La mort d'Internet

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« J'ai fait une erreur, une grosse erreur, le genre de bourde monumentale. Bientôt vous ne pourrez plus lire ça, vous ne me prendrez sûrement même pas au sérieux alors j'en profite pour me confesser, j'ai besoin de soulager ma conscience. Ce n'est plus qu'une question d'heures, de jours, voire de semaines, si l'on a de la chance. Je n'ai jamais été quelqu'un de prudent mais je ne pensais pas qu'un jour je pourrais être responsable d'une apocalypse moderne. Internet va mourir et tout ce qui y est lié, ça s'est infiltré dans les réseaux, se propageant comme épidémie, une véritable pandémie sans qu'on ne puisse faire quoi que ce soit. À ce point vous devez être un peu perdu alors je vais tout vous raconter, depuis le début. Ça risque d'être long, j'en suis désolée d'avance.

On était au début de l'été, vers la fin du mois de juin. J'avais dû me rendre avec des amies aux jardins du Carrousel du Louvre pour dessiner, il y a des statues dans le parc et un petit Arc de Triomphe. On avait également prévu de s'attarder dans la soirée avec un peu d'alcool et de quoi fumer pour bien terminer notre journée. Après la tombée de la nuit, le lieu devient un endroit de rencontre gay à la réputation plutôt glauque, aucune chance que trois filles aient envie de s'y attarder, et pourtant... On était plutôt dans un état second, l'alcool et la weed ayant fait leurs effets, il devait être dans les vingt-trois heures quand on a remballé nos affaires.

On n'était pas encore sorties du parc quand l'une de mes amies a trébuché et est tombée au sol. Je me suis penchée pour l'aider à se relever tout en prenant appui sur le petit muret en béton qui était à côté de moi. Au moment de me redresser la lumière nocturne a créé un éclat métallique sur quelque chose dans le mur. Intriguée, j'ai examiné le béton avec attention pour remarquer qu'une clé USB avait été placée là. Comprenez-moi, ce truc avait un côté totalement what the fuck et j'étais assez euphorique, mes amies étaient intriguées aussi. Sortir mon petit pc portable de mon sac m'a paru être une idée brillante, à aucun moment je n'ai pris conscience des risques que je prenais. Je l'ai rapidement allumé et, après quelques gestes maladroits, j'ai réussi à brancher la clé dessus.

La version gratuite de mon antivirus est restée silencieuse et la fenêtre de transfert s'est ouverte normalement, un seul dossier nommé « Music » était présent. Sans réfléchir plus que ça, je l'ai copié sur mon bureau sous les encouragements de mes amies, puis j'ai rangé mon pc. On est parti dans un bar pour prendre un dernier verre, vous savez, le genre de dernier verre qui s'éternise, et on a un peu oublié ça.

Le lendemain après-midi, quand j'ai fini par émerger et rallumer mon pc, je suis tombée sur le dossier de la veille. Poussée par la curiosité, je l'ai ouvert, le titre était conforme au contenu et cinq pistes musicales, nommées par les cinq premières lettres de l'alphabet étaient présentes. J'ai lancé la première tout en ouvrant Twitter pour mon stalkage quotidien. Par flemme de lancer iTunes, j'ai écouté le reste des musiques, des paroles en anglais, un style un peu rock, c'était plutôt sympa, pas au point que j'utilise Shazam pour en savoir plus, mais cool quand même.

Intriguée tout de même par cette clé USB, j'ai lancé une recherche sur Google, mes mots-clés "clés USB mur Paris" étaient un peu bateaux mais m'ont permis de comprendre dès le premier lien. Le projet était nommé Dead Drops et consistait à cacher des clés USB dans l'espace publique pour échanger du contenu de manière anonyme. Une idée plutôt originale, surtout que le contenu que j'avais découvert était sympa. Je suis même tombée sur un site recensant les différentes localisations des clés à travers le monde.

J'ai raconté ma trouvaille à mes amies, puis on est passées à autre chose. Les jours se sont écoulés tranquillement et ne nécessitent pas d'être narré.

Je viens de vous raconter ma première erreur, j'ai commis la seconde quand j'ai ajouté la musique sur mes différentes playlists et sur mon cloud afin de pouvoir l'écouter un peu partout. Ma troisième erreur est arrivée au milieu du mois de juillet.

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