai l'impression que ma seule place est ici. Je ne devrais plus être là. J'aurais dû rentrer chez moi depuis longtemps. Tenter de m'accrocher à mon couple. Pour ne pas divaguer aux yeux de tous. Mais au lieu de ça, j'inspire à pleins poumons l'odeur si reconnaissable qui émane de mon amie. Elle n'est peut-être pas seulement mon amie. Elle est sûrement beaucoup plus que ça, même si je me le suis toujours caché. Il a fallu qu'elle me brise le cœur pour que je l'écoute enfin. Personne ne peut comprendre le lien qui me lie à elle. Je ne veux jamais l'oublier. Je ne veux pas que son souvenir se perde avec d'autres. Je ne veux pas qu'elle parte un jour. Des larmes salées roulent sur mes joues rebondies. Je ne pensais pas qu'on puisse ressentir de la mélancolie à l'avance. C'est comme si j'étais déjà au jour où elle partira. Mes sanglots la réveillent. Elle ne cherche pas à comprendre ce qui m'arrive. Je la soupçonne de savoir déjà la réponse. Elle m'attire dans ses bras et m'enlace, comme le ferait une mère réveillée en pleine nuit par les cris de son enfant cauchemardant. Je ferme les yeux et me laisse entraîner au paradis, serrant contre mon cœur cette fille qui a su me faire devenir celle que j'ai toujours rêvé d'être.
Alors, dans la nuit noire, là où je n'aurai pas dû être à cet instant, le destin reprend son cours. Je la regarde, même si je ne peux la voir. Je sais qu'elle m'observe aussi. Instinctivement, nos visages se rapprochent, et c'est dans cette explosion de sentiments et d'émotions que je m'aperçois que je détiens enfin la vérité. Je suis différente. Je suis moi. Je suis unique.
Ça s'est imposé à moi, je n'ai rien choisit. Mais j'emmerde tous ceux que ça dérange.
Vive l'amour, et qu'il triomphe de tous les préjugés.
Ce qui est fantastique avec toi, c'est que tu es toujours là.
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Un destin entre deux pages
Teen FictionIl y a des jours avec. Il y a des jours sans. Un paquet de jours sans même. Depuis que j'ai eu l'âge de comprendre la vérité, je n'ai plus jamais souri. Moi, c'est Jeny Lee. Et je vais mourir, qu'importe le moyen. Et ce n'est sûrement pas un livre q...