Chapitre cinq

51 2 0
                                    

Chapitre cinq :

02 Septembre 1986,

Cantine scolaire,

Lycée Privé de Phoenix,

12h25.

« Ce n'est pas parce que tu vas le fixer toute la journée avec ce regard meurtrier qu'il va disparaître, tu sais ... », s'exclama Jade

Pour toute réponse, Ambre laissa échapper un grognement. Cela faisait maintenant une semaine que la jeune fille devait se coltiner Hermès et Apollon au quotidien et la situation s'avérait être pire que ce qu'elle avait auparavant imaginé. Non seulement le Dieu du Soleil était narcissique, mais il ne pouvait s'empêcher de faire constamment des remarques sur l'attitude et les choix d'Ambre et de Matthew. La jeune blonde avait l'impression qu'il considérait les mortels comme des êtres extrêmement inférieurs à lui et qu'il cherchait à tout prix à le faire savoir par ses remarques cinglantes et ses regards méprisants envers elle et son frère.

Mais le pire dans tout cela, c'était Hermès. Ambre ne savait pas à quel jeu le Dieu des Voyageurs s'adonnait mais son attitude commençait réellement à l'ennuyer : agissait-il aussi gentiment avec eux parce qu'il avait tout simplement peur que Matthew et elle ne l'aident pas à calmer Apollon si ce dernier se mettait en tête de mettre s'en dessus dessous le monde des mortels ou était-il réellement sincère ? Les Dieux pouvaient-ils l'être ? Pourquoi cherchait-il autant à parler à la jeune fille ? N'avait-elle pas été assez claire sur ses sentiments envers les Olympiens ? Aucune bonne relation n'était possible. Pas même le moindre petit soupçon de sympathie. Pas même pour faciliter la mission du Dieu vis à vis d'Apollon.

« C'est dégoûtant ... », maugréa Hugo Walters, en regardant d'un air profondément contrarié le bout de viande

qui se tenait au bout de sa fourchette.

« Moi, je trouve ça plutôt pas mal. », rétorqua Samantha Connors, avec un léger haussement d'épaules.

« En même temps, quand on voit ton style vestimentaire, on ne peut pas dire que tu aies bon goût. »

« Hugo !, s'écria Lisa, outrée, alors que Samantha baissait la tête, comme honteuse. Arrête, enfin ! Samantha est notre amie ! »

« Samantha est juste un vieil animal estropié et rejeté qui t'a fait pitié ! Amie, tu dis ? Vous n'avez pas l'air d'avoir de grandes discussions ni de points communs, pourtant. Tout ce qu'elle fait, c'est nous suivre tout au long de la journée comme un vieux chien-chien collant et monstrueusement bien éduqué ! »

Ambre ne pouvait dire qui, de Lisa ou de Hugo, était le plus énervé. Les deux jeunes gens se tenaient désormais debout et se faisaient face, se jetant mutuellement des regards meurtriers. À côté d'eux, Jade, Matthew et Ambre, assis à leur place respective, regardaient cet affrontement avec un mélange d'inquiétude et de profonde lassitude : les disputes entre la fille d'Aphrodite et le fils d'Arès étaient plus que fréquentes et les trois adolescents ne préféraient pas s'en mêler. Ils préféreraient même totalement les ignorer si fermer les yeux sur cela ne s'avérait pas aussi dangereux : Hugo s'était déjà montré assez violent et il était hors de question de le laisser blesser Lisa d'une quelconque façon. Le mieux à faire, était donc d'attendre que la tempête se calme, tout en étant à l'affût du moindre glissement de terrain.

Fière de l'expression qu'elle venait de trouver, Ambre ne put retenir un léger sourire avant de jeter un coup d'oeil plein de compassion à Samantha, qui regardait toujours aussi fixement son assiette, le dos légèrement courbé.

Samantha était arrivée cette année au lycée et le hasard avait fait qu'elle soit dans la même classe qu'Ambre et ses amis. Son look quelque peu particulier – un mélange entre le look gothique et les années 30 – ainsi que sa manière de s'exprimer assez familière, avaient pour effet que la jeune fille était souvent perçue comme un être étrange et non-approchable par la majorité de ses camarades. Seule Lisa avait eu l'audace de s'approcher et de lui parler lors de la rentrée des classes, provoquant des hoquets de surprise chez les élèves les plus populaires. Mais la fille d'Aphrodite n'en avait que faire. Ou plutôt, leur groupe d'amis – mis à part Hugo, qui s'occupait un peu trop de sa réputation au goût d'Ambre – s'en fichait. Car, après tout, tous les cinq étaient loin d'être célèbres et adulés au sein du lycée : fréquemment évités, toujours regardés avec suspicion, le groupe était dit doté d'une aura bizarre, peu sympathique. Une rumeur affirmait même qu'il se passait régulièrement des choses étranges et inexplicables en leur présence. Une idée pas tellement fausse que cela et que les jeunes gens n'avaient jamais cherché à démentir : moins il y avait de monde qui gravitait autour d'eux, plus ils pouvaient respirer : devoir cacher sa vraie nature et faire attention à ne pas user de se aptitudes lors des heures de classe était déjà sacrément difficile, ils ne se voyaient pas avoir une connaissance 100 % mortelle et devoir ainsi faire cet effort de discrétion au quotidien, les week-ends et lors des soirées entre amis. Ce serait beaucoup trop.

Par Zeus !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant