Chapitre trois

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Premier Janvier 1982,

Quelque part près de Long Island,

10h02.

Lorsque Ambre ouvrit les yeux ce jour-là, le ciel était plus dégagé que la vieille et l'atmosphère semblait s'être réchauffée de quelques degrés. Le vent et la neige s'étaient arrêtés. Bref, toutes les conditions semblaient être réunies pour que la fin de leur voyage ne s'annonce pas trop difficile.

« Ah, t'es enfin réveillée !, s'exclama une voix désagréable à côté d'elle. Il était temps ! On devrait être partis depuis plus d'une heure ! »

Surprise, et nullement enthousiasmée de retrouver Hugo, la jeune fille se redressa et, se frottant les yeux, s'exclama, légèrement sur la défensive :

« Vous auriez pu me réveiller ! »

« Dis ça à ton petit copain !, s'exclama le fils d'Arès alors que sa bouche se tordait en un rictus contrarié. Si ça n'avait tenu qu'à moi, il y a longtemps que tu aurais reçu un bon coup dans le ventre ! Mais Monsieur le Bisounours n'a pas voulu. On va devoir se taper une journée de marche supplémentaire à cause de vous ! »

« Si on te dérange à ce point, Walters, pourquoi ne pars-tu pas de ton côté ?, demanda Benjamin White qui venait de revenir dans la clairière, les bras chargés de branchages. Après tout, moi aussi je connais le chemin de la colonie. Nous n'avons donc pas besoin de toi. »

« Pas besoin de moi ? »

Le ton d'Hugo était à la fois contrarié et plein d'ironie.

« Tu parles sérieusement, White ? Qui vous a sauvé la vie plusieurs fois depuis plus d'une semaine ? Qui a toujours eu les meilleures idées ? C'est moi, je vous si... »

« Les meilleures idées ?, Ambre se leva précipitamment et fit face à Hugo, qui la dominait de toute sa hauteur. Les meilleures idées ? Tu as failli nous faire tuer plusieurs fois ! »

« Moi ? Moi j'ai failli vous faire tuer plusieurs fois ? Tu rigoles là ? Qui ne sait absolument pas se battre mais passe son temps à chercher les ennuis ? Il me semble que ... »

« Héros ! », cria soudainement une voix masculine

Surpris, les trois demi-dieux sursautèrent et leur colère s'évanouit aussitôt, laissant place à une certaine angoisse. La main sur leurs différentes armes, ils mirent plusieurs minutes à se retourner vers leur nouvel interlocuteur, la crainte d'être confrontés de nouveau à un monstre leur tiraillant le ventre : la fatigue les consumait lentement et nos trois héros se savaient tout bonnement incapables de mener un énième combat.

« HEROS ! », réitéra le nouveau venu d'une voix forte.

Cette fois-ci, les demi-dieux furent parcourus de frissons. Plus qu'une réprimande, c'était un ordre. Leur mystérieux interlocuteur attendait d'eux qu'ils se retournent immédiatement, la menace nettement audible dans le cri qu'il venait de pousser. Lentement mais sûrement, et de mauvaise grâce, nos trois héros se retournèrent.

Devant eux, se tenait un homme imposant, légèrement voûté et à la barbe broussailleuse. Son visage difforme et enflé était orné d'une moustache d'où s'échappaient quelques étincelles. Les jambes trop fines pour supporter son corps, il s'appuyait tant bien que mal sur une paire de béquilles et observait nos trois demi-dieux d'un œil sévère et impatient, comme-ci il s'était s'agit de trois ouvriers particulièrement dissipés.

« J'espère que vous avez bien profité du feu., s'exclama-t-il après quelques instants de silence, d'une voix particulièrement rauque. Vous n'en aurez plus l'occasion avant longtemps. »

Par Zeus !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant