Chasseurs de fantômes

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Retranscription d’une histoire que mon meilleur ami Antoine m’a racontée plusieurs fois. Tout est identique à ce qu’il m’a dit, avec le plus de détails dont je puisse me souvenir.

Les évènements qu’il m’a décrits se sont produits dans les années 1991.

Je n’ai jamais cru aux fantômes, évidemment. Mais pour ma copine, c’était un autre délire. Alors, quand dans la maison y’a commencé à avoir des espèces de chuchotements, des grattements sur les murs et des portes qui se claquaient derrière nous sans courant d’air, elle a pété un câble. « Antoine ! Antoine ! Il faut qu’on fasse quelque chose ! » Moi, j’étais en mode « Mais Léa, je suis pas les ghostbusters, » et c’est là qu’elle a eu l’idée la plus foireuse de sa vie : elle a voulu appeler des « chasseurs de fantômes ». Bon, déjà je savais même pas que ça existait vraiment, mais au point où on en était (elle dormait plus la nuit), j’ai accepté. Puis c’est elle qui voulait payer donc j’allais pas me faire prier. 

On a appelé un espèce de secrétariat d’un groupe de mec qui se disaient « chasseurs d’esprits et de revenants » dans la ville d’à côté. Ils lui ont dit qu’ils venaient le mardi suivant, et qu’ils aimeraient bien qu’elle fasse des recherches sur la maison, en mode s'il y avait déjà eu un suicidé, des trucs comme ça. Moi j’aurais trouvé ça classe, mais après maintes recherches, le seul truc le plus proche de chez nous c’était un mec qui s’était fait écraser devant la baraque en 1984, ce qui est pas franchement très effrayant. En plus le mec s’appelait « Martin » et « La légende terrifiante du revenant Martin » ça craignait un peu. Donc pas de succès de ce côté-là, mais Léa insistait. 

Bref, ils sont arrivés assez tôt le matin et, après la présentation la plus pathétique que j’avais jamais vu (« NOUS SOMMES LES CHASSEURS DE FANTÔMES, enchantés ! ») les trois mecs à casquette ont commencé à chercher divers trucs un peu partout dans la maison avec des appareils que j’avais jamais vu qui faisaient bip bip. Non seulement après une heure de recherche ils avaient rien trouvé du tout, mais en plus les phénomènes que Léa et moi on vivait ne s’étaient pas produits. Bref, pas un gros succès, ce qui m’a franchement conforté dans l’idée que c’était des gros arnaqueurs. Dans l’idée de les faire partir pour que je puisse regarder la télé, j’ai commencé à discuter avec celui qui avait l’air d’être le leader de cette bande de dégénérés. Même s'il avait l’air sympa (mais quand même vachement bizarre), après discussion, je lui ai discrètement glissé l’idée qu’on était pressés, et qu’il fallait qu’ils partent. 

Ils ont ramassé leurs trucs et je les ai raccompagnés à la porte avec Léa. J’étais quand même un peu désolé d’avoir fait perdre du temps à ces pauvres gars, alors j’ai tenté de la jouer sympathique avec le leader. S’en est suivie la discussion la plus bizarre que j’ai jamais eue. 

- Et encore désolé hein, on était persuadés qu’il y avait vraiment des trucs.

- Pas de problèmes ! On a l’habitude des fausses alertes !

Il a fait le sourire le plus forcé que j’ai jamais vu, ce qui m’a conforté dans l’idée qu’on leur avait vraiment fait perdre leur temps. J’ai essayé de changer de sujet pour combler le malaise. 

- Vous n’avez pas eu trop de mal à vous garer ? Je n’ai pas vu votre camionnette dans la rue.

- Oh, nous n’en avons pas. Je déteste les voitures. 

Ils ont ricané entre eux, et s’en est suivi un autre silence bien gênant. Ils ont commencé à partir sans un regard pour nous. J’ai quand même essayé d’en savoir plus :

- Je peux vous demander votre nom ?

Il s’est retourné un bref instant, m’a regardé dans les yeux et m’a souri.

- Martin.

Avec Léa on a à peine eu le temps de se regarder sans rien comprendre que le téléphone a sonné. C’était le secrétariat des chasseurs de fantômes. Ils nous informaient qu’ils étaient désolé du retard, qu’il y avait des embouteillages sur la route, et qu’ils seraient là dans une petite heure. Quand on a regardé dans la rue, les trois "chasseurs de fantômes" avaient disparu.

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