Corridors

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S'il y a bien une chose que j'ai héritée de mon grand-père, c'est le rituel qu'il suivait à la lettre avant d'aller se coucher. Comme lui autrefois, le soir lorsque vient l'heure d'aller se coucher, je déambule dans mon couloir soigneusement éclairé, et je ferme toutes les portes. Une fois arrivé devant la porte de la chambre à coucher, j'allume la lumière, j'éteins dans le couloir, puis je ferme la porte de ma chambre.

Cela peut sembler normal pour une personne ayant peur du noir, cependant la raison en est toute autre. En effet, mon grand-père m'avait expliqué que tous les esprits, qu'ils soient farceurs ou vengeurs, étaient attirés par les longs couloirs. Est-ce qu'ils cherchent la lumière au fond du tunnel ? Ou est-ce dû à une raison particulière ? J'ai bien peur d'ignorer la réponse.

Voici ce dont se souvient ma mémoire concernant les mots employés par mon grand-père : « Le corridor est un lieu de passage, un peu comme le serait une autoroute de nos jours, vois-tu ? Ici, en revanche, dès que les lumières sont éteintes, l'autoroute est ouverte. Cependant ce lieu de passage pourrait vite devenir un lieu d'asile si l'esprit venait à se perdre, c'est pour cela qu'il faut bien fermer les portes, afin d'empêcher les esprits de s'égarer. Retiens bien ces quelques règles concernant les corridors, elles te sauveront peut-être la mise un jour :

- Si dans le corridor toutes les portes sont fermées, l'esprit continuera son chemin, puis disparaîtra. Son passage sera alors aussi vaporeux qu'un courant d'air ;
- Dans l'éventualité où une porte se trouverait entre-ouverte, un esprit curieux pourrait être intrigué. C'est assez rare cependant, le corridor étant bien plus tentant ;
- Si une porte est grande ouverte, l'esprit sera totalement déboussolé et il pourrait se tromper de voie, se mettant ainsi à hanter les lieux s'il ne parvient pas à rejoindre l'autre bout du corridor à temps; - Enfin, dès que la nuit tombe, un corridor plongé dans l'obscurité est susceptible d'accueillir en son sein n'importe quel esprit. »

Mes parents ont toujours pris les dires de grand-père comme des superstitions douteuses, comme des légendes urbaines même. Pourtant, moi, j'ai toujours cru mon grand-père, et cette croyance s'est d'autant plus renforcée depuis que l'on a appris sa mort.
Il était seul chez lui, couché sur le sol du salon, la porte menant au couloir grande ouverte.Mes parents veulent croire à la thèse du malaise cardiaque ? Grand bien leur fasse, moi je continuerai à fermer les portes.

Ainsi, si vous lisez cela de nuit, faites bien attention à ce que les portes de votre couloir soient bien fermées. Sinon, prenez garde en les fermant : il est peut-être déjà trop tard et vous risqueriez d'enfermer un esprit avec vous pour toujours. Qui sait ?

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