"Laissez la haine à ceux qui sont trop faibles pour aimer"
Martin Luther KingMa chérie,
Je comprends que tu ne désires pas me voir. Je conçois que, après tout ce temps, tu aies finis par tourner la page. Je suis un lâche, je le sais. Lorsque j'ai voulu revenir, tu étais toujours là. Mais tu avais cet enfant avec toi et j'étais persuadé que tu avais refais ta vie. Tu sais, la mission a duré plus de temps que prévu car nous avons étés pris en otage. J'ai pensé à toi chaque seconde. Ton rire, ton sourire m'ont permis de tenir. Au combat, mes camarades tombaient les uns après les autres. De faim, de froid ou à cause de la maladie. Je tenais uniquement grâce à toi. Pas un jour n'est passé sans que je n'aie pensé à ce que tu faisais, à ton inquiétude en entendant le nombre de pertes. Mais lorsque je suis revenu, j'ai cru que tu m'avais oublié, et j'ai choisis de me tapir dans l'ombre. Jusqu'à aujourd'hui. Je vous ai suivies jusqu'ici, et j'ai décidé de tenter de revenir. J'ai appris que tu as fait ton deuil, mais que tu ne t'es pas liée à quelqu'un. Alors, j'ai pris ma plume pour retenter ma chance.
Je sais bien que, après tant de temps, tu ne vas pas vouloir lire cette lettre, et qu'elle finira sans doute dans un tiroir. Je te connais, tu n'auras pas le cœur à la jeter. Pourquoi tant de temps avant de refaire surface ? Je te l'ai dit plus haut, parce que je pensais que tu étais a quelqu'un d'autre, et je refuse de faire quoi que ce soit qui puisse gâcher ton bonheur, en plus de toute l'inquiétude que je t'ai faite subir. J'ai enchaîné les missions, pour tenter de t'oublier. Mais, même quinze ans après, je n'y arrive toujours pas. Je t'en supplie, pardonnes moi. Et parle à Jeny. Elle a le droit de savoir la vérité.
PS : Voici une photo de nous, jeunes insouciants...
Avec tout mon amour,
YvanDes larmes roulent sur mes joues, sans que je sache d'où elles viennent. Je ne parviens pas à comprendre cette lettre, et pourtant je sais que je devrais. Il semble y avoir des choses qui ne m'ont pas été expliquées. Il va falloir que je demande à maman qui est ce Yvan. Quelqu'un que je suis censée connaître, apparemment. Mais j'ai beau chercher dans les moindres recoins de ma mémoire, ce prénom m'est totalement inconnu. Je n'arrive pas à faire le lien entre les différents aveux de cette lettre. Les mots se mélangent, et je sens que ça ne servira à rien que je m'échine à comprendre seule. Mais, comme maman ne semble pas avoir très envie de m'en parler, il va falloir ruser. Je referme la lettre et la repose au sol près de la porte, à l'endroit de la fente de la boite aux lettres.
Je m'installe sur le canapé pour chercher une émission intéressante, mais rien ne retient mon attention. Je suis fatiguée moralement. Sans m'en rendre vraiment compte, je ferme les yeux et glisse dans un sommeil léger, peuplé de souvenirs.
J'ai cinq ans. Aujourd'hui, nous avons fait des cadeaux pour nos papas à l'école. Une jolie boite dans laquelle on a glissé des pétales séchés qui sentent bon. Du ''pot pourri'', la maîtresse a dit. Lorsque je rentre à la maison, je l'offre à ma maman. Elle voit bien que je suis troublée, mais ne fait pas de commentaire. A table, je lui pose la question qui me brûle les lèvres. ''Maman, il est où papa ?'' (silence) ''Maman, pourquoi il est pas là papa ?'' "Mange ma chérie. Moi je vais étendre le linge." "Maman, pourquoi j'ai pas de papa ?'' "Je vais étendre le linge." ''Maman, pourquoi tu as fermé la porte ?''
J'ai huit ans. Peu d'amies, mais quelques unes quand même. Et beaucoup trop de gens qui se moquent. Parce que je n'aie pas de papa. Ils trouvent ça drôle. Moi je trouve qu'ils sont très méchant. J'y peux rien, moi. Ils me montrent du doigt en riant. Ça me fais pleurer. Mes copines viennent me consoler, mais ne disent rien à ceux qui m'embêtent. Le soir, je raconte tout à maman. Elle me conseille de les ignorer, tout en me berçant comme on le ferait pour un nourrisson. ''Là, là, ça va aller Jeny, ça va aller. Jeny... Jeny...
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Un destin entre deux pages
Novela JuvenilIl y a des jours avec. Il y a des jours sans. Un paquet de jours sans même. Depuis que j'ai eu l'âge de comprendre la vérité, je n'ai plus jamais souri. Moi, c'est Jeny Lee. Et je vais mourir, qu'importe le moyen. Et ce n'est sûrement pas un livre q...