Chapitre six

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Chapitre six : « A la différence que, cette fois, ce n'était pas étrangler le Dieu des Messagers qui lui importait mais une chose bien plus macabre et violente : lui arracher la tête. »

Janvier 1982,

Dans une forge,

Certainement aux alentours de midi.

De ce qu'il pouvait en déduire des activités et de l'emploi du temps du Dieu, Matthew Jones était dans cette forge depuis maintenant trois jours.

Trois longs jours. Il s'était écoulé trois longs jours depuis que le Dieu des Forges l'avait enlevé en plein New York sans qu'aucun mortel ne s'aperçoive de quelque chose. Trois longs jours depuis qu'il avait vu Héphaïstos dans un état d'euphorie intense à l'idée de piéger Ambre et ses amis. Trois longs jours qu'il voyait le Dieu s'activer comme un fou. Trois longs jours qu'il flippait comme un malade et imaginait les pires scénarios.

Héphaïstos était-il devenu fou ? C'était, du moins, ce que le jeune homme supposait. Oui, le Dieu des Forges avait pété une durite, il ne pouvait en être autrement. Sinon, comment expliquer le fait qu'Héphaïstos semblait être dans une sorte de transe ? Comment expliquer le fait qu'il passait ses journées à fabriquer des pièges plus terrifiants et dangereux les uns que les autres tout en marmonnant « Je vais les avoir, je les aurais. Je vais les tuer. » toutes les deux secondes ?

Dans son imaginaire, Matthew avait toujours imaginé le Dieu des Forges comme un être extrêmement introverti qui passait son temps à créer des machines et à imaginer des pièges assez drôles pour piéger Aphrodite avec son amant. Pas comme un tueur en série psychopathe prêt à réduire l'Humanité à néant. Et pourtant, c'était ce à quoi ressemblait étrangement Héphaïstos en ce moment-même. A un tueur psychopathe doublé d'un savant fou.

« Pourquoi vous faites ça ? Pourquoi vous voulez tuer Ambre et Ben ? ». C'était la question qui hantait Matthew et celle qu'il posait à chaque fois que le Dieu lui enlevait le tissu qu'il avait dans la bouche pour lui donner à manger à la cuillère ou pour lui donner à boire. Mais, à chaque fois le fils d'Iris se retrouvait confronté à un long silence de la part de son interlocuteur. Un long silence associé à un long regard meurtrier.

« Tiens, avale ça. »

D'un geste des plus brutaux, Héphaïstos arracha le tissu de la bouche du fils d'Iris, ramenant celui-ci à la réalité. Les cheveux hirsutes et dégageant encore plus d'étincelles qu'à l'accoutumée, le Dieu des Forges ne s'était toujours pas départi de la lueur de folie qui ne cessait de grandir dans son regard et avait les habits maculés d'huile de moteur, résultat de ses activités du jour. L'air passablement agacé, il maintenait une cuillère au niveau de la bouche de Matthew, attendant certainement que celui-ci veuille bien en avaler le contenu.

« Heu ... Qu'est-ce que c'est ? », demanda le jeune homme après une seconde d'hésitation.

Le liquide sombre aux reflets bordeaux et à l'odeur nauséabonde que le Dieu lui présentait ne ressemblait à rien à ce qu'il avait avalé au cours des jours précédents et ne lui donnait pas vraiment envie d'y goûter. La seule idée que son ravisseur ait soudainement décidé de l'empoisonner nouait sa gorge et retournait son estomac.

« Quelque chose qui va te remettre d'aplomb. Tu es de plus en plus pâle. Tu as besoin de reprendre des forces. »

Mais quelque chose dans les propos du Dieu sonnait faux. Matthew en était sûr. Il avait toujours eu un sixième sens pour cela. Depuis son plus jeune âge, il était capable d'identifier formellement tous ceux qui lui mentaient. Et son instinct lui disait que le Dieu était en train de le faire.

Par Zeus !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant