Chapitre Deux

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Vingt-cinq Août 1986,

Banlieue de Phoenix,

22h10.

Apollon savait où trouver Hécate. Ou tout du moins, comment la contacter. En effet, la Déesse de la Magie aimait beaucoup traîner dans les bars quelque peu douteux, où toutes sortes de gens, principalement attirés par tout un univers fantastique et emprunt de Magie Noire, se retrouvaient quotidiennement, de préférence après le coucher du soleil, pour échanger les dernières nouvelles. Le Dieu du Soleil trouvait ce passe-temps quelque peu étrange, voire morbide, et s'était souvent demandé si le Conseil des Olympiens ne ferait pas mieux de l'interdire mais au fond de lui, quelque chose lui disait que ce n'était pas une bonne idée : Hécate n'était peut-être pas une Olympienne, mais cela ne l'empêchait pas d'être puissante. Ses pouvoirs pouvaient faire des ravages, même chez les plus puissants d'entre eux. Et Apollon n'avait guère envie de finir en sushi.

« Nous y voilà ... 436, Bakers Street. »

Avec un soupir qui témoignait de sa réticence à se rendre dans ce genre d'endroit, Apollon s'arrêta devant l'établissement et l'observa. La façade en briques rouges du « Obscurus Chimney » était aussi lugubre que l'univers qui régnait entre les murs : non nettoyée depuis un sacré bout de temps, elle était désormais recouverte d'une étrange substance noire et plusieurs briques manquaient à l'appel, laissant apparaître quelques trous dans lesquels les rats aimaient certainement s'infiltrer. La toiture n'avait pas bonne mine non plus, la majorité étant couverte d'une mousse verdâtre. L'unique fenêtre donnant sur la rue était condamnée par une planche en bois. Était-elle là parce que la vitre avait été brisée ou simplement pour rendre l'endroit encore plus sombre et malsain ? Le Dieu n'aurait pu le dire. Pour compléter le tableau, l'écriteau annonçant le nom de l'établissement pendait tristement, manquant de tomber sur la tête d'un passant au moindre coup de vent.

« Eh bien, voilà qui donne envie ... », pensa Apollon avec une grimace.

L'envie de faire demi-tour et d'aller se réfugier dans l'un de ces restaurants luxueux dont il avait l'habitude se fit soudainement ressentir mais le Dieu du Soleil essaya de se ressaisir et de rassembler tout son courage : après tout, c'était pour une bonne cause. S'il renonçait à prendre contact avec la Déesse et retournait là d'où il venait, il n'aurait jamais l'existence tranquille qui l'avait poussé à contrarier son père. Pas de jolies filles, pas de virées en voitures luxueuses ni de tir à l'arc en plein centre-ville ... et un Hermy qui lui dicterait quotidiennement ses moindres faits et gestes.

Cette dernière pensée le fit frissonner. Non, pour une fois dans sa vie, l'Olympien avait envie d'un peu de liberté. Il était donc hors de question que ce séjour soit gâché par son trop sérieux de meilleur ami.

Ce fut donc avec une nouvelle détermination que le Dieu du Soleil franchit le seuil de l'Obscurus Chimney, le cœur battant tout de même un peu plus vite que d'ordinaire.

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Trente Décembre 1982,

Quelque part près de Long Island,

20h25.

La neige avait cessé de tomber. Le vent s'était calmé. Au centre de la clairière un immense feu crépitait, réchauffant ainsi les visages fermés des trois camarades. Aucun d'eux n'en était l'auteur et aucun d'eux ne savait comment il était apparu. Il était là, c'était tout. Autant en profiter. Cette idée avait d'abord froissé Hugo Walters qui, avec des mots et des gestes assez violents, avait tenté de dissuader ses camarades de s'y approcher. Cela ne pouvait être qu'un guet-apens. Un guet-apens organisé par un monstre très intelligent et assoiffé de sang. Mais ses essais de persuasion ne fonctionnant pas, et la fatigue et le froid aidant, le fils d'Arès avait fini par rejoindre Benjamin et Ambre, avançant lentement comme pour s'assurer que les deux jeunes gens, déjà installés près du feu, ne se faisaient pas soudainement attaquer par un monstre ou une bête quelconque.

Par Zeus !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant